Politique

25 ans depuis son martyr : Vital Kamerhe se souvient de Monseigneur Christophe Munzihirwa

A l’occasion des 25 ans depuis la mort de monseigneur Christophe Munzihirwa, en octobre 1996, une intense activité fut organisée pendant trois jours au sein du collège Boboto à l’initiative de l’archidiocèse de Bukavu, de l’Université de Bukavu, de l’Université Loyola du Congo et de la fraternité Christophe Munzihirwa. Pendant quatre jours des manifestations diverses furent organisées et des personnalités de divers horizons furent invitées pour reconstruire, l’espace de quelques jours, l’immense personnage que fut cet homme de Dieu dont le courage et le martyr sont une route pour les générations d’aujourd’hui et de demain.

Ne pouvant s’y rendre pour des raisons évidentes, Vital Kamerhe n’a pas voulu rater l’occasion de contribuer à cet effort de renforcement de la mémoire collective.
C’est ainsi que le président de l UNC s’est souvenu d’être parmi les rares politiques qui ont écrit sur ce grand héros. Notre rédaction est tombée par le heureux de hasard sur ce témoignage et se fait le devoir de le publier tant la force de conviction et la parole usitée sont des morceaux tirés du fleuve de la perfection.

Vital Kamerhe écrit qu’au mois d’octobre il aime méditer car c’est un mois qui appelle les congolais à se réveiller et à prendre conscience qu’il n’existe pas de hasard, sinon celui-ci est l’autre nom que Dieu prend s’il veut voyager anonyme parmi les hommes.
En effet, comment comprendre s’interroge-t-il, qu au mois d’octobre, des événements dont la similitude dans la douleur se soient produits ? Tenez, le mardi 29 octobre 1996 tombait sur le champ de bataille monseigneur Munzihirwa à Bukavu et que le 04 octobre 2000, quatre ans après, s s’éteignait à Rome un autre géant: Monseigneur Kataliko. Toujours au mois d’octobre, cette fois-ci le 9 octobre 2005, un autre évêque est parti : monseigneur Charles Mboga. Tous ces hommes de Dieu, s’est avoué Vital Kamerhe dans ses écrits, ont eu des ministères épiscopaux très courts certes, mais totalement destinés à des plaidoyers en faveur des droits de Dieu bafoués par une culture de la mort instaurée par une logique de guerre qui depuis 1994, a fait du Congo le dépotoir des conflits ethnico-politiques des pays voisins et dont les plus petits ont payé un lourd tribut. Toujours dans le même document, Kamerhe affirme qu’en pleine guerre, alors que l’autorité politisée a été éclipsée, l’unique voix des opprimés et des sans voix qui se faisait entendre était celle du héros Munzihirwa. On dirait, précise l’auteur, qu’il avait fait un vœu privé et résolu de combattant pro-Dieu et pro- Homme. Alors que dans les cœurs de plusieurs il y avait plus de place pour les choses que pour l’homme, lui il a résolu de garder dans son cœur paternel plus de place pour les personnes, image de Dieu. Pour prouver cette affirmation, Vital Kamerhe évoque le fait que le prélat, sans craindre pour sa propre vie, s’était organisé en bon berger, à des actes discrets, mais de haute portée, en sauvant de la mort des tutsis menacés en les conduisant jusqu’au Rwanda, à prêcher aux médias et à l’Église les valeurs nationalistes et humaines de l’amour du prochain, de
l’amour de la patrie, du respect de la vie humaine et à dénoncer l’avilissement de l’homme par des stratégies d d’interposition.

Cette force de personnalité, affirme Vital Kamerhe, va se manifester de manière prophétique dans l’un de ses écrits où, paraphrasant monseigneur Romero, il avait dit qu » ils peuvent me tuer, ils ne peuvent pas tuer la vérité ». Sa vie, témoigne le président de l’UNC, a laissé des marques indélébiles dans les esprits. Cette vie, renchérit-il, devrait inspirer tout congolais qui aime Dieu et qui aime l’homme, de même que tout politicien qui s’adonne à la politique.

Comment ne pas voir dans les actes posés par son successeur une foi en la
continuité du combat s’interroge l’ancien président de l’Assemblée nationale, quand, à son avènement, monseigneur Kataliko, le 18 mai 1997, a amené ses collègues à la tombe de Munzihirwa ? A mon sens, déclare vital Kamerhe, comme l’autre, il
insinuait par ce geste que l’amour des valeurs supérieures que défendait Munzihirwa le pressait et que comme lui, il ne sacrifierait pas à quelque prix que ce soit, des valeurs ontologiques , humaines, morales et spirituelles, ciment de la vie de toute société qui se veut durable.

Dans un contexte de tentative d’écrasement du plus petit par le plus fort, écrit vital Kamerhe, Kataliko, homme simple et humble plongeait ainsi son doigt dans une plaie béante à Noël 1999. Le pouvoir temporel de l’époque de la résistance à Dieu et a ses hommes cherchait alors un motif pour faire taire la voix des sans voix. Son exil, affirme l l’auteur, le 12/02/2000 sera la grande récompense à l’homme dont le travail épiscopal à la suite de Munzihirwa aurait été de dénoncer l’injustice de grands, l l’écrasement des petits, la condamnation de la guerre et ses corollaires. Il revient aux hommes politiques qui sont en compétition de savoir que le sang des martyrs est une référence à défendre la vérité et qu’en toute circonstance, il est impérieux de retrouver la voix de l’intérêt du grand nombre.

Ce texte de Vital Kamerhe écrit déjà il y a quelques temps transpire une si grande actualité qu’il demande de figurer parmi les phares sur
l’océan de l’ambition nationale.

Adam Mwena Manda

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