Editorial

Éditorial- Sécurité : Anthony Blinken et la patate chaude de l’Est du Congo

Le Rwanda doit-il craindre se mettre à dos les États-Unis d’Amérique ? Les USA vont-ils continuer à fermer les yeux devant la politique de déstabilisation du Rwanda en RDC ? Le pays de Joe Biden va-t-il se montrer regardant vis-à-vis de Kigali ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain, c’est que un tabou est tombé. Même dans les cercles du pouvoir à Washington, la question du soutien Rwandais aux rebelles en RDC est évoquée ouvertement.

Un premier pas, même modeste, est franchi. Le président de la commission des relations extérieures du Sénat américain Robert Menendez a écrit au secrétaire d’État américain Anthony Blinken, détaillant les différentes facettes des méthodes du pouvoir de Kigali. Et au sujet des relations rwando-congolaises, il a invité
Blinken à examiner la position des États-Unis d’Amérique vis-à-vis du pays de mille collines alors que Kigali est accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M 23.

Dans la lettre adressée à Blinken le 20 juillet, Robert Menendez souligne que « les États-Unis ne peuvent pas soutenir les contributions rwandaises  au maintien de la paix dans certaines régions d’Afrique tout en détournant le regard lorsque le Rwanda fomente la
rébellion et la violence dans d’autres parties du continent ».

Le Sénateur rappelle à Blinken: « comme vous vous en souvenez, à la fin des années 1990, le Rwanda et l’Ouganda
ont envahi la RDC, déclenchant une guerre régionale qui, selon l’International Rescue Committee a fait jusqu’à 5,4 millions de morts entre 1998 et 2007 en raison du conflit et de la crise humanitaire qui en a résulté.

En 2012, le Rwanda a de nouveau cherché à affaiblir la RDC en soutenant les rebelles M 23 qui ont pris la ville de Goma, dans l’est de la RDC, tuant des centaines de civils et déplaçant plus de
plus de 100 000 personnes. Dix ans plus tard, en 2022, le Rwanda a de nouveau envoyé des troupes à la frontière de la RDC et a réactivé le M 23, une milice responsable du meurtre de civils congolais, de troupes congolaises et de soldats de la paix de l’ONU.
À la lumière de ces problèmes troublants, je vous demande instamment d’entreprendre un examen complet de notre politique à l’égard du Rwanda. Une telle révision ne devrait pas seulement inclure un examen réfléchi des niveaux et des types d’assistance que nous fournissons, il devrait également identifier les actions que nous devrions prendre pour assurer la sécurité des citoyens américains ».

Le mérite du chef de la commission des relations extérieures est d’avoir mis cette question sur la table, sans fard. Ce qui oblige le secrétaire d’État américain de se positionner clairement. Mais à défaut d’une position claire et publique, le pouvoir américain ne peut plus faire mine de ne rien savoir de ce qui se passe.

Mais tout de même, au pays de mille collines, les propagandistes pro M 23 ont plus d’un tour dans leur sac: ils s’arc-boutent sur l’argument de la victimisation communautaire. Ils arguent qu’au Congo, les congolais de la communauté rwandophone sont « tués en masse », sans étayer leurs accusations de preuves. Cette victimisation vaut à Kigali et à ses suppôts, une grande empathie dans les médias, dans la région des Grands Lacs, en Europe et même aux États-Unis d’Amérique et cela, au détriment de la cause congolaise…

Patrick Ilunga

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