Economie

Catastrophes dans les mines en rdc : La non-application de la loi à la base des drames successifs

Quatre jours après l’effondrement d’une mine d’or à Kamituga(1600 Km de Kinshasa), dans le Sud-Kivu, le bilan est toujours de 50 personnes. Mais une trentaine de corps ont été retrouves jusque-là. Ces creuseurs artisanaux cherchaient de l’or sur le site d’une filiale de la Société Canadienne Banro, qui depuis presque une année, a suspendu ses activités industrielle.
Les autorités de la ville de Kamituga ont suspendu les activités dans la mine. Au lendemain du drame de Kamituga, Theo Ngwabije, gouverneur du Sud-Kivu, a annoncé que le gouvernement provincial va apporter une assistance aux familles éprouvées, mais surtout, Theo Ngwabije a promis que son gouvernement « va arrêter des mesures pour éviter qu’un tel drame se reproduise dans le futur ». Selon les habitants du Sud-Kivu, la cause de l’effondrement est la succession des pluies qui se sont abattues à Kamituga. Mais, au-delà de cet accident lié aux intempéries, la République Démocratique du Congo connait presque chaque année des catastrophes similaires dans ses provinces minières. En juin 2019, 40 personnes étaient mortes dans un effondrement d’une mine de cobalt et de cuivre exploitée par Kamoto Copper Company à Kolwezi la mine de KOV, dans la province du Lwalaba(Sud-Est de la RDC, à 1330 Km de Kinshasa). En 2018, les mines de la même ville, considérée comme la capitale mondiale du cobalt, ont connu un drame qui a causé mort d’hommes : des soldats ont tiré sur des creuseurs artisanaux qui s’étaient frauduleusement introduits dans les carrières minières.

Il faut dire que la production minière artisanale brasse d’importants flux financiers en RDC. Et avec le chômage des jeunes, plusieurs hommes adultes, adolescents et même les femmes des provinces minières, s’adonnent au travail dans les mines. Selon les chiffres du Service d’Assistance et d’Encadrement de l’Exploitation Artisanale et à petite Echelle(SAEMAPE), en 2019, les creuseurs artisanaux étaient estimés à 2 500 000 à travers l’ensemble du pays. Toujours selon le SAEMAPE, en République Démocratique du Congo où l’activité minière est le premier pourvoyeur des devises, 20% de la production nationale du cuivre viennent de l’exploitation artisanale. Et pour ce qui est de l’or, avant l’arrivée des Kibali Gold (entreprise Sud-africaine, en 2009) et de Banro (entreprise canadienne, en 2010), toute la production de l’or du pays venait de la production artisanale. Et l’exploitation artisanale favorise particulièrement la fraude. Selon un rapport d’experts des Nations Unies de juin 2019, « en moyenne 5Kg d’or non déclarés » passent par Bukavu vers les pays frontaliers. Mais d’autres connaisseurs estiment que jusqu’à 300 kg d’or passent sans être déclarés. A Kamituga où il y a plusieurs acheteurs et négociants d’or, le travail artisanal dans des zones non-indiquées prend de l’ampleur.

Les creuseurs qui ont trouvé la mort à Kolwezi il y a quelques mois, ou à Kamituga le 11 septembre dernier, se sont introduits frauduleusement dans les zones d’exploitation industrielle, alors que selon le code minier, « un périmètre minier ou de carrières faisant l’objet d’un titre minier ou de carrières en cours de validité ne peut être transformé en zone d’exploitation artisanale. Un tel périmètre est expressément exclu des zones d’exploitation artisanale ».

C’est en raison de cette non-observance de cette disposition du code minier et pour protéger les sites d’exploitation industrielle que plusieurs carrières et mines de Kolwezi sont protégées par les soldats. Mais la présence des militaires, loin d’être une solution définitive, cause aussi des tensions. Plusieurs fois des affrontements sanglants sont signalés dans la province du Lualaba.
Lundi 14 septembre Willy Kitobo, ministre des Mines, a convoqué une réunion à l’issue de laquelle il a été décidé « l’institution ou la création des zones d’exploitation artisanale ». Willy Kitobo a aussi prévue « une concertation avec les autorités des provinces de l’Est et celles de la province du Sud-Kivu pour mettre fin à l’exploitation artisanales illicites dans les périmètres miniers concédés d’une part, et pour améliorer la bonne gouvernance des activités d’autre part ».

Les exploitants artisanaux, ainsi que le prescrit la loi minière, doivent s’inscrire dans des grands ensembles reconnus qu’on appelle « des coopératives minières». C’est seulement en se regroupant ainsi qu’ils sont censés avoir le droit d’accéder aux sites prévus pour eux et y travailler en toute légalité. Mais selon le SAEMAPE, la grande difficulté rencontrée dans l’encadrement et la sécurisation des miniers artisanaux c’est le fait qu’ils se déplacent constamment d’un site d’exploitation industrielle à un autre.

Patrick Ilunga

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