Economie

5ième édition Alternative Mining Indaba RDC : SARW et les participants pour une transformation locale des ressources minérales en produits finis

Pendant deux jours à Kinshasa, soit du 27 au 28 octobre 2021, les participants à la 5ième édition d’Alternative Mining Indaba (AMI) de la République Démocratique du Congo ont réfléchi sur la portée, les défis et les perspectives de la valorisation et la transformation locale des ressources minérales en République Démocratique du Congo (RDC). Venus des horizons différents (des provinces de la RDC, des pays africains et au-delà du continent africain), ces participants ont donc échangé sur la posture que devrait adopter ce pays-continent pour profiter au maximum de ses ressources minérales. Ces échanges ont donc constitué une contribution éloquente à la rectification du modèle actuel de la gestion de ces dernières consistant à exporter les matières premières brutes et puis importer les produits finis dans un contexte mondial dominé par la transition énergétique. Pour les organisateurs et les participants, il est plus que temps aujourd’hui pour la RDC de développer sa propre politique d’industrialisation pour le traitement et la transformation locale de ses minerais.

« La tenue de cette édition coïncide avec la volonté du gouvernement d’assainir son secteur minier pour capter au maximum les bénéfices de l’exploitation minière en RDC. Cette volonté ne peut avoir de l’effet escompté que lorsque la valeur ajoutée est faite sur nos minerais », a déclaré le secrétaire aux mines dans son mot de clôture. Pour lui, le thème retenu pour la tenue de ces assises est un sujet important compte tenu de la position stratégique de la RDC du fait de ses potentialités en ressources minérales. Et les recommandations substantielles issues de ces travaux convergent avec la feuille de route de son ministère qu’est le ministère des mines.

Le monde est aujourd’hui en phase de la transition énergétique qui nécessite des ressources minérales importantes dont dispose la RDC. Et pour le Directeur exécutif de SRAW, la transition énergétique offre deux opportunités à la RDC qu’elle ne peut manquer de saisir. Premièrement, l’accroissement des revenus grâce à la montée des prix des minerais stratégiques, notamment le cobalt, le lithium, le coltan et le cuivre. Deuxièmement, la transformation locale de ces minerais. Toutefois, il faut dire que le pays ne peut redémarrer que s’il ajoute de la valeur à ses produits miniers car l’accroissement des revenus seul ne pourra suffire pour réaliser un développement intégral.

Pour que la croissance des activités minières et des revenus provenant de ce secteur puissent contribuer jusqu’à l’amélioration sensible de l’extrême pauvreté du pays, il est donc temps de changer de paradigme de gestion et de gouvernance du secteur minier. Il faut donc une nouvelle vision politique, une nouvelle stratégie et une nouvelle manière d’agir pour permettre au pays de se positionner et de se développer comme d’autres pays du monde notamment la chine, le Botswana, l’Australie. Pour SARW et tous les participants, la seule et unique voie qui s’offre au pays est la valorisation et la transformation locale des ressources naturelles avant leur exportation.
L’exploitation minière, qu’elle soit industrielle ou artisanale, constitue jusqu’à ce jour la clé de l’économie de la RDC, car plus d’un tiers des recettes publiques proviennent de ce secteur. Elle contribue donc à plus de 20 % au produit intérieur brut. Mais fort malheureusement, la quasi-totalité de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

Des sessions plénières et des ateliers

La 5ième édition d’AMl/RDC a constitué un moment d’échanges et des discussions fructueux qui ont permis à toutes les parties prenantes d’avoir une vision commune sur la valorisation et la transformation locale des minerais de la RDC. Nonobstant les divergences des vues, les participants se sont finalement mis d’accord sur la nécessité pour l’Etat d’adopter une nouvelle politique axée sur l’industrialisation pour la transformation locale et la mise en valeur des substances minérales, précieuses et semi-précieuses du pays. Deux activités importantes ont marqué la tenue de cette 5ième édition : les sessions plénières et les travaux en ateliers.

Au cours de ces assises, 7 sessions plénières ont été organisées dont la première a porté sur la vision minière africaine et la valorisation des substances minérales. Ici, il s’est agi de la mise en exergue du lien entre l’exploitation transparente, équitable et optimale des ressources minérales et la croissance durable pour assurer un développement socio-économique à large assise. La RDC comme les autres pays africains dotés des potentialités minérales, devra considérer la transformation locale des substances minérales comme la seule et l’unique voie pouvant faire renaitre l’industrie sur l’étendue du pays en vue de la diversification économique. La deuxième session s’est quant à elle penchée sur la relation entre la transformation locale des substances minérales, l’industrialisation et le développement en cherchant la place de la transformation locale des minerais dans le plan d’industrialisation de la RDC, la position et les perspectives de la Fédération des Entreprises du Congo sur l’industrialisation de la RDC à partir des minerais et en mettant le rôle des sciences, des technologies et ressources humaines dans la réussite de la politique de la transformation locale des ressources minérales en RDC.

La troisième session a été consacrée aux entreprises en matière de transformation locale des substances minérales. L’exemple du Rwanda a été cité comme modèle. Ce pays a construit une raffinerie de l’or à 5 millions USD et à capitaux mixte pour la valorisation non seulement des minerais, mais aussi pour offrir des services de raffinerie aux opérateurs miniers africains qui le souhaitent. Du Botswana, l’on a appris que les entreprises opérant dans le secteur diamantifère ont été obligées de déplacer leurs usines de taille et de polissage de Londres à Gaborone. Du Zimbabwe, les participants ont suivi l’expérience des femmes qui œuvrent dans le secteur minier et des défis auxquels elles sont confrontées. De ces expériences, il faut relever que la RDC a toutes les opportunités pour procéder à la transformation locale de ses ressources minérales.

Lors de la quatrième session, les panelistes ont tablé sur la contribution des entreprises à la valorisation des substances minérales, du contenu local et de la sous-traitance. Ils ont également souligné que la responsabilité de la transformation locale des minerais relève du gouvernement congolais. Pour la cinquième session, les participants ont évoqué de la question de la valorisation des substances minérales issues de l’exploitation artisanale. De cette session, il ressort que la valorisation est confrontée aux défis d’ordre sécuritaire, technique, financier, social et infrastructurels. Pour relever ces défis, le gouvernement devrait jouer son rôle dans formalisation de l’ASM (la viabilisation des Zones d’exploitation Artisanle, l’opérationnalisation de l’ECG et l’installation de l’ARESCOMS) et l’accompagnement par la réunion des conditions requises pour la transformation locale des minerais issus de l’ASM (installation des infrastructures et fourniture de l’énergie).

La sixième session a eu pour objet l’impact de la transformation locale des minerais sur le contenu local et la sous-traitance dans le secteur minier à travers l’application effective de la loi sur la sous-traitance, la promotion du contenu local par un accompagnement des PME dans le secteur minier en tenant compte de la dimension genre et la lutte contre la pauvreté. Dans cette session, les participants ont recommandé au gouvernement congolais l’application effective de la loi sur la sous-traitance, d’adopter le mécanisme de reporting sur l’approvisionnement local dans le secteur minier (MRAL) à l’instar du Sénégal et à l’ITIE de recourir à ce mécanisme dans le système de travail. Et la septième et la dernière session a abordé la problématique des impacts de l’industrialisation du secteur minier sur l’environnement et les conflits armés à travers la recherche de l’équilibre entre l’industrialisation et de la protection de l’environnement, l’éradication de l’insécurité et la lutte contre les inégalités.

Après ces sessions, les participants se sont regroupés en ateliers. 4 groupes d’ateliers ont donc été simultanément organisés dont le premier a porté sur la politique et les stratégies de la valorisation des substances minérales. Le deuxième a traité le sous-thème, les défis et les opportunités de la transformation locale et valorisation des substances minérales (cuivre et cobalt). Le troisième atelier a quant à lui abordé les défis et les opportunités de la transformation locale et la valorisation des substances minérales du coltan et de l’or. Pour finir, le quatrième et dernier atelier s’est penché essentiellement sur le processus de renégociation des contrats miniers et la valorisation des ressources minérales.

Organisé par SARW en partenariat avec Open Society Initiative for Southern Africa (OSISA), GIZ COOPERATION ALLEMANDE et Norwegian Church AID (NCA), cette activité est la deuxième organisée à Kinshasa après celle tenue en 2019. Les deux premières éditions ont été organisées à Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba, en 2017 et 2018. Et la quatrième a eu lieu à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, en 2020. Alternative Mining Indaba est devenue aujourd’hui toute une institution, un cadre de réflexion et d’orientations stratégiques pour une gestion dynamique et efficace du secteur minier. Elle permet donc aujourd’hui à tous les acteurs concernés à participer activement à l’amélioration de la gouvernance des activités extractives.

Djodjo Mulamba

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top