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A la tête d’une société pétrolière qui a fait son chemin :Elphine Kakudji : « Je suis un modèle pour ceux qui veulent le devenir. »

Madame Elphine Kakudji est à la tête de SOKAM Holding, une jeune société congolaise spécialisée dans la distribution et la fourniture des produits pétroliers en République Démocratique du Congo

Madame Elphine Kakudji est à la tête de SOKAM Holding, une jeune société congolaise spécialisée dans la distribution et la fourniture des produits pétroliers en République Démocratique du Congo

Femme exceptionnelle au parcours aussi exceptionnel. Chef d’entreprise, Madame Elphine Kakudji est à la tête de SOKAM Holding, une jeune société congolaise spécialisée dans la distribution et la fourniture des produits pétroliers en République Démocratique du Congo. Elphine Kakudji était récemment l’invitée de l’émission ‘’Focus Business‘’ diffusée sur ‘’Vox Africa’’. Parcours exceptionnel parce qu’elle est passée de l’informel au formel en un laps de temps. Cette mère de famille est aussi un des rares exemples de réussite sociale et économique. Dans cet entretien avec la presse, elle nous parle non seulement de son parcours professionnel mais aussi de sa chère société. La dame du pétrole n’a pas oublié de nous donner les raisons qui l’ont poussée à choisir ce secteur porteur de croissance ainsi que le secret de son success-story.
Madame Elphine Kakudji, bonjour. Vous êtes à la tête de SOKAM Holding, une société qui s’est fait un nom à Kinshasa mais aussi dans le Congo profond dans le secteur des hydrocarbures, secteur à la fois très concurrentiel et stratégique pour le développement d’un pays. Comment avez-vous fait cette transition de l’informel au formel parce que vous avez coutume de dire que vous avez commencé d’abord par vendre des bidons d’essence, de gasoil et votre grand rêve, c’est de pouvoir commander un jour en tant acteur majeur du secteur pétrolier ?
Merci beaucoup pour la parole et pour cette bonne occasion que vous m’accordez pour essayer de parler un tout peu de mon notre parcours. On ne s’imaginait pas qu’on pouvait arriver jusque-là. En 2005, j’étais déjà en couple avec mon mari qui m’amenait son salaire mais malheureusement, il (Ndrl : salaire) ne pouvait pas nouer les deux bouts du mois. Voilà, pour ne pas croiser les bras, je devais comme toute femme africaine trouver quelque chose à faire pour parvenir à subvenir aux dépenses de la maison.
Devant notre parcelle, à l’époque, s’il n’y avait pas des mamans qui vendaient de la braise j’aurai dû vendre de la braise ; il y en avait deux qui vendaient de la braise et d’autres vendaient d’autres choses telles que les tomates. Nous étions sur la grande avenue de la ville où passaient des taxis et taxis-bus. Je me suis résolu de mettre un bidon de gasoil peut-être que ça pourra marcher, si on n’achète pas nous-mêmes on le consommerait. Come c’est du carburant, si on n’achète pas, je suis cuite dans ce que je suis en train de faire dans mon budget comme dépenses. Jour après jour, j’ai vu que je pouvais vendre deux litres. J’ai vu qu’il fallait que je crée un climat de confiance entre moi et les taximen ou les chauffeurs des taxis bus. C’étaient eux mes premiers clients. Conséquence, nous sommes passés d’un bidon à deux. Je me suis décidé d’aller toquer devant les portes des quelques société de la place parce que j’ai vu qu’elles avaient un grand besoin de ce produit, peut-être qu’elles peuvent me permettre de leur livrer du gasoil. Je pense qu’elles m’ont ouvert leurs portes par pitié ou en se disant : écoutez, on essaye et si elle n’y parvient pas, elle cessera de nous emmerder. Je ne fais pas de la pub, non plus. Ce sont mes premiers clients et j’en suis fière. Mon premier client, c’est Pain d’Or. Je leur ai livré du gasoil et ses responsables m’on demandé de leur envoyé ou de faire la facture. Comment faire des factures ? Je suis allé vite dans un cyber café. Je trouvais une personne qui m’a demandé des informations sur le nom de la société, l’adresse, ect. Je luis ai dis de mettre même mon nom. Je donne mon nom et l’opérateur de saisi qui était un jeune garçon me dit, c’est trop long. C’est votre nom mais on va le mettre en sigle ‘’SOKAM’’, qui signifie Société Kabupu Moyo. Il l’a bien présenté. Je suis parti avec pour la déposer et le lendemain, on m’a payé. J’ai pu faire ce que je pouvais faire avec cet argent payé. Ensuite, j’ai eu l’idée d’aller frapper aussi quelque part. J’en ai eu deux ou quatre clients encore.
Malgré le fait que vous viviez une vie modeste avec votre mari, parce que vous viviez uniquement de son salaire, vous aviez cette rage de vous en sortir, justement en faisant un travail honnête mais vous aviez déjà le sens du commerce. Est-ce que vous venez d’une famille des commerçants parce que choisir le gasoil à la place de la braise, qui est aussi un produit de grande consommation, n’est pas un fait du hasard ?
Le sens des affaires proprement dit, non. Mais le sens de chercher en s’en sortir, de s’assumer, cela est venu de ma mère qui est une très bonne pâtissière. Elle faisait des cakes. Alors nous, à l’école, on nous demandait ses cakes à cause de leur qualité. Elle a dit, je veux en faire encore et elle en faisait beaucoup. Et pendant la recréation, on essayait de les vendre. Notre mère disait, si ça marche d’accord, si ça ne marche pas, vous allez revenir avec et demain vous allez les manger le matin. Je ne vendais que pendant les vacances. Je demandais à maman de les faire encore pour nous afin de les vendre au lieu de jouer sans arrêt comme d’autres filles. D’ailleurs maman va très bien se rappeler de cette époque-là. Voilà…, moi je vendais et maman était très contente.
A cette époque, vous saviez tenir une caisse, vous aviez déjà le sens de la gestion d’une caisse, c’est-à-dire on vend et on garde. On ne dépense pas tout, tout de suite, les bénéfices au départ pour pouvoir revendre. Cette discipline en quelque sorte, mieux cette expérience, que vous avez reçue de vos parents quand vous étiez dans votre tendre jeunesse, fruit de l’éducation de votre maman, vous l’avez reproduit avec la vente du gasoil. Première, puis deuxième commande de société. Est-ce que c’est parti trop vite ?
Ce n’a pas été facile du tout. Pas très vite non plus ! Au départ, j’avais rien et rien du tout. C’est juste cette conviction en moi pour dire, s’il y a quelqu’un qui fait ça, je peux essayer de le faire aussi. Même si c’est difficile mais que je découvre quand même. Je n’avais pas de bureau, j’avais rien et rien… Mais je voulais qu’ils essayent avec moi.
Ça marche bien comme sur des roulettes. Vous êtes encore dans l’informel, votre société n’a pas encore été agréée, pas de statuts ni d’actionnariat. Comment vous avez fait ce saut de l’informel au formel de façon structurée ? Comment s’est effectué le lancement ?
Quand je devais maintenant entrer dans une société et qu’on devait me demander la facture d’une société, j’ai fais deux, trois factures… d’une société qui n’existe pas. Alors, je me suis dis pourquoi devrais-je donner des papiers qui n’ont pas de soubassement. J’avais peur en moi parce que je peux essayer de contrôler, de vérifier si réellement cette société existe ou pas. Si jamais ils me font ça, je serais perdante. Le mieux à faire, c’est de chercher à savoir comment on doit créer une société. Je retourne à la maison, je dis, chéri écoute je veux créer une société. Il me répond, quoi, une société ? Ecoutes, tu t’en sors bien. Tout ce que tu fais ça te suffit. Ce n’était pas suffisant pour moi. J’ai insisté, chéri tu dois m’aider. Il me dit, écoutes : trouve un avocat, il me recommande. On va y aller mais ne discute pas les prix des prestations des services. Juste nous avons besoin d’une société. Qu’il essaye de t’expliquer comment ça va se passer et puis tu viens me faire rapport, et moi je veux aller discuter avec lui. Je suis parti voir un avocat, d’ailleurs aujourd’hui c’est lui notre avocat, pour avoir les statuts. Il me dit, madame, ce n’est pas un problème mais vous devez me payer 150 dollars américains. Je dis quoi ? 150 dollars ? Où est-ce que je veux trouver cette somme ? Je lui ai répondu, moi je veux te donner 20 dollars. Bref, nous avons discuté et je suis parvenu à lui payer 60 dollars. Nous avons créé la société. Quand la société a été créée, l’adresse, c’était celle de la maison, de notre domicile. Moi, dans ma tête je me disais si l’on doit vérifier, l’adresse doit être réelle. La société doit réellement exister. J’ai dis à l’avocat, faites de sorte que notre société soit connue comme il le faut. L’avocat est allé jusqu’à publier les statuts dans le Journal Officiel de la République Démocratique du Congo.
Et vous avez ouvert un compte bancaire ?
Oui, je devais avoir un compte bancaire pour épargner mon argent, parce qu’à la maison je me retrouvais parfois avec beaucoup des liasses d’argent ou des billets des banques. C’était aussi très important pour avoir aussi des crédits. Un jour, je suis allé demander le crédit à la banque qui géré mon compte. Le banquier m’a demandé des garanties. Je lui ai répondu, écoutes, tout ce que j’ai comme garanties c’est la commande de l’un des mes clients. Si vous me donnez le crédit, je veux aller acheter la marchandise et quand je veux la vendre, je reviendrais vous rembourser votre argent, le principal plus les intérêts. Il me répond, ça ne se passe comme ça madame, vous devriez avoir des garanties. Je suis retourné là où j’ai payé mes bidons, c’est chez les mamans du marché Mariano à Kinshasa. Elles sont encore-là. Je suis retourné là-bas. J’ai dis aux mamans que j’ai une commande. Si vous me la donnez, nous partirons ensemble là-bas et c’est moi qui dois faire le recouvrement, je vais vous payer. Alors du coût, si nous parvenons à livrer la marchandise, ces gens vont régulièrement commander et ce sera une occasion en or pour livrer régulièrement vos marchandises. Ces mamans m’ont cru sur parole. Nous avons livré la marchandise et dès qu’on nous a payé, je suis allée à mon tour honorer mes engagements auprès de ces mamans ont été payées. J’avais des bénéfices et je suis rentrée à la banque pour déposer mes bénéfices et leur faire voir que vous avez refusé de me prêter votre argent mais moi je vous fais toujours confiance. Quand même ça reste toujours une banque, ils ont beaucoup des clients mais cela ne se fait pas sentir tout de suite. Mais j’y ai épargné mes bénéfices. J’ai continué comme ça en créant la confiance autour de moi, auprès de ces mamans de Mariano, les chauffeurs des taxis, taxis-bus et sociétés de la place. Voilà, ce n’était que sur base de la confiance.
Dix ans plus tard, sous l’ombre, vous êtes passée de vendeuse des bidons d’essence et de gasoil aux chauffeurs des taxis et taxis-bus de la place, avec des mamans qui vendent aussi le gasoil, à une société qui a 57 collaborateurs et qui a créé plus de 280 emplois indirects. C’est ce qu’on appelle un success-story. Quel est le votre secret ?
J’ai un groupe et des collaborateurs formidables. Jour après jour, on réalise que nous travaillons mais comment travaillons-nous ? Comment sommes-nous arrivés-là ? C’est tout simplement formidable.
C’est un secteur fortement concurrentiel, il y a des majors au niveau international. Nous ne pouvons pas les citer toutes ici pour ne pas faire leur pub. Ces dites sociétés sont présentes sur le marché congolais et vous qui avez commencé toute petite, nous avons parlé tout à l’heure de plus ou moins 2000 dollars qui vous manquez pour pouvoir honorer votre commande, comment arrivez-vous à tenir face à d’autres sociétés qui ont des milliards en banque et sont sur le marché congolais ?
Le secteur est hautement stratégique pour le développement socio-économique de la RDC, délicat et tout est spécifique. Et même dans cette spécificité, dès que vous y entrez, vous comprendrez que ce n’est pas donné à tout le monde. Dès que vous mettez votre sérieux, que vous le vouliez ou pas, nous sommes dans le même secteur et ce que vous faites, c’est ce que je fais, nous partons de l’avant.
Avez-vous acquis le respect aujourd’hui ?
Oui. A mon avis, je ne l’impose pas mais je sais au fond de moi-même que je l’ai, et je n’en demande pas.
Est-ce que les pouvoirs publics vous facilitent la tâche afin que ça ne soit pas seulement les majors qui dominent le marché congolais ?
Le secteur est ouvert à tout le monde. Les majors comme les nationaux. C’est à vous, là où vous êtes installée comme société, de montrer de quoi vous êtes capable pour accéder au marché, parce qu’à l’époque ils n’y avaient que des majors qui pouvaient livrer le gasoil ou l’essence. Mais aujourd’hui, nous avons commencé à livrer via ces majors. Après avoir compris que nous pouvons faire aussi ce travail, nous le faisons nous-mêmes.
Est-ce que vous arrivez à couvrir l’ensemble du territoire congolais ? Est-ce que vous allez là où les majors n’y vont pas, dans les quartiers de Kinshasa, Mbandaka, Likasi, pour ne citer que ceux-ci ?
Oui. Nous sommes en Ituri, à Goma, Kadutu… Moi, je pense qu’en informel j’ai commencé à vendre un litre. Je sais qui a réellement besoin de cela. Nos mamans utilisent les lampes-tempêtes et elles n’ont pas besoin d’entrer dans des stations-services pour acheter ne fut-ce qu’un litre de gasoil, d’essence ou de pétrole. Bref, nous avons compris qu’il faut qu’on aille là où les majors ne peuvent pas arriver parce qu’elles se limitent au niveau de leurs stations-services. Et le reste de la population, qui s’en occupe ? Voilà notre champ. Il faudra que les patriotes que nous sommes comprennent que, dans le fin fond de la république, il y a quelqu’un qui a besoin du gasoil ou pétrole et qui pourra le vendre. Ce n’est pas le travail des majors.
Parlons un peu d’un autre volet. Il s’agit de votre personnalité, parce que vous êtes à la fois chef d’entreprise, épouse et mère de famille. Comment arrivez-vous à articuler ces différentes facettes de votre personnalité ?
Pour moi, c’est facile parce ce sont mes tâches quotidiennes en tant que femme. Mais peut-être que le début doit toujours être difficile comme dans tout secteur. Dès le départ, je suis avec mon conjoint. Je suis et reste toujours cette épouse pour mon mari et maman pour mes enfants. Ma maison a besoin de cette chaleur familiale pour le bonheur et l’épanouissement de tous. Ce n’est que la maman qui peut la créer. Personne ne pourra le faire à ma place.
Donc, c’est tout à fait possible d’être à la fois une mère et un chef d’entreprise épanouie ?
Je n’irais pas loin. Je veux prendre mon exemple. Si je souris c’est un sourire profond. Ce n’est pas du cinéma. Pourquoi c’est un sourire profond ? Parce que je sais que derrière moi, tout est bien, tout est à sa place. Bref, c’est possible parce que moi je suis en train de les vivre.
A voir votre parcours élogieux, on pourrait croire ou affirmer sans peur d’être contredit que vous avez réalisé une partie de vos rêves. Si non, à quoi vous rêvez encore ?
Il y a des rêves, il y aura toujours des rêves. Si nous disons qu’il y a des majors, pourquoi nous ne pouvons pas nous mettre à côté d’elles et travailler ensemble ? Quelque part il y a un rêve et il faut se mettre à cette hauteur-là. Nous pouvons déjà l’être et il faut assumer. Pour combien de temps ? Il faut voir ce que je suis en train de faire, ça pourra persister sur terrain pour combien de temps ? Qu’est-ce que je suis en train de déléguer aux autres, à ceux qui viennent après moi, à ma postérité ? Donc, il y a toujours des rêves à réaliser. Il faut former et léguer tout ce que je suis en train de faire à mon fils. Il faut arriver à un certain niveau que l’on arrive à comprendre ceci : qu’on le veuille ou pas, nous les nationaux nous sommes-là. Il y a pas mal des choses à faire mais les rêves sont-là.
A quand votre premier dépôt de carburant de grande taille ?
Il faudra un jour que l’on puisse avoir notre propre tanker pour à la fois transporter notre cargaison et distribuer nos produits partout parce que le Congo est trop vaste. Ce qui a été fait dans ce secteur, c’est déjà bien. Cela nous a permis de bien travailler. Il y a de la place pour tout le monde.
Madame Kakudji, vous venez de participer récemment au Forum Makutano, qui avait notamment pour ambition de rassembler les chefs d’entreprises, les hauts cadres dirigeants d’entreprises congolais avec en filigrane l’idée de rendre l’économie congolaise plus appropriée aux congolais. Est-ce que c’est une idée à laquelle vous adhérez ?
Coup de chapeau aux organisateurs et à la fondatrice pour cette formidable initiative. C’est une initiative qui rassemble les jeunes entrepreneurs congolais parce que si nous sommes dispersés, comment allons-nous échanger des idées et des opportunités d’affaires et parler de nos problèmes ? Comment allons-nous trouver des solutions à ces problèmes ? Je pense que Makutano, c’est plus qu’une famille.
Madame, vous faites partie de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), quel est son rôle et qu’est-ce vous comptez faire en son sein ?
La FEC, c’est notre encadreur dans et pour tous les problèmes qui concernent notre secteur, à mon avis. Aujourd’hui, je serais administrateur et grand cotisant de la FEC. Mais je ne suis pas entrée administrateur et grand cotisant à la FEC mais comme une PME. La FEC joue le rôle de syndicat du patronat privé. Elle est là pour défendre ses membres face aux problèmes divers qui touchent le monde des affaires telles que les tracasseries administratives, la taxation excessive en matière d’impôts et taxes, ect. Des problèmes qui ne peuvent pas être résolus d’une manière isolée mais en groupe.
Aujourd’h
ui, vous êtes un modèle de réussite non seulement pour la gent féminine mais aussi pour la jeunesse congolaise. Sur ce, quel conseil pouvez-vous prodiguer à la jeunesse qui a le moral par terre ?
Je suis un modèle pour ceux qui veulent le devenir. Je ne pourrais pas être un modèle pour ceux qui ne le veulent pas. Je serais peut-être une référence parce que j’ai un chemin que je me suis tracé. J’ai commencé par un bidon, j’ai maintenant une cargaison. J’ai actuellement 57 employés ; j’ai un chiffre d’affaires que je ne maitrise même pas… pour répéter et répéter encore. J’ai commencé quelque part, toi aussi tu peux oser et faire plus que moi car le lendemain appartient à Dieu. Le pire, c’est de ne pas oser.
Propos recueillis par Erik Nyindu et texte transcris par Dieudonné Buanali

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