Société

Afin de venir en aide à 13 millions de personnes laissées totalement à l’abandon : Le Sénat appelé à voter en urgence la loi sur les personnes handicapées

Treize (13) millions de Congolais vivent avec un handicap, selon la Fédération nationale des associations de personnes en situation de handicap (Fenaphaco), soit 16 % de la population. Sur le boulevard du 30 juin à Kinshasa et dans les rues des grandes villes du pays, ils sont nombreux à mendier, aveugles ou handicapés moteurs, rampant parfois le long des principales artères. Beaucoup ont perdu l’usage d’un membre à la suite de maladies, comme la poliomyélite, accident de circulation ou des conflits qui meurtrissent le pays depuis un quart de siècle. Et pourtant, les droits des personnes en situation de handicap sont bien inscrits dans la Loi fondamentale, et la République Démocratique du Congo (RDC) a ratifié la Convention des Nations unies sur le sujet en 2015, mais aucun texte ne les protège actuellement. Les choses pourraient changer si la Loi portant protection et promotion de ce pan entier de la population congolaise est votée en seconde lecture au Sénat.

En entendant la Loi, c’est l’article 15

La nomination pour la première fois en 2019 d’une ministre déléguée au handicap, elle-même en situation de handicap, a été vue comme un premier signal encourageant envoyé par le Président Tshisekedi. Les changements, depuis, se font attendre. Dans cette attente, la majorité de 13 millions de congolais continuent de souffrir faute d’encadrement, d’autres par contre ont choisi de pratiquer le fameux article 15 :  » Débrouillez-vous.  » C’est le cas de  » chargeurs  », un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur dans la capitale. Jadis, à Kinshasa on ne pouvait rencontrait à l’arrêt des bus que des chauffeurs et leurs convoyeurs communément appelés  » receveurs  ». Mais, depuis un certain temps, le secteur de transport en commun connait l’émergence d’un fait nouveau : apparition des personnes nommées chargeurs dont certaines sont des personnes handicapées. Ils sont pour la plupart jeunes, diplômés d’État et non scolarisées. On les reconnait par leur travail qui est celui de crier à tue-tête à longueur de journée à l’arrêt des bus pour trouver un siège ou orienter les clients par rapport à leur destination. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Notre reporter s’est approché d’un de ses compatriotes qui se sont peu à peu fait une place dans la société congolaise.

 » Nous sommes des chargeurs de l’Association des Chauffeurs Congolais (ACCO). Nous veillons à l’ordre, à la salubrité et à l’embarquement des clients dans les parkings  », a déclaré Didier Musengayi, diplômé d’État en mécanique générale devenu chargeur faute d’emploi,  » reconnaissable facilement par sa casquette, ses deux béquilles et la chasuble verte estampillée Association des chauffeurs du Congo, rencontré, jeudi 12 août 2021, sur le Boulevard du 30 juin, non loin de l’immeuble du Cinquantenaire.

Chaque jour, ce courageux chargeur en situation de handicap quitte la route Mokali dans la partie Est de Kinshasa pour le centre des affaires Gombe, situé au nord de la capitale, à bord des bus de fortune. Pour chercher de quoi nourrir sa petite famille, il doit parcourir 25 Km en aller comme au retour.

 » Le rôle d’un chargeur n’est pas celui de crier comme cela est constaté actuellement. Nous sommes une structure bien organisée. Nous percevons le droit de parking auprès des chauffeurs pour le compte de l’ACCO  », a-t-il ajouté.

A la fin de la journée, le président de chaque représentation récolte de l’argent pour le compte de l’ACCO. Chaque chargeur reconnu a le devoir de contribuer. Ni le montant de cotisation des chargeurs ni celui destiné à l’ACCO n’est connu, mais cette cotisation ne dépasse pas 1500 FC. A quoi sert cet argent ?

Le chargeur reçoit l’équivalent d’un ticket de transport de la part du taximan. C’est de cette façon que le chauffeur s’acquitte de son obligation vis-à-vis de l’Association des chauffeurs du Congo. Et les chargeurs sont obligés, après avoir perçu de l’argent auprès des chauffeurs, de défalquer ses frais de la somme réservée à l’ACCO.

Cependant, DM s’est plaint de ne pas bénéficier d’une prise en charge de la part de l’ACCO.  » Il n’y a pas de salaires, pourtant nous contribuons à la caisse de l’Association. Nous ne vivons que du peu que nous gagnons pendant la journée. En cas de maladie ou d’autres problèmes, l’ACCO ne nous vient pas en aide  », a regretté M. Didier Musengayi, marié et père de deux garçons dont l’un est âgé de 5 ans et l’autre, de 3 ans.

Se confiant à Géopolis Hebdo, ce père de famille âgé de 37 ans dont 13 passés en tant que personne en situation de handicap à la suite d’un accident de circulation (Un accident qui lui avait fait perdre l’usage d’une de ses jambes. Pour marcher, Musengayi Didier s’appuie sur une prothèse et deux béquilles sans lesquelles aucun déplacement n’est possible, Ndlr), a salué la création d’un ministère en charge du handicap. L’idée est non seulement salutaire mais elle constitue une aubaine pour cette catégorie de la population.  » Mais malheureusement, les choses traînent au parlement  », a-t-il regretté.

Il manque une loi indispensable pour la prise en charge de ces compatriotes. La balle est donc dans le camp du Sénat. Préparée par la députée nationale du Mouvement de Libération du Congo (MLC), Eve Bazaiba Masudi, actuellement Vice-premier ministre, ministre de l’Environnement et développement durable, avec l’aide d’associations, cette loi prévoit de faciliter l’accès aux personnes handicapées dans tous les domaines de la vie nationale grâce à des fonds spécifiques. Les études, la santé, les loisirs et le travail sont concernés, notamment grâce à la mise en place de quotas dans les administrations publiques. La pénalisation des discriminations liées au handicap est aussi prévue.

Sur la table du parlement depuis 2008, la loi a enfin été votée à l’Assemblée nationale, le 10 novembre 2020, et la société civile comme la ministre du secteur pressent la chambre haute de faire de même pour qu’elle soit adoptée.

Dieudonné Buanali

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