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Admission de la RDC à la Communauté des États d’Afrique de l’Est Ntumba Luaba : « le Congo doit renforcer son rôle d’État pivot »

La République Démocratique du Congo a été approuvée par le Conseil de la Communauté des États d’Afrique de l’Est pour devenir membre de cette organisation sous régionale. Une admission qui fait suite à la demande formulée par le Congo en juin 2019 pour intégrer cette communauté. Mais l’adhésion de la RDC à cette structure ne va pas sans questionnements. Alors que certains économistes craignent de voir le Congo-Kinshasa devenir un vaste marché au bénéfice des autres, le professeur Alphonse Ntumba Luaba estime, au cours d’une interview accordée à bbc, que l’ouverture de la RDC à l’Afrique de l’Est est tout à fait naturel. Le professeur Ntumba Luaba ajoute néanmoins que la RDC se doit de sortir de la frilosité, et que l’intégration à la communauté des États d’Afrique de l’Est, loin d’être une menace, est une opportunité pour les produits congolais à devenir plus compétitifs. Pour Ntumba Luaba, ancien ministre des droits humains, ancien secrétaire exécutif de la communauté économique des pays des Grands Lacs et ancien secrétaire exécutif de la conférence internationale sur les Grands Lacs, l’appartenance de la RDC à la communauté des États d’Afrique de l’Est existe déjà dans les faits du fait de l’existence des échanges commerciaux entre ces pays et le Congo.

Interview :

Comment réagissez-vous à l’adhésion de la RDC à la communauté des États d’Afrique de l’Est ?

Ntumba Luaba : C’est tout naturel. Ce serait mieux de déclencher une dynamique nouvelle qui dans les faits existe déjà, parce que le port d’importation et d’exportation pour nos hommes d’affaires de l’Est, ce n’est pas Matadi, à l’Ouest du pays, ce n’est pas non plus Banana. Il ne faut pas rêver, c’est Dar-Es-Salam ; c’est Mombasa pour les avantages économiques. Et lorsque vous allez à Lubumbashi, vous constaterez que la circulation des biens, des personnes et même des véhicules c’est avec l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Est. Donc c’est tout naturel. C’est pour faciliter les affaires, de la RDC et des hommes d’affaires de l’Ituri, de la grande province orientale, du Kivu, du Maniema qu’il faut consolider l’appartenance à l’East African community. Évidemment, ici au Congo , on a toujours peur d’être envahi avec cette ouverture, ainsi de suite. Mais, moi je dis, la population du Burundi, celle de l’Ouganda, pour ne citer que ces deux pays-là, c’est pratiquement la ville de Kinshasa. La population de Kinshasa dépasse cela. Donc cela signifie qu’en terme de créativité, d’inventivité, avec des milliers des jeunes, des femmes, la diversité, même la diversité ethnique pourquoi en avoir peur ? Parce que c’est aussi une richesse du Congo. Nous avons toutes les ethnies de l’Afrique qui existent ici en RDC, des communautés transfrontalières. Nous devons pouvoir transformer ça en autant d’opportunités pour renforcer notre rôle d’État pivot, notre centralité géographique. Nous avons tous les atouts. Nous devons sortir de la frilosité et nous préparer, même si les autres nous considèrent comme un grand marché, c’est vrai, nous sommes un grand marché avec nos 80 ou 90 millions d’habitants, c’est normal, c’est un grand marché. On doit se préparer aussi à ce que la libre circulation des personnes attire beaucoup d’investisseurs chez nous. Un investisseur du voisinage en quoi est-il plus mauvais qu’un investisseur qui vient d’un pays lointain de l’Asie ou de l’Europe ? On doit créer même un marché régional des ressources naturelles où peuvent venir s’approvisionner les opérateurs économiques industriels dans des conditions normales. Nous avons le grand Inga appelé à desservir toute l’Afrique. Donc, nous devons assumer notre rôle.

Pour vous, qu’est-ce que le congolais lambda peut faire pour profiter au maximum de ce processus d’intégration de la RDC au sein de la communauté des États d’Afrique de l’Est ?

L’intégration régionale avec la compétitivité, pourra améliorer la qualité des produits Congolais qui devront être compétitifs. Nous pensons que nos pays voisins qui ont parfois des tendances peut-être qui les portent à autres choses, faisant partie de la même communauté, avec des règles à observer cela va profiter à la consolidation de la paix. Nous aurons beaucoup plus à faire le commerce et les affaires que la guerre. Donc, le Congo est très ouvert, mais pourvu qu’on respecte ses lois, ses règles. Ceux qui doivent les respecter, je dis ce sont d’abord les congolais. Eux, doivent montrer l’exemple, parce que souvent, ce sont les congolais qui montrent à ceux qui viennent comment contourner les règles. Nous devons montrer l’exemple. Heureusement qu’il y a la bonne gouvernance. Heureusement qu’il y a maintenant la peur du gendarme avec l’inspectorat général des finances. J’espère que la justice va réellement assumer son rôle. Je crois que de ce côté-là, il reste encore beaucoup à faire. J’ai entendu parler de la police des Mines qui semble ressuciter. Qu’elle travaille aussi. J’ai l’impression qu’on commence à avoir peur du gendarme. Cela peut permettre que nos recettes soient revues à la hausse, le budget également. Ce qui permettra de financer pas mal des secteurs : les infrastructures ; l’électricité ; les routes ; la santé ; l’éducation ; etc.

Patrick Ilunga & bbc Afrique

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