Politique

Alerte rouge – Pollution du fleuve Congo et santé des riverains : Ce qu il faut savoir

Ces messages sont diffusés sur les réseaux sociaux avec un accent d’extrême urgence demandant aux Congolais de ne pas consommer l’eau du fleuve voire même de la grande rivière Kasaï, car non seulement elle est profondément polluée, mais les poissons qui y vivent sont empoissonnés et leur consommation mettrait la santé des personnes en péril. Suffisamment grave. Ces messages qui ne portaient aucun sceau officiel furent interprétés par certaines âmes comme des fake news. Et pourtant rien de plus vrai car des personnes sont décédées et d’autres malades de cette rencontre avec les eaux polluées. Au niveau du gouvernement il y a eu une attitude responsable car la Vice-premier ministre en charge de l’environnement a animé une conférence pour apaiser les populations. Mais l’horreur de cette situation et l’ampleur de la catastrophe vont apparaître lors de l’audition de madame Ève Bazaiba à la commission Environnement à l’Assemblée nationale, samedi 4 septembre dernier. Des faits graves sont retenus à charge d’une entreprise minière prestant en Angola qui pour des raisons inavouées, mais totalement condamnables, a déversé, et ce, pendant une longue période des déchets toxiques dans la rivière Kasaï. Celle-ci qui est un affluent de fleuve Congo a aussi transporté ces déchets toxiques dans le grand fleuve.

Nous sommes bien en face d’une catastrophe écologique.
La commission Environnement est suffisamment éclairée sur la pollution des rivières Kasaï et Tshikapa.
Les députés nationaux membres de la commission Environnement, Tourisme, Ressources naturelles et Développement durable (ETRDD) de l’Assemblée nationale ont auditionné, samedi 4 septembre dans la salle des Banquets du Palais du peuple et ont formulé les réponses à préoccupations à l’attention de la vice-Premier ministre, ministre de l’Environnement et Développement durable en rapport avec la pollution des eaux des rivières Kasaï et Tshikapa.
Au sortir de cet exercice, Eve Bazaiba a déclaré : « L’eau commence à s‘éclaircir doucement, mais cela n’exclut pas les matières toxiques parce qu’il n’y a plus de poisson. Nous avons testé avec la pêche. Il y a eu destruction totale de la biodiversité aquatique. Le problème qui se pose actuellement c’est celui de la restauration de l’écosystème aquatique ».
La grande avancée dans ce dossier est que la société pollueuse a été identifiée et a reconnu le fait. Il s’agit de Catoca Mining et le gouvernement angolais est amplement informé de la situation. Ce qui constitue une étape importante dans le processus de réparation.
Cette catastrophe écologique a fait des victimes dont le nombre augmente. De 403 victimes au départ, la division provinciale de santé renseigne un total de 4 502 victimes dont 12 décès sans oublier les éruptions cutanées et des cas de maladies génitales.
Pour sa part, Constantin Mbengele, président de la commission Environnement, s’est dit satisfait des réponses proposées par la VPM.
« Nous avons apprécié la connaissance de la VPM qui a bien circonscrit le problème et a proposé des réponses appropriées. Le travail va se poursuivre au niveau des sous-commissions de façon à dégager des recommandations adressées au gouvernement », a-t-il dit en substance.
Pour ce qui est du secteur des Mines, il y a beaucoup de problèmes qui se posent. C’est un secteur où il faut mettre de l’ordre. La gestion du fonds minier pour les générations futures, le cadastre minier où il règne un désordre indescriptible en termes d’obtention des titres de propriété qui ne sont pas mis en exploitation et dont on ne se sert pas pour la mise en valeur. Il y a aussi cette question des tenants de titres qui ne déclarent pas la vraie production ainsi que les difficultés des instances publiques aux données réelles d’exploitation de différentes mines… autant de problèmes autour desquels la commission va poursuivre des travaux de sorte que les populations soient informées de ce que les exploitants produisent et à quoi elles peuvent s’attendre dans le cadre de la redevabilité sociale de ces exploitants.

Au regard de cette catastrophe écologique, la VPM Bazaiba devait répondre à deux préoccupations majeures, à savoir quel expert du ministère est descendu sur le terrain ? Les preuves ne risquent-elles de disparaître vu la lenteur et le retard de la réponse face à cette catastrophe ?
En réponse à ce questionnement, Eve Bazaiba a fait savoir que le coordonnateur provincial de son ministère a sonné l’alerte, quelques jours après le constat de pollution des eaux de ces deux rivières, à travers sa lettre n°031/EDD/CP/PLK/KSAI/2021 du 10 août 2021.
La communauté a été alertée par la décoloration des eaux, la mort des poissions, hippopotames et autres mammifères. La société auteur de cette pollution s’appelle Catoca Mining et le pays d’où est partie cette pollution est connu, c’est la République d’Angola.
Dans un contexte aussi grave, comment sensibiliser toutes ces populations qui ne vivent que des produits aquatiques et pour qui le fleuve est leur gagné pain quotidien?

Robert Tanzey

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