Economie

Conférence minière de la RDC : Kolwezi : Grandeur et paradoxe

La ville de Kolwezi a abrité la troisième édition de la conférence minière de la RDC. Cette ville est considérée comme le coffre-fort du Congo minier. Elle est le berceau du fleuve Congo, lequel serpente à travers l’ensemble du pays. Kolwezi est le symbole du Congo de la grandeur, du Congo de l’unité. Mais comble de paradoxe, les populations de ce coffre-fort restent lamentablement pauvres.

«Je voudrais vous demander de prendre date pour que chaque année, nous nous retrouvions tous, acteurs étatiques, privés et société civile, ici ou ailleurs, en République Démocratique du Congo, en vue d’évaluer la situation du secteur minier national, si vital pour l’économie de notre pays.» Ainsi s’exprimait le président Joseph Kabila lors de la première édition de la conférence minière de la RDC, qui avait été organisée à Lubumbashi. Cinq ans après, la Conférence minière revient encore dans l’espace Katangais. Cette fois, deux occurrences placent la question minière en RDC sur le haut du pavé : la révision du code minier et la montée en flèche du Cobalt, minerais dont le Congo est le premier producteur mondial. Du fait de l’usage qui est fait de ce métal, il est désormais qualifié de minerais stratégique.

La Conférence minière édition 2018 (tenue du 12 au 14 septembre) a été organisée autour du thème de « l’exploitation minière en République Démocratique du Congo face aux impératifs du développement durable des zones productrices : Apport, rôle et responsabilité de l’Etat, de l’industrie minière, de la société civile et des communautés locales dans une synergie transparente à la lumière du code minier révisé. » Alors que la première édition de ce rendez-vous important avait été organisée en 2013, une année après les parties prenantes s’étaient retrouvées à Goma, dans le Nord-Kivu pour une deuxième expérience. La troisième édition de la Conférence minière, elle, a mis du temps à être organisée : 4 ans. Et finalement, les acteurs du secteur minier se sont retrouvés à Kolwezi pour discuter au sujet de leur domaine d’activité. Kolwezi a été qualifié même de capitale mondiale du Cobalt. C’est donc à juste titre que la capitale de la nouvelle province de Lualaba a été choisie. Comment pouvait-il en être autrement ? Car cette ville symbolise même le Congo de la démesure, le Congo de l’unité, mais aussi le Congo de paradoxe. Elle regorge 75% des gisements miniers de l’espace Katangais. Le sous-sol de Kolwezi recèlerait même 24% des réserves mondiales du Cobalt. Mais selon certains géologues de Lualaba, le gisement du Cobalt dans le sous-sol de cette bourgade de près de 2 millions d’âmes dépasserait le 50% des réserves mondiales de ce minerais, indispensable aujourd’hui dans l’aéronautique, la téléphonie mobile et dans l’industrie de l’automobile (voiture électrique).

A ce jour, il est d’ores et déjà établi qu’une partie des quartiers de la ville de Kolwezi est construite sur des gisements de cuivre et de cobalt. A Kasulo, un quartier de Kolwezi, une mine à ciel ouvert a remplacé les maisons d’habitation qui y étaient érigées depuis des années. Ceux qui habitent le quartier Gécamines-Kolwezi devraient être aussi délogés incessamment. Les experts auraient découvert des minerais en dessous de leurs maisons. Cette tendance pourrait se reproduire pour d’autres quartiers de la mégapole où est né, (par la rivière Lualaba) le majestueux fleuve Congo, véritable colonne de la RDC.

Dans cette ville, mais aussi à Tenke Fungurume, se joue l’antagonisme mondial entre Occidentaux et Chinois pour avoir la mainmise du sous-sol Katangais. La ville de Kolwezi constitue le fer de lance de la fameuse ceinture de cuivre qui va de Lualaba au Haut-Katanga (Kolwezi-Likasi-Lubumbashi). Les populations de ces contrées sont assises sur des mines d’Or de Cobalt, de Manganèse, de la cassitérite, de Coltant, de l’Uranium, de Cuivre, mais restent très pauvres. Entre l’année où la République Démocratique du Congo et ses provinces minières avaient vu la production du Cuivre chuter jusqu’à 20 000 tonnes et l’année 2017 où il y a eu un million de tonnes produites, la pauvreté a toujours existé.
Mais, s’il faut juger de la détermination affichée par les autorités à la conférence minière, le million et demi de tonnes de Cuivre et les 105 000 tonnes de Cobalt attendus en 2018, en plus de l’application du nouveau code minier pourraient amener une meilleure coordination entre la planification et l’investissement par l’Etat d’une part, et les dépenses des entreprises, d’autres part, au titre de responsabilité sociale, qui pourrait améliorer les programmes sociaux aux profit des communautés locales et de l’ensemble de la République Démocratique du Congo.

Patrick Ilunga, envoyé spécial à Kolwez

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