Politique

Conflit générationnel au PPRD ? : Maître Kizito Ngoy :  » Nos aînés ont démontré leurs limites »

Le Parti du peuple pour la Reconstruction et la Démocratie est en train de connaître des mouvements internes que l’on pourrait qualifier de guerres de générations. En proie à des défections ( de fait), à la faveur de l’avènement de l’union sacrée, la formation de Joseph Kabila donne une sorte de réplique négative aux secousses que connaît la scène politique. A mesure que les échecs se sont poursuivis au sein du FCC, dans les structures du PPRD, la grogne a éclaté. Des « jeunes loups » réclament la tête des « vieux lions ». Et ces derniers n’entendent pas se laisser faire. Au cours d’une interview exclusive, maître Kizito Ngoy l’exprime clairement. Pour lui,  » les aînés ont montré leur limites ». En un mot comme en mille, il faut dire que le feu couve depuis un bon bout de temps maintenant…et gare à une guerre fratricide !

Interview

La scène politique de la RDC est en train de connaître une grande mutation, notamment le basculement de la majorité à l’Assemblée nationale. Vous en tant que jeune du PPRD, parti qui a connu des défections, quel regard portez-vous sur ce bouleversement ?

Kizito Ngoy : Mon regard c’est d’abord le regret de voir que la coalition FCC-CACH a été remise en cause et pourtant elle était une opportunité pour la stabilité de la République et surtout de la bonne gouvernance dans la mesure où toutes les grandes formations politiques ici de gauche, c’est-à-dire celles qui prônent la sociale-democratie étaient ensemble ( udps, unc, pprd, palu……).

Cette défaite de la coalition prouve à suffisance que les acteurs politiques, mieux nos aînés politiques ne poursuivent pas un idéal pouvant fournir le bonheur au peuple congolais. C’est plutôt l’intérêt privé qui prime en ce que chacun veut tirer le drap de son côté.

A ma connaissance il n’y a pas eu basculement à l’assemblée nationale, il y a eu seulement une révolution de députés nationaux qui ont accepté de décider de faire la politique au-delà de leur appartenance politique dans la mesure où chaque député, surtout ceux du FCC ont décidé en âme et conscience de faire partir l’ancien bureau pour un nouveau qui, selon eux pourra bien faire les choses selon leur propre règlement intérieur.

Au même moment, au niveau de votre parti, une bataille générationnelle est engagée entre certains hauts cadres et une partie des jeunes. Pensez-vous, comme certains, qu’il est temps que la jeunesse du parti prenne les commandes des choses pour un renouvellement ?

K N : Je pense qu’il est presque temps que la jeunesse prenne le bâton de commandement parce que nos aînés on démontré leur limite en ce qu’ils n’ont pas pu faire tenir la coalition qui regroupait la quasi-totalité des partis politiques de notre pays. Donc il faut une nouvelle énergie guidée vers l’amour de la patrie, privilégiant l’intérêt général et surtout en travaillant ensemble pour une bonne cause.

Comment vous expliquez les guerres internes dans votre parti ? C’est de l’agitation ? de la manipulation ? ou c’est juste un vent qui va passer ?

KN : Il ya d’un côté la manipulation et l’autre l’idéal, la révolution de sauver le parti.

La manipulation parce que certains d’entre nous ne veulent pas qu’il y ait restructuration du parti, les nouvelles têtes capables de fédérer tous les camarades au moment où la division règne en maître absolu et personne n’en parle.

L’idéal parce que nous avons dit tout haut ce qui se dit tout bas par l’ensemble de nos camarades qui veulent le changement total au secrétariat permanent de notre parti pour des raisons évidentes : Lorsque l’actuel secrétaire permanent avait été choisi comme candidat pour le compte du FCC, ses collègues n’avaient pas été tous d’accord. Vous êtes témoin de ce qu’avait été la campagne électorale. Il fallait après son échec de cette élection, rendre le tablier mais malheureusement il n’avait pas voulu démissionner.

En suite, le comité de suivi de l’accord FCC-CACH n’avait pas été à la hauteur dans la mesure où certains extrémistes avaient été retirés en faveur de modérés. Il faut noter que notre secrétaire permanent était parmi ceux qui avaient été retirés.

Aussi, comment comprendre que nous sommes un parti politique mieux implanté sur toute l’étendue du territoire national, que notre camarade présidente de la ligue des femmes Madame Jeannine Mabunda soit destituée dans les conditions que vous connaissez et qu’aucun camarade ne descende dans la rue pour exprimer notre solidarité à notre camarade ou encore soutenir nos députés nationaux pour ne pas faire tomber notre camarade.

Comment comprendre que notre camarade premier ministre puisse être destitué et qu’aucun camarade ne soit capable d’envahir le palais du peuple ou les rues pour exprimer notre solidarité…. Cela prouve à suffisance que le parti a un problème sérieux de leadership sérieux qu’il faut tout faire pour faire partir celui qui est là au profit de celui qui pourra fédérer tout le monde.

Souvenez-vous qu’à l’époque où Vital Kamerhe avait été destitué de l’assemblée nationale, beaucoup de députés nationaux avaient, par solidarité déposé leur mandat et étaient partis avec Vital….. Chose qui n’a pas été le cas avec ceux que je venais de citer ci haut. .cela prouve que les militants ne sont pas en harmonie avec l’actuel comité dirigeant.

Le FCC a mis en place un comité de crise pour essayer d’arrêter l’engrenage de l’échec à l’Assemblée nationale. Mais avec l’élection du nouveau président, pensez-vous qu’il faille assumer le rôle de l’opposition ou est-ce que vous envisagez une contre-offensive, comme l’a annoncé le FCC à partir du Haut-Katanga ?

KN : le comit de crise ne devrait pas se limiter seulement au niveau du FCC, il fallait aussi mettre un autre comité de crise au PPRD. C’est ce que nous demandons.

Je ne pense pas qu’il faut assumer le rôle de l’opposition parce que nos députés ne sont pas prêts à suivre une telle démarche.

Aussi, on est opposant par rapport au programme de gouvernance et non pas contre les individus. Cette décision pourra être levée si le gouvernement à venir ne s’avère pas capable de prendre en charge les intérêts des congolais. Mais pour le moment nous pensons être majoritairement à l’assemblée nationale et nous pouvons dans ce cas, être dans le gouvernement à venir pour servir les congolais.

Quelle chance donnez-vous à l’Union sacrée ?

KN : Si le chef de l’État reste derrière sa parole de respecter la constitution, de mettre en place un véritable Etat de droit, l’union sacrée sera une bonne idée, capable de faire développer la République.

Mais si cela reste un slogan, l’union sacrée ne sera qu’une nouvelle aventure politique qui va faire souffrir les Congolais encore une fois de plus.

Pour moi, il faut que le chef de l’État réussisse son mandat, parce que si rien n’est fait après cinq ans, cela veut dire que les jeunes seront toujours des chômeurs, il n’y aura pas construction des écoles, des hôpitaux, des routes……ce qui n’est pas une bonne chose.

Propos recueillis par Patrick Ilunga

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