Santé

Coronavirus : faut-il craindre un désastre sanitaire et économique ?

 

La pandémie du Coronavirus gagné du terrain. Elle déjà fait 3 morts en RDC et 42 personnes sont contaminés de ce virus. Les autorités du pays ont arrêté plusieurs mesures pour contenir cette pandémie et
à l’heure qu’il est, la psychose gagne petit à petit Kinshasa et les autres villes du pays. La République Démocratique du Congo qui s’apprête à déclarer la fin d’Ebola ( il reste 6 jours pour totaliser 40 jours sans contamination au virus d’Ebola) doit faire face au coronavirus qui touche la capitale, ville forte de 12 millions d’habitants. La pandémie de coronavirus pose un défi sanitaire. Mais elle peut aussi poser un défi économique. Aussi longtemps que la maladie avance, plusieurs à Kinshasa, craignent une double catastrophe.

 

Le Docteur Jean-Jacques Muyembe mardi 17 mars avait été invité à l’Assemblée nationale pour expliquer le contour de cette maladie ainsi que son mode de transmission. Muyembe a exhorté la classe politique, via les députés, à « ne pas politiser la pandémie ». L’épidémiologiste a appelé les congolais « à ne pas douter de l’existence de cette maladie » parce que coronavirus existe et tue. En tant que médecin, Muyembe a sensibilisé.
Mais il y a tout juste quelques semaines, c’est le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC) qui s’est intéressé au volet économique de coronavirus : « Nous devons craindre la pandémie de coronavirus qui sévit dans le monde et particulièrement en Chine, notre premier partenaire commercial. Deogratias Mutombo avait ensuite ajouté : « si cette pandémie perdure, cela aura un impact sur l’économie de la République Démocratique du Congo qui est dépendante principalement des exportations de produits miniers dont la Chine est le premier acheteur. Si on ne trouve pas de vaccin à la pandémie, cela va induire un ralentissement économique et cela va affecter l’activité économique en RDC ainsi que sa croissance. Nos exportations vont baisser, nos recettes aussi, ce qui risque d’aggraver le déficit des finances publiques et nous mettre dans une situation de déficit intérieur et extérieur. Et là, les pressions sur le marché des biens et services ainsi que le marché des changes risquent de devenir plus fortes ».

L’économie congolaise est tournée essentiellement vers l’extérieur. D’où la crainte des économistes Congolais. Selon les chiffres de la Banque Centrale, la RDC a exporté pour 5,8 milliards de dollars américains vers la Chine et importé pour 2,7 milliards de dollars américains en 2018.

Selon le numéro 1 de la BCC, cette situation devrait interpeller le gouvernement qui doit diversifier l’économie Congolaise. « Chaque jour, nous parlons de la nécessité de diversifier notre économie, mais on ne le fais pas. On n’indique pas par quel moyen y arriver », note Deogratias Mutombo.

 

L’apparition du Coronavirus pose un double défi à la République Démocratique du Congo. Aux côtés des préoccupations purement sanitaires, le débat se tourne aussi vers les considérations économiques. Ils sont plusieurs ceux qui préconisent « des mesures draconiennes ». La fermeture des frontières est préconisée. C’est le point de vue d’Alain-Daniel Shekomba. Cet ancien candidat à la présidentielle de 2018 estime que « dans une économie au taux du jour, où il faut sortir pour manger, comme c’est le cas dans mon pays, les mesures de confinement contre le Covid 19 risquent d’être tout autant désastreuses que le Covid 19 lui-même. Il faut urgemment fermer les frontières ». « Fermer les frontières c’est encore un autre problème. Savez-vous que le Haut-Katanga, par exemple, dépend de plus de 80% de la Zambie concernant la nourriture (farine, poissons etc) ? Il faut donc prendre des décisions équilibrées, répond un internaute à Shekomba.

La situation est donc complexe. Le Congo Kinshasa dépend toujours de l’importation des produits alimentaires de base pour nourrir sa population. Des experts estiment à plus de 2 millions de tonnes des vivres que la RDC importe via ses ports de Matadi et Boma, dans le Kongo Central, et par voies frontalières de Kasumbalesa (Haut-Katanga). Dans le lot des produits que le pays importe, il y a les surgelés, les céréales, la volaille, l’huile et tant d’autres aliments. Impossible donc d’envisager la fermeture des frontières sans risquer un désastre. Mais malgré ce volume d’importation, 70% des congolais vivent encore en insécurité alimentaire.

Le défi sanitaire

Le système de santé congolais sort d’une effroyable épidémie d’Ebola. Depuis plus de 4 semaines, aucun cas d’Ebola n’a été enregistré. Pendant 19 mois, le pays s’est démené, jusqu’à vaincre (ou presque) la maladie à virus Ebola. Mais son système de santé est loin d’être performant. Concernant le continent Africain, l’Organisation Mondiale de la Santé a exprimé sa préoccupation envers l’Afrique dont « la plupart des pays ont des systèmes de santé faibles », avait déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’Organisation mondiale de la Santé.

En RDC et plus particulièrement à Kinshasa, une partie de la population ne crois pas en la capacité des hôpitaux à vraiment faire face à la pandémie en cas de débordement, même si le docteur Jean-Jacques Muyembe, épidémiologiste et Directeur de l’Institut National des Recherches Biomédicales, a assuré que le pays s’est doté « d’un plan national » pour faire face au coronavirus. Le même Muyembe affirmait le 11 mars dernier qu’une « maladie virale comme le coronavirus peut perturber toutes nos activités sociales. Le taux de mortalité est bas par rapport à Ebola. Et ce que nous voyons là c’est en Europe, où les structures de santé sont bien organisées et sont efficaces. Mais si ce virus s’installe chez nous en Afrique et en RDC en particulier où le système de santé est très faible, où les hôpitaux sont mal équipés pour réanimer les malades, les problèmes que nous aurons, ce sont des problèmes respiratoires. Il faut réanimer et ça, la plupart de nos hôpitaux n’ont pas cette capacité. Nos hôpitaux n’ont pas de désinfectants nécessaires pour protéger le personnel soignant. Une fois ce personnel commence à tomber malade, ça sera une panique. Or à ce moment-là, il faudra réquisitionner tout le monde parce qu’il y aura afflux des malades. Donc, avec le coronavirus, nous aurons certainement des taux de mortalité qui vont avoisiner les 10% », avait prévenu Jean-Jacques Muyembe.

Patrick Ilunga

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