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Accord politique en cours : L’EMBARRAS de l’Opposition

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Le dialogue est fondamentalement un rendez-vous de négociations, ce qui signifie qu’en acceptant de dialoguer on accepte de traverser un tunnel au bout duquel une partie de revendications devra être laissée sur la table du compromis. On ne peut accepter d’aller à la table des négociations sans pour autant se préparer à des concessions. En cette matière, s’agissant du dialogue de la cité de l’Union Africaine, les parties prenantes (ndlr : Majorité présidentielle, Opposition et Société civile) ont à négocier un accord politique et à s’y soumettre pendant la période qui va de la signature jusqu’aux élections.
Les négociations sont une prise en compte des agrégats d’intérêts respectifs et ceux-ci sont la résultante de la lecture que l’on fait des priorités et des nécessités de la vie nationale. Aller au dialogue, en ce moment, c’est accepter l’évidence de la difficulté si pas l’impossibilité d’organiser les élections au cours des mois qui restent avant la fin de l’année.
Comme il s’agit de se donner les moyens de contrôler cette période qui vient par un mécanisme de surveillance mutuelle, l’accord propose une transition des quelques mois et dispose que cette transition soit dirigée par l’Opposition dans une formule de Gouvernement d’union nationale.
Jusque-là, tout va bien car cette formule est usée parfois dans des pays bloqués et en République Démocratique du Congo, elle fut d’application durant la longue période de transition sous Mobutu, entre 1990 et 1997. Seulement il y a un hic, c’est le fait que cette négociation actuelle se fait sous le fondement du respect de la Constitution dont la composante Opposition a fait son cheval de bataille.
Les opposants sont montés au créneau pour exiger le respect des prescrits de la Constitution surtout en matière d’alternance au pouvoir en parlant de deux mandats. C’est pourquoi, il devient au nom de cette même Constitution difficile de donner à l’Opposition le poste du Premier ministre sans violer celle-ci. Comment aborder ces deux questions sans pour autant se compromettre soi-même ?
Le dilemme est dans le fait que l’accord politique, s’il est signé et que l’Opposition prend la primature comme cela est convenu, il faut en même temps accepter que la Constitution soit mise de côté pour rendre possible la réalisation de l’accord politique.
En respectant la Constitution le Premier ministre ne peut provenir que de la Majorité au Parlement. Alors que va faire l’opposition au dialogue ? Si l’Opposition signe l’accord et prend la Primature, elle doit aussi accepter la mise à l’écart de cette Constitution à la défense de laquelle elle s’était levée pour une croisade. Elle doit choisir le chemin le mieux qui mène vers les élections libres, transparentes, honnêtes et apaisées. Ce chemin, passant par un Accord politique, doit nécessairement mettre en veilleuse sans violer la Constitution du 18 février 2006 adoptée au référendum constitutionnel de 2005. C’est un chemin critique qui mérite que l’on s’y attèle et que l’on s’y penche en expliquant au peuple la cohérence de cette démarche.
Sinon, on respecte la Constitution, on signe l’accord mais on renonce à la Primature. C’est pourquoi, on sent l’embarras de cette famille politique qui n’a pas eu le temps de préparer l’opinion à cette mutation et au prix à payer pour avoir les élections dans les bonnes conditions.
Il existe certes des voies intermédiaires mais pour le moment, elles butent aux principes de beaucoup des groupes politiques qui ne sont pas par exemple prêts à voir dans l’accord une indication comme celle exigée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) que le chef de l’Etat actuel ne sera pas candidat aux prochaines élections.
Cette crainte n’est possible que là où on sait qu’il existe une possibilité, notamment la mise à l’écart de la Constitution. Comment sortir de cet embarras ? Demain, il s’agira de voir le comportement des opposants et d’espérer en leur génie pour pouvoir sortir de cette impasse.

Robert Tanzey

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