Economie

4 personnes sont mortes dans une mine au Sud-Kivu : Kamituga, le drame de trop

Quatre creuseurs ont trouvé la mort mardi dernier dans les carrières d’or à Kamituga, dans le Sud-Kivu. Située à 160 Km de Bukavu, la ville de Kamituga, de 260 000 âmes, est devenue le symbole d’un secteur qui part en vrille, en ce qui concerne le volet travail artisanal dans les mines. C’est aussi le point de vue du président de la société civile du territoire de Mwenga et la ville de Kamituga, Mukamba Mwanga. Cité par nos confrères d’actualités.cd, cet homme charge les services de l’Etat des mines de ne pas s’occuper des conditions de travail dans le secteur. « Il y a beaucoup de morts parmi les creuseurs, premièrement parce que le code minier n’est pas respecté, deuxièmement, à part la perception des taxes, les services de l’État chargés des affaires minières ne songent pas à l’encadrement des creuseurs en les formant sur les dangers de leurs travaux. Mais aussi les creuseurs négligent les leçons sur le travail de l’or qui leur ont été apprises par les coopératives », a dénoncé cet acteur de la société civile.

Selon les confrères du site d’information (déjà cité), depuis le début du mois de mars, le décompte macabre est déjà à 12 victimes. On se rappelle aussi qu’au mois de septembre 2020, près de 50 personnes avaient péri dans un éboulement de terre, toujours à Kamituga, plongeant la ville dans un émoi incroyable.
Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un glissement de terre, mais plutôt d’une panne de moteur, lequel fournissait de l’oxygène aux creuseurs. Asphyxiés, ils sont morts du fait du manque d’oxygène. On le voit bien, le premier cas des décès est dû à l’éboulement des terres et dans le deuxième cas, la mort est arrivée suite à une panne technique. Mais, le constat est le même : le travail de creuseurs artisanaux est peu encadré. Le constat de manque de suivi sérieux peut être fait même dans les mines du Lualaba, où l’on enregistre également des morts parmi les travailleurs artisanaux des mines.

Au lendemain de la mort des miniers de Kamituga, en septembre 2020, une réunion d’urgence avait été convoquée par le ministre des Mines, Willy Kitobo. La réunion avait cru trouver l’origine du mal: il s’agissait d’un besoin urgent de créer encore plus des zones d’exploitation artisanale afin de permettre les creuseurs artisanaux de trouver un espace de travail. Cette création devient donc une urgence qui doit être suivie d’un bon encadrement à travers toutes les provinces minières du pays.

Ainsi que le dit le code minier, ces zones sont créées par arrêté ministériel mais l’encadrement de ces zones et de ses exploitants est du ressort du SAEMAPE ( service d’assistance et d’encadrement de la mine à petite échelle). Lorsque, en septembre dernier, 50 personnes étaient mortes à Kamituga, le gouverneur du Sud-Kivu Théo Ngwabidje avait promis une enquête pour établir les responsabilités.

Depuis quelques années, avec le chômage auquel est confrontée la jeunesse congolaise, le travail dans les carrières est devenu un moyen pour trouver de quoi survivre et faire survivre des familles. Selon les chiffres de SAEMAPE, en 2018, des estimations faisait état de plus de 2 000 000 des creuseurs artisanaux actifs en RdC. Ces congolais n’ont pas d’autres choix que d’aller braver la mort en travaillant dans les mines alors que les conditions ne sont pas forcément réunies.
Dans le Lualaba, il arrive d’ailleurs que ces artisanaux, qui tentent de s’aventurer dans les zones d’exploitation industrielle, soient fusillés par des hommes en armes commis à la surveillance de ces carrières. Les drames se suivent et les autorités promettent des enquêtes, toujours. A force de s’habituer à des drames humains dans les mines, les congolais ont fini par trouver banales ces disparitions.
Les morts de mardi à Kamituga sont venus s’ajouter à liste des quidams congolais que l’on enterre maintenant sans que cela n’emeuve les dirigeants. Mais jusqu’où cette banalisation de la vie peut-elle aller ?

Patrick Ilunga

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