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Florent Ibenge : Chronique d’un départ programmé

Il attire toute la lumière sur lui. Revers de la médaille, au moindre faux pas, il croule sous les critiques et sarcasmes. Pris dans une spirale infernale de la polémique et le rythme effréné du travail qu’il cumule entre son club et les équipes nationales de la République Démocratique du Congo (RDC), toujours entre deux avions, Jean Florent Ibenge Ikwange a fini par ne plus avoir envie de continuer. Mais l‘annonce par lui-même début Mars 2017 de son départ prochain est-elle vraiment une surprise ? Enquête de la Rédaction.

‘’ Si tu sais dire au revoir, la nature aura le bonheur de te dire bonjour plus tard ‘’, dit l’adage. Jean Florent Ibenge, accro de la pensée murie semble avoir appliqué le dicton. L’entraineur adulé ne renouvellera pas son contrat à la tête de la sélection nationale A ou A’ à la fin de son bail. Pas plus qu’il ne rempilera à l’Association sportive Vita Club. L’annonce qu’il a faite début Mars sur les ondes de la ‘’ BBC ’’ a fait l’effet d’une bombe en RDC et ailleurs en Afrique.

Si jusque-là, personne n’avait soupçonnée l’éventualité d’une telle nouvelle, les observateurs avertis eux, sentaient venir ce vent. Elevé dans un environnement familial policé, ‘’ Ibenge coaché ‘’ supporte mal la violence verbale et physique très prégnante dans le milieu sportif congolais.

Le technicien a, pour justifier son départ prochain, parlé d’une « poussée médiatique surréaliste ». Par rapport à ce qu’il a fait jusqu’ici, il ne comprend donc pas qu’après une seule défaite de son équipe en quarts des finales de la CAN Gabon 2017 face aux Blacks Stars du Ghana sur le score de 1 but contre 2, il soit aussi facilement trainé dans la boue.

Il est vrai qu’une partie de la presse locale s’était fait une spécialité de critiquer ouvertement le sélectionneur national. L’intéressé dit savoir que lui et son staff, étant originaires du pays, personne n’allait rien leur pardonner, dit-il, avant d’ajouter : ‘’ mon temps était court ’’.

Avec le recul, il faut dire que de deux choses, l’une : le ‘’ coach androïde ‘’, comme aiment l’appeler affectueusement les amoureux du football à Kinshasa, a voulu se retirer pendant qu’il est encore au sommet de sa gloire. Il aura ainsi conservé le mythe du coach intelligent, qui aura amené ses équipes au sommet de leur art. Partir de cette façon aura laissé tout le monde sur sa faim. Partir de cette façon aura laissé un souvenir indélébile dans l’imaginaire collectif.

Soit, le technicien, las d’être au centre des attaques de plus en plus répétées mais surtout, convoité par plusieurs équipes sur le continent et même en dehors, avait à cœur de donner libre cours à ses projets et à terme, qui sait, ouvrir la porte aux recruteurs européens et ainsi donner une nouvelle dimension à sa carrière.

Les signes avant-coureurs

Fin de la saison 2016, l’AS V. Club qui a pourtant terminé la saison à la deuxième position, derrière le Tout Puissant Mazembe, se fait caillasser par des supporters mécontents. Cet épisode avait failli amener Jean Florent Ibenge à jeter l’éponge. L’entraineur avait avoué murir sa décision pour éventuellement… partir. Il se ravisera plus tard.

Selon certaines indiscrétions, quelqu’un dans l’entourage des Dauphins Noirs de Kinshasa lui aurait conseillé de ne pas partir sur un coup de tête.

Octobre 2016, acte 2. Conférence de presse à la veille du match République Démocratique du Congo-Lybie. Ibenge, sur une question d’un journaliste, dit avoir été un mauvais père pour ses enfants. Avec une pointe de regrets, le sélectionneur affirme avoir repoussé une juteuse offre d’un club européen qui dans son histoire a déjà eu à remporter la Ligue des Champions. Dans l’assistance, tout le monde a dû penser à l’Olympique de Marseille. Le club populaire de la France était depuis quelques années au creux de la vague ; et puis qui ne se souvient pas de l’innovation « Pape Diouf » ? Seul dirigeant noir porté à la tête d’une formation européenne, en l’occurrence Olympique de Marseille, dit OM.

Février 2017. A la veille de la rencontre AS V. Club-Royal Léopards du Malawi. Florent Ibenge étonne les journalistes lorsque sans fard, il affirme être beaucoup plus proche de la sortie aussi bien chez les moscovites que chez les Léopards.

A partir de ce moment, tout portait à croire que l’homme avait programmé son départ. Son contrat court jusqu’à fin 2018. Avant cette date fatidique, Ibenge a une seule obsession : amener les Léopards à la coupe du monde Russie 2018, quarante-quatre ans après l’épopée des Léopards du Zaïre en Allemagne. L’actuel sélectionneur voudrait, après son départ, se consacrer à la formation des jeunes. Vaste projet d’un homme derrière lequel beaucoup d’équipes belges, françaises et africaines doivent courir.

Patrick Ilunga

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