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CRISE CONGOLAISE EN QUETE DE PARRAIN : EDOUARDO SANTOS REPREND LE DOSSIER, UNE SOLUTION  » IMPOSEE « SI IMPASSE PERSISTE

Edouardo Dos Santos, Président de la République d'Angola.

Edouardo Dos Santos, Président de la République d’Angola.

C’est un véritable casse-tête qu’est le dossier congolais qui ne fini pas de consommer les missions de bons offices sans succès. Ils s’y sont tous essayés, les Nations Unies, l’Union Européenne (UE), l’Union Africaine (UA), le Président Denis Sassou Nguesso… Rien n’y est fait, les congolais ont décidé de ne pas s’entendre. D’impasses en préalables, ils ne parviennent pas à se donner les moyens de briser les contradictions qui les opposent et ils appellent de leur force le jugement d’un peuple qu’ils n’ont pas formé à faire la différence entre la revendication et la casse, entre l’espace public et l’espace privé. La classe politique n’a jamais été aussi au bord de conduire elle même le chaos qu’elle déclare éviter.

Les observateurs sont perdus à la recherche des chemins conducteurs de cette dynamique politique qui devient un vrai casse-tête. D’abord, au départ l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et la Majorité présidentielle (MP) négocient sur les termes d’une Transition qui devenait inévitable au regard de la prise en compte des paramètres de terrain.

Pendant une année, des rencontres extraterritoriales sont organisées et les autres membres de l’Opposition développent, eux, une attitude anti Dialogue. Et subitement les choses changent. L’UDPS, pour des raisons encore à élucider, décide de claquer la porte des négociations et prend la place de ceux qui ne voulaient pas entendre du Dialogue et au même moment ceux qui étaient contre le Dialogue sont devenus les grands défenseurs de celui-ci. C’est à y perdre son latin. Le Dialogue a commencé pour quinze (15) jours maximum sur base d’une feuille de route négociée préalablement ; mais on est au trente-cinquième jour. Il n’ya toujours pas d’accord politique signé.

Les choses ne parviennent pas à aller dans le sens de deux camps qui butent sur la question de la Primature. En moins que la réunion de ce dimanche après-midi à Kingakati, à l’Est de Kinshasa, ait pu débloquer les différentes réticences. En face, il y a le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement qui a repris avec force le combat de la négation des évidences et a désormais l’option de la dissuasion, réclamant carrément que la période spéciale qui s’ouvrira à la fin du mandat soit organisée sans le chef de l’Etat en fonction. Les uns et les autres sont en train d’évoluer sur des paradigmes inconciliables et ont fini par paniquer les américains qui, en une seule nuit, ont décidé du départ des familles de leurs membres du personnel diplomatique. Bon l’alerte est passée, mais ils maintiennent le dispositif d’évacuation en place.

Face à cette impasse et surtout face à l’intransigeance des parties prenantes de la crise congolaise dont les grandes prouesses restent leur pouvoir de récusation mutuelle, il a fallu à la communauté des pays des grands Lacs, CIRGL en sigle, de se projeter vers l’avenir et d’anticiper sur l’explosion prévisible si rien n’est fait. C’est dans cet ordre d’idées qu’un sommet est convoqué à Luanda, capitale de la République d’Angola. Dans son ordre du jour, parmi les sujets retenus, il y a le cas congolais qui n’est plus un fait nouveau mais dont le développement met en danger l’ensemble de la sous-région.

Dans un contexte de crise économique aiguë et d’une détérioration des indicateurs macro économiques due aux chocs exogènes de la baisse des prix des matières premières sur le marché international, ce sommet sera une occasion, pour les différents chefs d’Etat, de tirer la sonnette d’alarme pour que la crise congolaise ne franchisse pas la ligne rouge, notamment une implosion qui briserait la paix dans la sous-région au regard à la fois des flux migratoires que cela va occasionner et du retard sur le train du développement.

Ce sommet de Luanda serait l’occasion attendue pour la montée en puissance de ce dossier entre les mains d’Edouardo Dos Santos, le tout puissant président angolais, qui va tenter de relayer les efforts précédents et de faire parvenir rapidement à la signature d’un accord politique inclusif qui ne tienne compte de l’urgence en la matière et qui privilégie les grands équilibres nationaux.

Le président angolais parviendra-t-il à faire changer la posture du Rassemblement pour que celui-ci rejoigne les autres dans l’accord de l’Union Africaine ? Rien de moins sûr au regard des crevasses qui opposent les hommes politiques en place en RDC. Mais s’il est facile de dire non au président congolais dans une tentative de médiation, il faut par contre réfléchir deux fois avant d’éconduire Dos Santos. Ce dernier est et reste encore un homme politique puissant et un grand leader dans la sous-région.

Parviendra-t-il à convaincre la MP de respecter les différentes demandes de l’Opposition qui attend des gages que le président actuel ne se présenterait pas à un troisième mandat ? Pourrait-il obtenir qu’à l’issue de cette Transition ou cette période spéciale que les différents protagonistes respectent leurs engagements ? On ne peut répondre à cette question dans l’état actuel des choses car le président Dos Santos sera certes au cœur du dossier mais celui-ci a déjà fait l’objet d’un accord au niveau de la sous-région, notamment le fameux Accord-cadre d’Addis-Abeba qui peine à être respecté par les différents signataires.

Il est attendu du sommet de Luanda de la part des différents Chefs d’Etat qu’ils appuient le processus de la mise en place d’un consensus politique, qu’ils renforcent les mécanismes de suivi des actes signés à Addis-Abeba et que le monitoring fasse l’objet des décisions adaptées à l’urgence sur terrain.

Le président angolais qui fait face dans son pays à une forte crise économique voit d’un mauvais œil le risque d’une explosion en RDC qui aura des répercussions dans son pays avec un flux migratoire important. C’est pour cette raison et pour d’autres que le Sommet de Luanda est perçu come celui de la dernière chance qui permettra encore à la classe politique de garder la main sur les questions politiques, s’ils ne réussissent pas à se surmonter et à s’entendre, la Communauté internationale imposera une solution finale en RDC.

On parle d’ailleurs d’un scenario à la KOSOVO, comme ce fut autre fois avec Bernard Kouchner, et une imposition de la paix qui répandrait entre les maisons des congolais, le spectre du pouvoir. Ce sont des scenarios qui disqualifieraient toute la classe politique s’ils arrivaient à s’exécuter.

Mais face à l’impérieuse nécessité de garder cette sous-région loin des influences islamistes, qui ne sont d’ailleurs pas loin, les maitres du monde sont prêts à trouver des solutions qui ne flattent pas notre indépendance. Les intellectuels congolais de tous bords doivent comprendre qu’ils ont encore une chance de garder leur pays entre leurs mains à condition de se surpasser et de laisser derrière les calculs politiciens.

Robert Tanzey

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