Politique

Azarias Ruberwa : « Il n’y a aucun enjeu spécial à Minembwe, à part la population qui vit dans cette partie du pays »

Il a décidé enfin de briser le silence après une série de prise de position constatée à travers la presse et les réseaux sociaux sur sa présence, le 28 Septembre dernier, à la cérémonie d’installation officielle du Bourgmestre de la commune rurale de Minembwe dans la province du Sud-Kivu. Maitre Azarias Ruberwa, Ministre d’Etat en charge de la Décentralisation et Réformes Institutionnelles a, au cours d’une conférence de presse animée en son cabinet de travail hier Mardi 13 Octobre 2020, dissipé tout le mal entendu sur cette épineuse question. D’entrée de jeu, Maitre Ruberwa comme par préciser les raisons d’être de sa mission dans le Sud-Kivu, précisément à Minembwe. Pour lui, il n’a jamais été question d’aller installer le Bourgmestre et en ce qu’il le concerne l’acte lui attribué relève simple d’un mensonge.

«La décision avait été prise au conseil des ministres pour que justement nous allions à deux avec le ministre de la défense et une grande délégation plutôt pour des raisons de sécurité et de paix. Jamais dans l’ordre de mission dont j’étais porteur il était question d’installer le bourgmestre. Et jamais dans les faits je n’ai installé le bourgmestre. On me l’a attribué de façon extrêmement abusive et mensongère. Nous sommes à Minembwe avec le ministre de la défense mon collègue, le Chef de l’Armée et bien d’autres officiers avec 10 députés, mais aussi avec le gouverneur de la province du Sud-Kivu et le ministre provincial de l’intérieur. Alors nous tenions des réunions sur le plan de la sécurité », a laissé entendre le Ministre.

A l’en croire, « Le bourgmestre de Minembwe fonctionne comme Bourgmestre depuis environ deux ans normalement, il a été notifié par le gouverneur après sa nomination, mais au cours de ce bref séjour, une question vient sur la table posée par la Société civile, à savoir pourquoi est-ce qu’on a installé les Maires des villes d’Uvira, de Baraka, de Kamituga, après leur notification mais le Bourgmestre de Minembwe notifié au même moment, lui n’a pas été installé? C’est juste une formalité administrative qui n’avait pas une grande importance même dans la Loi mais c’est plutôt psychologique. Et le gouverneur de Province du Sud-Kivu, le ministre de l’intérieur disent en effet vous avez raison, mais cela n’empêche pas au bourgmestre de poser les actes mais parce que vous le demandez, nous n’avons pas besoin de rentrer à Bukavu pour revenir à Minembwe pour cette installation-là, nous le faisons le matin et le ministre provincial de l’intérieur a agis ».

Au sujet de l’interpellation initiée par le député Muhindo Nzangi pour qu’il s’explique notamment sur cette épineuse question d’installation d’un bourgmestre de Minembwe, Maitre Ruberwa dit n’avoir pas reçu ce jour une invitation de l’Assemblée nationale. Mais il reste disposé à répondre si l’occasion lui était offerte.

« Je ne suis pas encore invité au parlement. Il n’y a pas une invitation formelle qui me demande d’aller au parlement. Il y a un député qui a déposé une lettre d’interpellation, c’est une correspondance qui est sur la table de la présidente de l’Assemblée nationale, le dossier n’est même pas encore traité. Donc, je ne suis pas à ce stade, invité à l’Assemblée nationale, mais si je suis invité, ça sera mon plus grand privilège de communier avec les élus de notre peuple pour qu’ils connaissent la vérité. Je pense que le mensonge érigé pendant les deux semaines a besoin d’être détruit », a-t-il dit.

Contrairement à ceux qui qui aperçoivent la question de Minembwe sous un prétexte d’occupation pour des raisons diverses ou de balkanisation, le ministre d’Etat Ruberwa qui lui-même est membre de la communauté vivant à Minembwe, précise qu’il n’y a aucun enjeu spécial à part la population vivant dans cette partie du pays.

« Minembwe c’est une simple agglomération des villages, il n’y a rien de spécial. Est-ce que ce sont les collines, les plateaux, les ruisseaux qui posent problème ? Ce n’est pas du tout vrai. Ce n’est pas la région la plus riche du Congo. Ce n’est pas la commune de Dilala à Kolwezi où sont extraits de minerais ; c’est habité essentiellement par des éleveurs quoique la guerre ait décimé plus de 250 000 cheptels en moins de deux ans mais l’enjeu c’est la population qui y habite. Le point fondamental c’est peut-être celui-là, la population. Elle est composée des Banyamulenge, Babembe, Bafulero, Banyindu et de plus en plus des Bashi », explique Azarias Ruberwa qui trouve injuste que la communauté locale, particulièrement les Banayamulenge, sa communauté, se voit refuser le droit d’être administrée.

« Cette communauté a des problèmes non seulement d’insécurité, mais lorsqu’il arrive à une catégorie des personnes particulièrement les Banyamulenge d’exercer le droit reconnu par la constitution, tel le droit d’être administré, dans le cas de Minembwe ça pose problème. Ce qui s’est passé à Minembwe ça serait passé à Bafwasende, à Kamina ou à Matadi, ça ne serait absolument pas un enjeu. Donc on est de plein pied dans le chapitre de droit de l’homme, de droit d’être administré. Alors, si l’identité est niée à une catégorie de Congolais, tout le reste vient en disant pourquoi cela », s’indigne Azarias Ruberwa.

Une délégation de la communauté Banyamulenge reçue au MNS

Signalons que toujours sur cette question que, le Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de l’accord cadre d’Addis Abeba, Claude Ibalanky Ekolomba, a reçu le mardi 13 octobre dans son cabinet de travail, une délégation de la communauté Banyamulenge, conduite par son président Charles Mukinza, rapporte Actu7. A en croire le confrère, cette délégation était venue manifester son indignation face aux discours de haine et d’intoxication qui sont distillés ce dernier temps à travers les médias contre les Banyamulenge par certains acteurs politiques.

« Nous sommes venus rencontrer le coordonnateur du MNS pour lui faire voir les discours de haine et d’intoxication qui sont distillés à travers les médias contre notre communauté et qui insécurisent notre communauté. Nous avons fait le tour de tous ces discours aujourd’hui prononcés par les personnalités politiques et religieuses. Il nous a rassuré d’avoir écouté nos doléances et promet de pouvoir les transmettre aux autres autorités compétentes », a confié Charles Mukinza. Auprès de Claude Ibalanky, le président de la communauté Banyamulenge a sollicité l’implication des autorités pour prendre les dispositions nécessaires et faire à ce que ce genre des discours de haine et stigmatisation prennent fin. Ce dernier a appelé la communauté Banyamulenge au calme et à la bonne cohabitation avec tout le monde.

Pour rappel, au lendemain de l’installation du Bourgmestre de la Commune rurale de Minembwe, des réactions farouches ont été enregistrées dans l’opinion et même dans la classe politique. Lors de son séjour à Goma au Nord-Kivu, le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, avait décidé de l’annulation de cette installation et de la mise en place, dans les meilleurs délais, d’une commission composée d’experts scientifiques non originaires, avec mission de clarifier les choses, de retracer toutes les limites des communes concernées de Hauts Plateaux en vue de dégager des propositions de solution appropriées à prendre. Enfin, Il a mis en garde toute personne qui chercherait à torpiller à des fins des manipulations politiciennes cette démarche uniquement dictée par le seul besoin de maintien de la paix sociale. Dossier à suivre.

Théodore Ngandu

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