Politique

36 milliards USD requis pour financer le Programme du Gouvernement / Sama Lukonde :  » La tâche sera gigantesque, mais la volonté l’est tout autant.  »

Pandémie de Covid-19, insécurité à l’Est, conflits communautaires, absence de l’autorité de l’État dans certains coins et recoins de la République, climat des affaires et des investissements malsain, révision du Code minier, coulage des recettes publiques, baisse de la desserte en eau potable, délestages sévères, infrastructures en piteux état, frontières poreuses, administration publique vieillissante et non informatisée, économie non diversifiée, extravertie et tributaire des matières premières, balance commerciale déficitaire, population non identifiée, détournements des deniers publics dans certaines administrations, diplomates impayés depuis des lustres. Cette liste n’est pas exhaustive. C’est dans ce contexte que le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a présenté, lundi 26 avril 2021, à l’Assemblée nationale, son Programme enrichi de Gouvernement afin d’obtenir le vote d’approbation, puis l’investiture de l’Exécutif national. Le coût global du Programme enrichi du Gouvernement pour la période 2021-2023 se chiffre à l’équivalent en dollars américains de 36 milliards, soit un coût annuel moyen de 12 milliards USD en linéaire. Cependant, son financement global sur les trois ans accuse un gap de 14 milliards USD. D’où vient le gap ? Et où trouvera-t-il cet argent ?

Selon le successeur de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, ce déficit résulte de la différence entre le coût total du Programme et le financement prévu de 22 milliards USD sur cette période, tel que dégagé dans le Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT), élaboré par le Comité interministériel qui réunit des experts du Budget, du Plan, des Finances et de la Banque Centrale du Congo (BCC)  ».

L’objectif poursuivi est de porter le budget annuel de l’Etat à une moyenne de 12 milliards jusqu’en 2023. Mais, pour l’exercice en cours, a poursuivi Sama Lukonde, étant donné que le Budget déjà promulgué s’élève à 6,6 milliards USD, la réalisation des objectifs d’accroissement des recettes et les exigences liées à la cohérence et à la conformité de la Loi relative aux finances publiques conduiront à terme à l’élaboration d’une Loi de finances rectificative.

Le financement du gap s’opèrera grâce aux mesures d’accroissement des recettes renforcées par la meilleure perspective de la conjoncture économique qui ramène la croissance à 0.8% en 2020, sur base des réalisations à fin septembre de la même année, contre des prévisions initiales à fin 2020 de -1.7 %. Cette amélioration des prévisions conjoncturelles pour 2021 est notamment liée à la hausse des prix du cuivre, de l’étain et du cobat actuellement enregistrée sur le marché mondial.

Pour réduire davantage le gap, le PM Sama s’est proposé de : 1) Prendre en compte quelques recettes additionnelles que son Gouvernement a déjà identifié non prises en compte dans l’exercice budgétaire 2021 (Redressements fiscaux initiés dans le secteur minier en phase d’aboutissement ; la redistribution de certains blocs pétroliers pour 1,3 milliards sur deux ans ; le reliquat sur le Contrat Chinois, soit 2 milliards USD sur trois ans ; l’appui budgetaire attendu dans le cadre de la conclusion du programme avec le Fonds Monétaire InternationaI, 1,6 milliards USD sur trois ans ; l’engagement de la Banque Mondiale sur l’appui à la gratuité de l’enseignement primaire, reliquat de 800 millions USD sur deux ans ; 2) Mettre en œuvre des réformes à impact immédiat et susceptible de générer des ressources additionnelles et d’améliorer la performance des régies financières (DGI, DGDA et DGRAD) dans la mobilisation des recettes publiques ; 3) Recourir aux financements innovants par le truchement des secteurs les plus mondialisés : secteur privé, transports aérien et maritime, marchés financiers (Partenariat Public-Privé, Euro-bonds, Bons du trésor…) ; et enfin, 4) Utiliser certains comptes spéciaux dont les activités participeront à la réalisation du Programme gouvernemental principalement en ce qui concerne le pilier 8 relatif à la modernisation des infrastructures de bases et à ľaménagement du territoire national. Pour ce faire, l’effort du Gouvernement portera sur l’assainissement et la rationalisation des dépenses publiques.

A cet égard, le Gouvernement, a dit le Premier ministre Jean-Michel Sama, s’engage à améliorer l’efficacité des dépenses publiques, faire respecter les procédures en matière de dépenses publiques, afin de dégager d’importantes économies budgétaires qui seront affectées à certains piliers du programme d’actions du Gouvernement.

La tâche sera gigantesque, a reconnu Sama Lukonde, mais la volonté des  » warriors  » l’est tout autant. Face aux nombreux défis énumérés ci-dessus, la tentation au pessimisme peut s’exercer sur certains d’entre les Congolais mais il y a dans chaque Compatriote un instinct de grandeur et de patriotisme qui forge en lui l’espérance d’un sursaut national et d’un changement inexorable.

 » L’optimisme et la confiance doivent accompagner chacun de nos pas. Oui, il est possible de remettre la RDC sur le rail du progrès économique et social  », foi du Premier ministre de la RDC.

Dieudonné Buanali

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