Economie

Éruptions volcaniques à répétition à Goma : Vivement un aéroport moderne à Kavumu


L’aéroport est une infrastructure fondamentale pour le transport aérien. Sa vocation consiste à desservir une ville : le transport des passagers d’un lieu vers un autre, le désenclavement des régions isolées sans communications terrestres (routes et rails), lacustres et fluviales, et la facilitation de l’exercice du commerce. L’aéroport crée de l’emploi, réduit le chômage et participe au développement socioéconomique. La République Démocratique du Congo (RDC) dispose d’une trentaine d’infrastructures aéroportuaires dont certaines ont une vocation internationale et d’autres nationale, sans oublier quelques aérodromes et pistes de fortune. Parmi celles-ci, il y a l’aéroport national de Kavumu (Bukavu) et l’aéroport international de Goma, fermés récemment par le Gouvernement de la République pour des raisons de sécurité à la suite de l’éruption volcanique du Nyiragongo qui a endeuillé le chef-lieu de la province du Nord-Kivu et détruit une partie de la ville martyre.

A l’époque coloniale, la ville de Bukavu dépendait entièrement de l’aéroport de Cyangugu Kamembe, situé en République du Rwanda, précisément à l’Est de Bukavu. Cependant, en 1967 suite au refus du Gouvernement Rwandais de l’époque de donner accès aux avions de guerre Congolais d’atterrir à l’aéroport de Cyangugu afin d’intervenir pour mettre fin à la guerre que venait de déclencher le soldat belge resté au Congo après l’indépendance Jean Schramme dans la partie Est de la RDC, il s’est senti une nette nécessité de construire un aéroport dans la province du Sud Kivu.

A l’issue des études techniques, le site de Kavumu, situé à 35 kilomètres de la ville de Bukavu, dans le territoire de Kabare, en groupement de Bugorhe, avait été choisi comme lieu devant abriter cette infrastructure. Pour ce faire, les travaux de construction débutèrent en 1968 pour prendre fin quelques années après.

Kavumu fut connu d’abord sous le nom de l’aéroport national Michel Micombero, à l’honneur du premier président Burundais, qui avait consenti d’ouvrir les aéroports de son pays aux bombardiers T28 Congolais venus monter la guerre contre ce chef de mercenaires belges au Congo ex-belge.A l’origine, l’aéroport de Kavumu avait une piste d’atterrissage et de décollage d’une longueur de 200 mètres, avant d’être rallongée à 800 mètres, et 45 mètres de largeur, avec l’axe de la piste qui la traverse. La longueur et la largeur son restées inchangées depuis. Comme on peut le constater, Kavumu ne peut pas recevoir des gros porteurs à cause de la piste d’atterrissage qui est très courte et de l’absence des infrastructures aéroportuaires modernes dignes de ce nom.

Pour voyager par la voie aérienne, les passagers vont à Goma qui dispose d’un aéroport international. Mais malheureusement, celui-ci est souvent victime des éruptions volcaniques à répétition qui atteignent parfois sa piste d’atterrissage (Piste 17/35). Le samedi 22 mai 2021, une coulée de lave venue du stratovolcan actif du Nyiragongo a atteint l’aéroport de Goma, situé dans la province de Nord-Kivu, en bordure du lac Kivu, après avoir parcouru 14 kilomètres. Les vols ont été suspendus pour des raisons de sécurité.

Contrairement à Kavumu, Goma a pu bénéficier par le passé d’une rallonge de sa piste, passant de 2200 mètres à 3000 mètres avec un grand tarmac et des bâtiments dignes d’un aéroport international. La piste est dotée d’un balisage lumineux et d’autres aides telles que le PAPI (Instrument de guidage visuel) au bout sud de la piste. L’aéroport accueille régulièrement depuis 1978 des aéronefs de gros tonnage notamment les DC10, DC8 et le Boeing 707.

Signalons qu’à cause de la proximité du volcan Nyiragongo au Nord de la piste, direction 17, à environ 14 kilomètres, les décollages et atterrissages des gros avions ne s’effectuent qu’en direction Sud, ou piste 35, ouverte et bien dégagée avec survol de la ville et du lac Kivu tout proche. A chaque éruption volcanique, la population trouve refuge à Sake, au Congo, et hors de la ville principalement au Rwanda voisin.

En 2002, le tiers nord de la piste était recouverte de lave par l’éruption du volcan, raccourcissant la piste de 3000 à environ 2000 mètres. Depuis le mois de juillet 2020, la piste a retrouvé sa longueur initiale de 3000 mètres avec l’agrandissement du tarmac et une bretelle à double sens en bout de piste 17.

Le 22 mai dernier, soit 19 ans après la dernière éruption, le volcan Nyiragongo s’est réveillé de son profond sommeil, tuant sur son passage une trentaine de personnes et endommageant des maisons des paisibles citoyens et écoles, selon les sources policières locales. Une grande quantité de lave s’est déversée tout près de la partie Nord de la piste de l’aéroport, non loin de Munigi. A cela s’ajoutent les mauvaises conditions climatiques, rendant les atterrissages et les décollages des avions difficiles.

Conséquences, voyages annulés et des pertes estimées à de millions de dollars américains pour l’industrie touristique, la Régie des voies aériennes (RVA), les régies financières (DGDA, DGI et DGRAD) et les compagnies d’aviation internationales, nationales et locales.

Un scénario catastrophe qui a poussé les élus nationaux et sénateurs du Sud Kivu en général et en particulier, ceux du territoire de Kabare, à lancer un plaidoyer, après cette unième éruption volcanique de Goma, pour la construction d’un aéroport moderne sur le site de Kavumu. Sinon, en cas de nouvelles éruptions, la population de cette partie de la République ne saura pas se contenter de l’aéroport de Goma pour gagner les autres parties de la République. Actuellement, pour atteindre Bukavu et Goma, il faut passer par Cyangungu et Kigali (Rwanda).

Il sied de rappeler que les réalités et contraintes logistiques et diplomatiques ont obligé sept (7) ministres du gouvernement du Premier Ministre Sama Lukonde Kyenge à transiter par Kigali pour atteindre Goma en procédure d’urgence humanitaire compte tenu de la fermeture des aéroports de Kavumu et Goma ! Une aubaine pour l’économie rwandaise !

Selon quelques élus nationaux et sénateurs du Sud Kivu qui ont fait récemment un plaidoyer dans les médias de la place, il faudrait entre 120 et 130 millions USD pour la modernisation de cette infrastructure aéroportuaire. Mais avec 50 millions USD, soutiennent-ils, on peut commencer les travaux d’allongement de la piste pour la faire passer de 800 mètres à 1 kilomètre pour l’atterrissage des gros porteurs et l’aérogare suivra après avec le lancement des travaux de modernisation.

Tous les élus nationaux et sénateurs du Sud Kivu sont unis comme un seul homme pour l’aboutissement heureux de ce plaidoyer au niveau de Kinshasa. Dans cette attente, Goma pleure ses morts et Bukavu, qui dépend de la capitale du Nord Kivu pour son désenclavement aérien, en subit aussi le coup : piste courte et incapable d’accueillir à la fois des aéronefs et cargos de grande capacité.

Dieudonné Buanali

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