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Kananga ce jeudi dans la terreur

Jeudi 09 mars 17, la terreur s’est de nouveau emparée de la ville de Kananga, chef-lieu du Kasai-Central. Un peu avant qu’il ne soit midi, des élèves du grand collège Bandayi ont quitté précipitamment leurs salles de classe pour se répandre dans la rue, chaque élève en direction de son domicile. La cause de cette débandade se trouve être, une fois de plus les « miliciens » de Kamuina Nsapu. Les hommes du chef coutumier des Bajila Kasanga, mort dans un affrontement avec les forces de l’ordre, auraient demandé aux élèves de quitter les salles de classe pour éviter des dommages collatéraux dans leurs affrontements avec les forces de l’ordre.

Dans les instants qui suivaient des rafales d’armes automatiques se faisaient entendre dans la même zone, c’est-à-dire, entre le Grand Séminaire de Malole, l’aéroport de Kananga et le quartier Kananga 2 dans sa partie dite, terminus. Vite, les rues s’assèchent et les kanangais se terrent sous les lits où à plat ventre dans les couloirs pour ceux dont les maisons en disposent. Ils sont déjà coutumiers de l’exercice.

Aussitôt après c’est des transporteurs de troupes qui filent à vive allure vers l’aéroport de Kananga, devenu une place forte dans cette guerre asymétrique. Les détonations retentissent de plus belle vidant davantage les rues de Kananga 2 et ses environs. Pendant au moins deux bonnes heures, ça tirait par intermittence sans que l’on sache la localisation du front. Une partie des hommes de troupe revient autour de 14 heures se positionner au niveau du « terminus » de Kananga 2. Petit à petit, les habitants sortent de leurs demeures pour s’aventurer à pas rapides dans la rue afin de trouver de quoi se mettre sous la dent.

Ville essentiellement administrative, Kananga vit un double drame suite à l’épopée Kamuina Nsapu avec son cortège des victimes et la déstabilisation du faible tissu économique du chef-lieu du Kasai-Central. L’administration et les commerces fonctionnent de manière erratique suite à l’imprévisibilité des attaques des « miliciens » ? Déjà que ceux-ci ne manquent pas d’en rajouter avec des formes d’intimidation en passant par certaines écoles pour demander aux enseignants et élèves de vider les lieux. En retour, les forces de l’ordre ne manquent pas d’aller au-delà des consignes lorsqu’il faut contrôler les identités de passants, comme c’est devenu la coutume à Kananga. Coincée entre les « miliciens » et les forces de l’ordre, la population de Kananga ne demande qu’à vivre.

Malheureusement ces affrontements semblent s’installer dans la durée. Elles font partie de l’ordinaire des kanangais et la communauté internationale ne semble plus s’en émouvoir outre mesure, sans compter toutes les affirmations faisant état d’une instrumentalisation de la « milice ». Comme pour confirmer la longue perspective des affrontements à Kananga, les « miliciens » érigent des foyers autour de la ville. Ces foyers, « Tshiota », sont la garantie de leur invincibilité face aux balles et la promesse que leur lutte ira plus loin que Kananga.

Si sur le reste de cette ville, en passe de devenir ville-martyre, les affrontements sont épisodiques, par contre, dans la commune de la Nganza les miliciens et les forces de l’ordre jouent au chat et à la souris en inversant régulièrement les rôles. La Nganza est devenue une sorte de far-west où la loi du plus fort est la meilleure. Ngaza, commune urbano-rurale adossée au territoire de Dibaya est le point d’entrée et de sortie par excellence des éléments de cette « milice » qui tire son origine de ce territoire. Ngaza serait-elle la nouvelle Gaza ?

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