Quand les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en souffrent, dit-on.
Les élèves des écoles publiques de Beni, dans la province du Nord-Kivu, et de Kinshasa la capitale, ont manifesté, le jeudi 21 octobre, pour réclamer la reprise des cours. Leurs enseignants sont en grève depuis la rentrée scolaire le 4 octobre. Faute de solution et devant le bras de fer qui oppose actuellement certains acteurs du secteur dont l’Eglise catholique et l’État Congolais, les bleus et blancs ont décidé carrément de passer à la vitesse supérieure afin d’exiger la reprise des cours. A Kinshasa, les élèves de certaines écoles publiques ont organisé un sit-in le même jeudi au Palais du peuple, situé dans la commune de Lingwala, pour exiger l’implication du Parlement pour que la grève des enseignants cesse et que les cours reprennent dans toutes les écoles prises en charge par le trésor public dans le cadre de la gratuité de l’enseignement de base. Le premier Vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Jean-Marc Kabund A Kabund, qui a reçu ces élèves, leur a demandé de ne plus revendiquer. Jouant le rôle de sapeur-pompier, le numéro 2 de la chambre basse du Parlement, leur a promis d’impliquer l’Assemblée nationale dans la recherche des solutions. Au cours d’un briefing sur la gratuité de l’enseignement de base, retransmis dans la soirée en direct sur les antennes de la Radio-télévision nationale (RTNC), le warrior Tony Mwaba Kazadi a dénoncé une grève sauvage, car le Gouvernement de la République n’a pas été préavisé. Il s’agit, selon le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire, professionnel et technique (EPST), d’un mouvement anti-gratuité, car il n’y a aucun syndicat qui a décrété la grève de manière légale. Malgré le sabotage de la gratuité de l’enseignement de base par certaines confessions religieuses et le banc syndical, le Gouvernement ne baisse pas les bras.
» Nous venons de signer un arrêté interministériel entre les ministres du Budget, des Finances, de l’EPST et celui de la Fonction Fonction Publique pour instituer une commission interministérielle afin de poursuivre le dialogue social qui n’a jamais été rompu avec les partenaires éducationnels », a annoncé le ministre Mwaba Kazadi.
Fallait-il attendre le sit-in des élèves au Parlement pour réagir ? A cette question de la presse, le ministre a répondu en ces termes : » Tous ces élèves ont été transportés dans des bus moyennant une somme d’argent jusqu’à l’hémicycle. Il s’agit de la manipulation », a estimé le ministre de l’EPST.
Il sied de noter que dans cet exercice de redevabilité et de transparence, le ministre de la Communication et des médias, Patrick Muyaya Katembwe, a introduit le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire, professionnel et technique, Maître Tony Mwaba Kazadi. Le porte-parole du Gouvernement a profité de l’occasion ainsi offerte pour louer le patriotisme des enseignants qui travaillent parfois dans des conditions difficiles. Ils ne doivent pas se décourager ni baisser les bras, car le Gouvernement Sama Lukonde travaille pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
» Depuis que la gratuité de l’enseignement a été décrétée, la situation sociale des enseignants a beaucoup évolué dans le secteur et elle va encore évoluer davantage ». Foi de Tony Mwaba.
Pourquoi avez-vous ordonné à la fois la révocation et la désactivation du listing de paie les enseignants grévistes pendant que la grève est reconnue par la Loi fondamentale et les autres lois du pays ? » La désactivation des enseignants grévistes n’est pas une révocation. Dès que la grève sera levée, ils auront accès de nouveau à leurs comptes bancaires », a fait savoir le ministre de l’EPST.
Face aux problèmes divers dans le secteur, peut-on s’attendre à la démission du ministre Mwaba Tony, le 35ème ministre de l’EPST ?
» Avant moi, il y a eu des ministres dans ce secteur. Après moi, il y en aura d’autres. Mais je pense avoir fait plus que mes prédécesseurs. Ces derniers n’ont jamais démissionné malgré leurs bilans moins élogieux », a dit le patron du secteur, Me Mwaba qui a demandé aux chevaliers de la plume et du micro de faire aussi largement écho des réalisations et réformes courageuses et importantes opérées par le Gouvernement dans le secteur depuis son avènement.
Dans la foulée, Mwaba Kazadi Tony a annoncé la tenue prochaine d’un dialogue social entre tous les acteurs du secteur. Il n’y a donc aucune raison de sécher les salles de classes et de continuer la grève.
Dieudonné Buanali
