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Du rififi au Rassemblement : Trois ailes face à face

Trois présidents pour le Conseil des Sages de la plateforme. Il y a d’abord Pierre Lumbi, ensuite Joseph Olenghankoy et enfin, Patrick Mayombe. L’opposition a fait fort, cette fois-ci, elle a battu son propre record dans la complication pour le retard que prendra l’application de l’Accord. Que reste-t-il de substantiel à un Accord quand les premières modalités de son application produisent un triplement des interlocuteurs réclamant chacun la légitimité de son approche. Comment la République Démocratique du Congo (RDC) va se relever de cette situation qui parait aux yeux des observateurs comme une restructuration par le reniement et une rupture de tout ce qui n’était ensemble que parce que lié à Etienne Tshisekedi wa Mulumba.

La politique, comme disait Edouard Balladur, est un champ clos d’intérêts personnels, et il n’est pas prudent d’accorder à la parole donnée toute sa rigueur car elle est soumise aux fluctuations du contexte.

Pour les plus avisés, la politique est dynamique, elle exige une lecture approfondie à chaque pas et à chaque évènement. Or la mort de Etienne Tshisekedi fut et reste encore un Tsunami dans l’espace politique congolais, ses répercussions sont comme des courants telluriques qui s’enfoncent très loin dans les profondeurs de l’âme de l’opposition, brisant des certitudes et poussant les uns à se remettre en question et à se poser les questions premières, qui sont souvent les dernières quand on est surpris par l’avalanche des changements.

Comment le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RASSOP) dont la force de frappe fut justement le fait, qu’il soit au propre comme au figuré, un Rassemblement pense faire face à la machine politique de la Majorité Présidentielle (MP) qui ne peut souffrir en son sein d’aucune fissure, sinon des frustrations, comment va-t-elle réaliser les promesses données à sa création, à savoir : amener une alternance dans le pays ?

Le Rassemblement, après la mort de Tshisekedi, devait se donner le temps d’une évaluation et d’un recul pour se construire un autre agenda en rapport avec le vide immense créé par la disparition de ce géant. Mais vite, on a pensé à la succession en fonction du moment. C’est-à-dire, en fonction des enjeux liés à l’Accord et à la prise des postes pendant la transition et pourtant, ce remplacement, en le faisant seulement au niveau du Rassemblement sans l’avoir fait au niveau de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), les cadres de cette plateforme ont laissé une fissure dans l’armature et on comprend que le fait que le président du Mouvement social pour le renouveau (MSR), Pierre Lumbi, désigné président du comité des sages, soit perçu par les autres comme une fuite en avant, et vite une réaction, celle de Joseph Olenghankoy, président des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (FONUS) et de Tshibala Bruno, secrétaire général adjoint de l’UDPS. Mal leur pris d’aller à la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), et d’essuyer une fin de non-recevoir de la part de l’évêque Utembi.

Au même moment, les autres politiques signataires de l’Acte de Genval et celui de la cité de l’Union Africaine qui sont aujourd’hui au Gouvernement ne pouvaient laisser se construire une espèce de malentendu qui les excluait. Voilà pourquoi, dans l’après-midi d’hier dimanche, ils ont signé une déclaration pour désigner le président du Conseil des sages, en la personne de Patrice Mayombe.

Que va-t-il se passer ?

Il est dit que le président du Conseil des sages devrait présenter au président de la République la lettre supposée contenir le nom du Premier ministre. A partir de ce moment, on comprend qu’au niveau de la MP, ils auront fort à faire à demander au Rassemblement de faire preuve de démocratie en lavant les linges sales en interne. Trois groupes auxquels il faudrait ajouter l’Opposition Républicaine (OR) qui n’accepterait pas de rester sur le carreau dans les réglages prochains.

Deux concepts promus mais non réalisés, le Rassemblement et l’inclusivité

On peut aisément saisir qu’il se construit les conditions d’un dialogue au sein de l’opposition entre ces quatre grandes familles qui se sont depuis longtemps organisées autour ou loin de Tshisekedi. Félix Tshisekedi, Pierre Lumbi, Joseph Olengankoy, Bruno Tshibala, Patrick Mayombe, Willy Mishiki et Michel Bongongo devront organiser, si pas des concertations mais un moyen de discuter ensemble sur la manière de se présenter face à la Majorité. Les cartes sont encore intactes et les hommes politiques peuvent tirer les bonnes.

Robert Tanzey

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