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ÉTIENNE TSHISEKEDI, VITAL KAMERHE ET KENGO WA DONDO : OPPOSITION TRIPOLAIRE, ATTENTION A L’EXCLUSION !

Couverture Géopolis Hebdo.

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Aussi vrai qu’il n’y a aucune tribu majoritaire en République Démocratique du Congo, aussi vrai qu’aucun parti politique ne peut, à lui seul, gagner la majorité des voix au Parlement, aussi vrai qu’aucune plate-forme si puissante qu’elle soit ne pourra jamais penser contenir tout le peuple congolais, aussi vrai qu’aucun politique aussi puissant qu’il soit ne peut croire qu’il est plus puissant que l’Etat congolais, alors il convient dans toute posture politique adopter une attitude de modestie et d’humilité car, personne ne peut à lui croire qu’il incarne toutes et alors toutes les aspirations du peuple. La RDC est un pays de fort compromis. Il a été créé comme un compromis entre les grandes puissances coloniales de l’époque. Le Congo fut libéré par un compromis entre une élite unie face à un pouvoir colonial acculé. Aussi longtemps que l’on s’en souvienne, la politique au Congo puni sévèrement toute attitude monopolistique de penser qu’on est le seul à porter les vœux d’un peuple aussi diversifié, aussi hétérogène dans son expression qu’il est homogène dans son identité.

Depuis le plus célèbre de tous, Patrice-Emery Lumumba, la leçon fut donnée que celui qui est le premier ne peut croire qu’il est le seul. Même majoritaire, Patrice-Emery Lumumba, notre héros national, n’avait pas l’unanimité de toute la classe politique. Il y a toujours eu un fond contestataire à tout pouvoir même s’il est très populaire. Voilà que ne prenant pas en compte cette donne, à savoir la recherche du compromis comme mode d’accès à l’étape suivante, la montée de cet homme charismatique fut stoppée net et sa vie jeté aux orties d’une classe des criminels. Plus tard alors qu’il y avait eu un autre homme fort, Moïse Tshombe. Très populaire lui aussi, l’absence d’un compromis sur les questions existentielles de ce foisonnement des peuples-royaumes a fini par enfoncer le pays dans la plus noire période de sa vie avec un régime dictatorial qui a fini par briser l’élan du développement socio-économique et l’idéal des pères de l’indépendance.

Plus de cinquante-six ans après, la classe politique congolaise est au même point avec les mêmes démons de l’autosuffisance politique et de son corollaire, l’exclusion systématique de toute pensée différente de celle entretenue par les méandres de son camp. La plus grave est la situation de l’opposition qui se trouve désormais dans trois familles différentes, mais dont le caractère principal est la diabolisation de la différence et la distance qui sépare la famille du pouvoir en place. D’un côté, il y a Etienne Tshisekedi Wa Mulumba aujourd’hui Président du Comité des Sages du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement dont le message politique est situé dans le refus systématique du Président Joseph Kabila qui est accusé de tous les maux. Cette méthode politique est aussi vielle que le Congo moderne car on se souvient du Gouvernement  » légitime et légal  » de Limete, vers les années 90. Alors qu’en face il y avait un pouvoir dirigé par le maréchal Mobutu qui avait nommé ses différents Premiers ministres, on se souvient qu’en 2011 il y a eu une prestation de serment parallèle, toujours à Limete et aujourd’hui en 2016, c’est autour d’un dialogue parallèle dénommé Conclave auquel le leader maximo a soumis sa famille politique et surtout, en prenant le lourd pari de dire que : ‘’ Tout le peuple congolais était derrière le Rassemblement ‘’. Cette attitude fut tragique en 1992 après son élection à la Conférence Nationale Souveraine (CNS).

Alors que le « peuple » était descendu dans la rue pour fêter l’élection de son « Moïse », un autre peuple avait une autre attitude et cela a conduit au refoulement de cette année-là avec plusieurs morts sur le chemin de retour vers le Kasaï.

Personne aussi grand qu’il soit ne peut contenir le grand Congo. Voilà que des opposants se retrouvent à Genval, à Bruxelles, sous le label du changement. Mais au même moment, un autre congolais se réclamant de cette même Opposition en la personne de Vital Kamerhe, président national de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), arrivé troisième aux dernières élections présidentielles et ayant tracé son chemin de légitimation politique dans son vivier et à sa manière n’entend pas se laisser avaler et réclame son droit à exister avec son groupe, ses idées, son parti et surtout la spécificité de son combat.

Vital Kamerhe est aujourd’hui au dialogue et il est en train de négocier avec la Majorité présidentielle (MP) un accord politique devant gérer le processus qui conduira aux élections libres et apaisées.
A côté de ces deux géants, un autre et pas le moindre, c’est Léon Kengo Wa Dondo, actuel président du Sénat, autorité morale de l’Opposition Républicaine. Cet homme réclame aussi son droit au respect de ses idées et à l’existence de son groupe avec ses vertus politiques et son épaisseur politique.

Personne ne peut se prévaloir du monopole des adhésions populaires et c’est l’erreur de cette ère politique qui embrase et fait craindre le pire. Car aussi impopulaire que soit un dirigeant politique, il existe toujours dans le pays des groupes qui lui seront attachés et qui seront frustrés de la manière dont on le traite. C’est ici le lieu de comprendre ces actes d’intolérance et ces expéditions parfois punitives des uns sur les autres au regard des mots que l’on prononce contre les leaders du camp adverse.

Il est clair qu’il est illusoire de croire que l’on peut trouver une solution au problème congolais actuel en excluant Joseph Kabila. Il est aussi vain de penser que si Tshisekedi est là tout est réglé, ou si on peut se passer de Vital Kamerhe cela ne serait pas grave, voire l’Opposition Républicaine est négligeable. Ce sont des vues de l’esprit qui sont nombrilistes et qui exigent que l’on se détache un peu des paroisses pour atteindre le niveau devenu rare de l’intérêt général. Cette tripolarité de la classe politique de l’Opposition est une piste pour la mise en place d’un compromis qui tienne compte des postures face à la majorité.

Adam Mwena Meji

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