Politique

Édito : L’après procès Kamerhe : l’UNC face à un choix cornelien

Alors que le procès en appel s’est achevé par une condamnation à 13 ans de travaux forcés pour Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du Président Félix Tshisekedi, son parti, l’Union pour la Nation Congolaise a entamé des consultations internes. Sous la houlette du nouveau secrétaire général de ce parti, des options ont été levées à l’issue de la réunion avec les cadres du parti. Le communiqué qui a sanctionné la réunion autour de Billy Kambale, secrétaire général du parti déclare que le parti « procède à une évaluation sans complaisance de l’accord de Nairobi et du partenariat politique du parti aussi bien au niveau du CACH que de l’Union Sacrée de la Nation. En attendant le résultat de cette évaluation, la Direction politique demande aux élus du parti à tous les niveaux de suspendre leur participation aux activites politiques du CACH et de l’Union Sacrée de la Nation, comprises celles du groupe parlementaire du CACH jusqu’à nouvel ordre. » C’est la première fois que cette option est clairement mise sur la table avec l’éventualité de claquer la porte du CACH et de l’union sacrée.
« Enfin, la Direction politique nationale du parti recommande au gestionnaire du parti au quotidien d’étudier les options politiques conformes à la loi en vue d’un partenariat politique dans le cadre duquel le parti obtiendra à tout prix la libération du Président national, l’honorable Vital Kamerhe », souligne le communiqué signé par Billy Kambale.

Plusieurs dans la classe politique se doutaient bien de la réaction de l’UNC. Officiellement chacun sait que l’affaire est d’abord judiciaire. Et de ce point de vue, les voies de recours judiciaire ne sont pas épuisées. Les spécialistes du droit disent que la partie Kamerhe peut se pourvoir en cassation. Mais après une année et deux mois de détention de l’ancien président de l’Assemblée nationale, tout a été essayé et il y a très peu de chance que les contestations et requêtes des avocats de l’ex directeur de cabinet du Président de la République, obtiennent gain de cause devant les juges.

Voilà pourquoi, l’UNC, qui signe et persiste que l’affaire pour laquelle Vital Kamerhe est condamnée est « politique », estime que la solution pour sa libération doit être tout aussi politique.
Et dans cette stratégie, rien de tel que d’agiter l’épée de Damoclès pour quitter la plateforme CACH. Mais que vaut réellement cette menace ? Parce que entretemps, les temps ont changé, les cartes ont été redistribuées et le CACH semble avoir été bouffé par l’Union Sacrée où Félix Tshisekedi a le bonheur d’être le seul maître à bord.
Il est donc loin, le temps où Tshisekedi pouvait être réduit à un président-partenaire.

Au grand dam de l’UNC, le combat pour accéder au pouvoir, dans lequel l’allié UNC a apporté énergie, force, sacrifice et stratégie jusqu’au renoncement de soi, n’est qu’un souvenir maintenant. Les initiés de la politique congolaise doivent le savoir, l’UNC partenaire qui pouvait regarder l’UDPS et son chef d’égal à égal lorsque, en tant que partenaires, ils se retrouvaient dans les négociations de CACH, est considérée maintenant comme partenaire parmi d’autres. L’Union sacrée, ayant donné l’impression d’engloutir le CACH. L’Union sacrée, ayant offert à Félix Tshisekedi ce qui lui manquait.
Numériquement aussi à l’Assemblée nationale, l’éventuelle défection des élus du parti de Kamerhe ne sera pas de nature à faire tanguer l’Union sacrée.

A moins d’un retournement de situation, mais pour l’instant, la justice semble avoir scellé le sort du numéro 1 de l’UNC. D’où l’idée de l’UNC d’éventuellement « étudier les nouvelles options en vue d’un partenariat politique dans le cadre duquel le parti obtiendra à tout prix la libération de Vital Kamerhe ».
Dans cette éventualité, certaines plateformes farouchement opposées à l’Union sacrée ne verraient pas d’un mauvais œil un attelage avec la machine politique qu’est l’UNC. Mais ça, c’est pour des futures batailles. Parce que pour l’instant, l’idée de quitter l’Union sacrée ne fait pas l’unanimité parmi les cadres de l’UNC. Et quand certains cadres veulent tout quitter, certains autres estiment qu’il faut néanmoins garder un cadre permanent de concertation.

Patrick Ilunga

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