Politique

Interview exclusive : Franck Mwedi Malila Apenela : «  Ceux qui, hier, réclamaient les élections à corps et à cris dans les délais constitutionnels, ne peuvent pas prendre le prétexte de lenvironnement économique dont ils ont la charge de lamélioration, pour ne pas organiser ou postposer les élections de 2023. »

Il est resté silencieux depuis sa sortie du gouvernement avant les élections de 2018 , et il a sans doute profité du temps ainsi gagné pour peaufiner ses approches quant à la marche générale du pays et au changement intervenu entre temps dans lespace politique congolais. On le sent dans les réponses qu’il a réservé à notre interview, qu’il est resté un homme de précision, avare des paroles et presque absent des boulevards des bavardages qui écument lagora. Franck Mwedi reste un homme sceptique car réaliste sur les véritables pouvoirs de la classe politique de transformer les conditions générales des populations. Il se veut loin des propagandes, ce qui pourrait le faire passer pour un homme glacial et pourtant on sent en lui le bouillonnement dun rêve, celui de voir la RD Congo accéder aux Nations puissantes dirigées de manières rationnelles loin du fatras folklorique. Homme à plusieurs facettes hermétiques, qui demandent une approche patiente. Dans cette interview exclusive, il donne sa lecture des évènements survenus ces derniers jours et puise dans sa singularité pour donner un autre éclairage des dits faits.

Avec le meurtre de lAmbassadeur italien près de Goma, la question de la sécurité à lEst est revenue dans lopinion publique internationale.

Geopolis hebdo : Pensez-vous que ce choc peut susciter un vrai agenda pour le retour à la paix ?

Franck Mwedi : Cela suscitera probablement temporairement un regain dintérêt, cest un cycle de plus pour une situation qui perdure depuis près de 25 ans, dont les enjeux, les acteurs, et les causes sont connus et identifiés.

La sécurité nationale est dabord une question de souveraineté nationale, donc un problème qui doit être résolu par les congolais. Cest un devoir de lEtat congolais.

Sans volonté politique réelle et responsable, aucun agenda ne sera possible pour le retour de la paix dans lEst de la RDC.

G.H : Les différents acteurs impliqués dans la sous-région des grands lacs semblent poursuivre des buts antagonistes au point que les Nations Unies, qui devaient mettre tout le monde daccord, sont perçues comme faisant partie du conflit, quen pensez-vous ?

F.M : La Monusco nest pas la source du conflit. Par ailleurs dans un contexte aussi instable, son retrait nest pas à lordre du jour, même si son efficacité est à rude épreuve aux yeux de la population. Le socle du problème est économique et territorial.

En loccurrence :

  • Les enjeux fonciers où certains pays limitrophes sont confrontés aux problèmes de lespace vital, de densité de la population  et de démographie galopante;
  • Le contrôle, lexploitation, la transformation et lexportation de ressources naturelles ;
  • Linsécurité est entretenue par le biais des groupes armés aux ramifications multiples ;
  • Le financement des groupes armés ;
    Léconomie informelle basée sur le trafic et le commerce illicite des ressources naturelles (coltan, or, café, bois, etc.)

Quelques mesures sont essentielles :

  • Identifier et bloquer les sources de financement des groupes armés, notamment, en formalisant le commerce et lindustrie dexploitation des ressources naturelles pour la rentabilité interne au profit de la population congolaise ;
  • Concrétiser la reforme réelle du secteur de la sécurité.
  • Mettre en place le traçage numérique des ressources naturelles.
  • Stimuler nos partenaires à mettre en application les textes en vigueur, particulièrement, le Règlement européen sur les minerais en provenance de zones de conflits ou à hauts risque du 1er Janvier 2021 (en Annexe) et autres instruments législatifs.
  • Fermer temporairement les frontières terrestres et exercer un contrôle strict aux points de passages avec certains pays limitrophes. ???

La volition des Autorités de notre pays à la pacification, à la stabilisation et à la prospérité dans les provinces de lest demeure un élément substantiel.

G.H : Avec le changement de la donne au sein des institutions congolaises par la venue dune autre majorité, est-il possible despérer un changement qualitatif dans lapproche de cette question de lEst ?

F.M : Est-ce un changement ou est-ce une permutation au sein des Institutions congolaises  ?

G.H : Sagissant de lUnion sacrée, vous avez gardé un silence au point de se demander si vous nétiez contre cette idée ? En fait comment vous situez vous sur lÉchiquier national ?

F.M : Ladhesion à l Union Sacrée a consacré la citation pour certains : « Quen politique, il ny a pas de convictions, mais il y a des circonstances ! »
Je me situe comme un nationaliste libéral.

G.H : Un gouvernement est en gestation avec Sama Lukonde, quelles sont les chances que vous lui accordez ?

F.M : Je ne crois pas à la chance comme mode de gestion de la chose publique.
Comment pronostiquer sur un gouvernement en gestation dont on ne connaît ni la nomenclature, ni les animateurs et encore moins le programme.

G.H : Tout le monde parle de 2023 comme dun horizon politique majeur alors que le temps et les moyens au regard de notre économie ne peuvent générer les moyens suffisants pour organiser ces élections. A cette allure on a limpression que la classe politique se prépare allègrement à une déflagration. Quelle est votre lecture ?

F.M : Ceux qui, hier, réclamaient les élections à corps et à cris dans les délais constitutionnels, ne peuvent pas prendre le prétexte de lenvironnement économique dont ils ont la charge de
Lamélioration, pour ne pas organiser ou postposer les élections de 2023.

Il n y aucune raison de provoquer une déflagration, sagissant des élections, dans la classe politique.

Les récipiendaires de lalternance politique respectée par le Président sortant Joseph Kabila Kabange ont le devoir, à leur tour, dorganiser les différents scrutins conformément aux échéances prévues par la Constitution.

La priorité de la prochaine session parlementaire doit refléter à travers le collectif budgétaire, la volonté effective dorganiser les élections en 2023, pour la crédibilité de la démocratie en RDC .

G.H : Message despoir à la population ?

A pays paisible, peuple paisible et prospère.

Propos receuillis par WAK

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