Politique

23 Décembre 2018 : LE PROCESSUS ELECTORAL EST-IL EN DANGER ?

Depuis quelques jours des manœuvres de nuit, la politique obscure que l’on dit réelle se met en place, les analystes les plus rompus aux stratégies échangent des idées sur ce qu’il convient de faire pour les jours qui viennent. On croit savoir que les calculs politiques sont remontés à la surface pour donner de la hauteur à des ambitions bassement égoïstes et les hommes politiques par essence mobilisés pour défendre des intérêts personnels sont déjà partis pour une autre négociation car adversaires ou pas,  ils ont des raisons de repousser les élections de décembre. Mais comment peuvent-ils réussir cette prouesse à moins de se mettre à dos une population totalement décidée à prendre son destin en mains en choisissant ses dirigeants. Une population qui a fait de la tenue des élections un horizon de changement par rapport à ses conditions de plus en plus difficiles. Deux thèses sont développées à savoir qu’il sera prématuré de faire les élections avec une classe politique qui sait que le vote sera un vote sanction. Et ceux qui pensent qu’ils sont attendus par le peuple, il faudra avoir le temps de discuter, de réunir les moyens et de faire le tour de ce même peuple pour lui donner les arguments de vote. Cette tactique qui veut se faire aura difficile à passer dans un contexte de forte rupture de confiance entre la classe politique et les masses populaires, sans tenir compte du jeu désormais très prégnant de la société civile qui ne peut accepter un autre report alors qu’elle en fait un fond d’activisme militant. Comment réaliser un tel report sans s’exposer à une critique d’une forme de holdup démocratique ?

Les hommes politiques sont en tractation et il leur faudrait une argumentation de haut vol pour ne pas provoquer le chaos, car en lisière de la République lorgnent les groupes armées qui n’attendent qu’une occasion pour déverser leurs hordes méchantes chargées de dépecer le pays. La seule chose qui le freine c’est la grande inclinaison du pays au schéma démocratique et non violent, le peuple a goûté aux élections et n’acceptera pas que l’on lui confisque son droit et ses privilèges de liberté politique. L’Eglise catholique au travers de la Cenco qui a parrainé les dernières négociations de la Saint-sylvestre ne verra pas d’un bon œil un énième report surtout que celui-ci aura difficile à s’inscrire dans un argumentaire objectif. La communauté internationale dans sa diatribe devenue quotidienne contre les autorités congolaises, va certainement atteindre des niveaux hystériques de critique et va se donner le droit d’accéder à des panels de sanctions inédites.

Et la Ceni dans tout ça ? A moins de lui donner ouvertement la raison financière en disant que le Gouvernement n’a plus de moyen de financement, la Centrale électorale est une machine lancée vers un objectif et elle travaille pour cela. Si les politiques imposent un autre délai au-delà du 23 décembre 2018 , cette mesure implique ipso facto la disqualification de la Ceni et la mise en place d’une autre équipe, chose dangereuse car il faudrait plus de temps encore pour mettre en place une telle procédure après avoir traversé plusieurs étapes comme la mise en place du fichier électoral, le calendrier et à la veille de la date du début de dépôt des candidatures. Il arrive un moment qu’il faut se rendre à l’évidence et passer à autre chose.

Si par principe il est bien de soutenir tout dialogue qui permet un large consensus, il est aussi illusoire de prolonger indéfiniment cette période sans prendre en compte les bornes qu’imposent le bon sens et la patience des peuples. Les politiques congolais, s’ils ne veulent pas mettre le processus en danger, doivent chercher et trouver le consensus dans le délai qui va d’aujourd’hui à la date du 23 décembre 2018. Le pays est à un tournant qu’il ne peut se permettre de mal le négocier car cette classe politique perdra le contrôle des évènements comme c’est fut en 1997 quand le pouvoir et son opposition furent balayés par un troisième acteur.

                                                                                      Adam Mwena Meji

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