Editorial

Éditorial : Est de la RDC- Bunagana, 30 jours déjà…

« La guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls militaires », disait Georges Clémenceau. Cet homme d’État français était arrivé à cette conclusion, ayant compris que dans une guerre, la ligne de front peut aller au-delà du terrain où les balles crépitent. En République démocratique du Congo, la situation de guerre a amené les autorités à rappeler que le combat actuellement imposé à la RDC par les groupes terroristes mérite une réponse à caractère global, allant de l’engagement des soldats de l’armée nationale aux fronts, passant par l’attitude dans les médias, l’attitude des diplomates, jusqu’au soutien de l’opinion publique.

Cette opinion qui a donné de la voix unanimement pour soutenir l’armée congolaise, au lendemain des offensives dans le Rutshuru, lorsque les rebelles se sont emparés de la cité stratégique de Bunagana, semble s’accommoder de la guerre, oubliant que son silence est un répit offert aux agresseurs qui tiennent la dragée haute aux autorités légales. Les réseaux sociaux qui ont servi de vrai vecteur de mobilisation, ont cédé le pas à autre chose.

Ceux qui appellent encore à une mobilisation ne sont plus audible. Même la déclaration de Matthias Gilmann, porte-parole de la Monusco, affirmant que la Monusco n’a pas les moyens militaires requis pour face face aux rebelles, n’a pas ému grand monde. Les congolais recommencent à se disperser, chacun choisissant des sujets plus ou moins polémiques pour meubler les débats dans les médias et dans les réseaux sociaux, alors que les rebelles s’enracinent dans Bunagana qu’ils se sont emparés depuis un mois déjà.

Il est vrai que le chef de l’État s’est levé pour condamner les discours de haine, xénophobie et discrimination qui ont émaillé l’engagement de certains congolais. Mais le président a également appelé à une mobilisation générale pour demander à la jeunesse de s’enrôler dans l’armée, parce que l’engagement et la passion pour le pays ne doivent pas seulement se limiter dans le monde virtuel, où tous, cachés derrière les réseaux sociaux, s’imaginent en héros, combattant, à coups de tweets. Voilà que même les tweets s’estompent.

Mais au-delà de ce constat, que peut-on dire de l’enfer vécu par les compatriotes de l’Est ? Parce que, pendant que les FARDC veulent à tout prix en finir avec les M 23, les ADF font parler d’eux en commettant des massacres de masse. Du 4 jours, soit du 7 au 11 juillet, ces terroristes ont tué 20 personnes dont deux enfants. Ils ont également enlevé un grand nombre de personnes dont 30 enfants, selon les chiffres de la Monusco.

La Monusco semble faire de son mieux. Elle a perdu fin mars de cette année, 8 de ses hommes dans un crash d’hélicoptère du fait des rebelles. Mais malgré tout, elle semble dépassée. Les affirmations de Matthias Gilmann, ajoutées à cette autre déclaration de Bintou Keita, représentante du secrétaire général des Nations Unies en RDC, suggérant une « réponse régionale et internationale unie pour la sécurité et la stabilité de l’Est de la RDC » sont plus que troublantes.

Les déclarations de dirigeants de la Monusco font monter en nous des questions : la Mission onusienne est-elle en train d’attendre la force régionale promise par la communauté d’Afrique de l’Est pour espérer avoir la paix au Congo ?

Comment est-ce qu’une force internationale par excellence comme la Monusco peut-elle suggérer une autre réponse internationale ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

Alors à quoi servent le trop plein des soldats Onusiens?

Au finish, est-ce que la Monusco veut par là appeler à mots couverts les instances diplomatiques régionales et internationales à parler au pays au pays que la RDC accuse d’agression ?

Patrick Ilunga

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