Politique

Delly Sesanga, le courage d’assumer !

Je n’ai jamais compris pourquoi la République ne lui confie jamais le poste de Premier ministre alors qu’il a les atouts et les énergies nécessaires pour insuffler un vent nouveau dans la gouvernance du pays. Lui, c’est Delly Sesanga, trois fois successivement député national. Il a l’esprit jeune dans un corps de 51 ans aujourd’hui. Il a les compétences éprouvées, il a fait de très bonnes études au pays et à l’étranger, la moralité publique et est un homme de principes. Ça suffit. On le compte parmi les rares, politiquement corrects, qui peuplent le Zoo politique congolais bondé de rapaces. Il est mieux que ceux qui se sont succédés à la Primature congolaise sans réel bilan. Son défaut, nous dit-on, c’est son courage de dire les choses. Mais aussi de partir lorsqu’il n’est pas écouté. Certaines langues disent qu’il est hautain. C’est peut-être l’impression qu’il donne. À plusieurs reprises, dans nos échanges dans le hall du Palais du peuple, je n’ai jamais perçu cette attitude négative. Sessanga est comme son père, un esprit vif, libre et éclairé.

Aujourd’hui leader du parti Envol, j’ai vu Sesanga dans l’ombre de feu le professeur Arthur Z’Ahidi Ngoma le fondateur des Forces du futur. Il était de 1994 à 1999 le secrétaire général de ce parti d’opposition républicaine et très écouté par le savant Zahidi. Ceux qui s’assemblent se rassemblent, dit-on. Les deux hommes avaient sans doute quelques traits, parlant mesurer, tous les deux intelligents et une certaine ouverture d’esprit. Reste à savoir si l’élu de Luiza, Kasai occidental, ne partageait le même « loge » avec l’ancien vice-président de la République du temps de 1+4. Qu’à cela ne tienne, les deux ont fait que les choses ne se gattent pas trop après la chute de Mobutu et la présidence AFDL de Mzee Laurent-Désiré Kabila.

Signataire en juillet 1999 des Accords suicidaires de Lusaka, lesquels ont abouti en 2002-2003 en Afrique du Sud à une gouvernance à cinq têtes, chapeautée par Joseph Kabila qui accéda au pouvoir en 2001  après l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila, Delly profitera des « ambiguïtés » de son « mentor » Zahidi devenu cadre dans la rébellion pro-rwandaise du RCD pour finalement rejoindre l’autre rébellion du MLC de Jean-Pierre Bemba. Devenu lui aussi un des quatre vice-présidents, Bemba lui confiera la gestion de son cabinet de 2003 à 2006. Puis, il proposera sa nomination au gouvernement comme ministre du Plan, succédant ainsi à Alexis Tambwe Mwamba. Il marque de points et va se distinguer. Les élections historiques de 2006 arrivent et sifflent la fin de 1+4. Kabila élu, Bemba tente un coup de force et échoue dans Kinshasa. Évacué en 2007 vers Bruxelles, Bemba y sera arrêté puis conduit  à la CPI qui le cherchait pour des crimes de guerre commis en Centrafrique. Et Delly Sesanga qui ne voit et ne pense qu’à la République va s’en aller certainement fatigué par les méthodes Bemba qui dictent tout depuis sa cellule de La Haye. Et depuis, c’est l’Envol, une idée pensée. Il faut parfois s’émanciper. Approché par le régime Tshisekedi pour recréer une nouvelle majorité au sein d’une Assemblée nationale dominée par le camp Kabila et se départir de l’influence de ce Kabila dans la gestion du pays, Delly Sesanga participera à la création de l’Union sacrée de la nationale pour soutenir l’action du Président Félix Tshisekedi. Et comme Sesanga par principe ne reste pas là où règne le mensonge et où on ne sait pas trop quoi ce qui signifie respeter les engagements, il a jugé bon de quitter l’Union. Décision courageuse qui a fait mal au régime.

Georges Tamba.

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