Société

LES METIERS DES CONGOLAIS EN AFRIQUE DU SUD

Cityscape at day time

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Vers les années 90, les congolais se sont de plus en plus installés en Afrique du Sud suite aux affres du régime politique au pouvoir et d’autres aspirations individuelles qui les amenaient à quitter leur mère-patrie, la République Démocratique du Congo .L’éloignement doublé du choc culturel ne favorisait pas la meilleure expression professionnelle de ces francophones dans leur pays d’accueil totalement anglophone. Avec un diplôme francophone dont la validité était sujet à caution en Afrique du Sud, les congolais n’avaient souvent qu’une alternative, accepter les travaux manuels ou quémander l’aumône.
Security, la porte d’entrée
Dans la catégorie des métiers, le métier de vigile mieux connu sous son appellation de « security » a attiré beaucoup de congolais. Souvent athlétiques et déterminés, les congolais ont progressivement envahis ce métier en en faisant presqu’une chasse gardée. Vigiles dans les grandes surfaces, videurs dans les boites de nuit, veilleurs dans les industries ou carrément garde du corps rapproché, les congolais se sont donnés tellement dans ce métier qu’ils étaient devenus la nationalité « naturellement » indiquée .Au point que 1 congolais sur 3 était vigile. Cependant et sans tenir compte de la rémunération basique qui lui est assortie, être « security » en Afrique du Sud n’est pas une sinécure. Les shifts sont longs, les températures en hiver et une bonne partie de l’année sont glaciales et sans compter la criminalité, la vraie, qui finit par transformer le métier de vigile en job coupe-gorge. Autant de contraintes qui ont amené les congolais à voir ailleurs s’il y a mieux en matière d’emploi. Cette nouvelle quête s’est exprimée dans une phase où des congolais nés sur le sol sud-africain commençaient à accéder à la formation académique et que des jeunes diplômés d’Etat de la RDC décidaient d’affronter le tamis de la sélection pré-universitaire en Afrique du Sud. Depuis lors, beaucoup d’eau est passé sous le pont et des congolais brandissent fièrement les parchemins des universités sud-africaines à la quête d’un emploi supérieur à « security ». Celui-ci continue à recevoir les congolais mais l’affluence est moindre.
Médecin, le pont en or ?
En attendant que les congolais diplômés des universités sud-africaines trouvent chaussures à leurs pieds sur un marché de l’emploi assez chauvin, des diplômés des universités congolaises de médecine ont fait une percée non négligeable dans la pratique de cette catégorie en Afrique du Sud.Fort appréciés ils ont été recruté à tour de bras par l’Etat sud-africain vers la fin des années 90 leur offrant des conditions de travail bien plus intéressantes qu’au Congo, quoique inférieures à celles offertes aux médecins expatriés d’autres nationalités. Au fait, les médecins congolais étaient le meilleur choix du gouvernement sud-africain qui, à compétence égale avec les médecins occidentaux, recrutait les congolais aux conditions locales. L’arrangement convenait aux 2 parties jusqu’à ce que le contexte évolue. L’offre en médecins congolais s’est accrue au fil des contingences de la vie en RDC et la qualité des médecins congolais a baissé du fait d’une formation affectée par les contingences du pays. Depuis lors, le Gouvernement sud-africain recours toujours aux médecins congolais, le besoin étant encore réel jusque là, mais à ses propres conditions. Notamment, un concours qui comprend l’évaluation des connaissances, même pour des médecins pratiquant l’art d’Hippocrate au pays, et un concours d’anglais parlé, écrit et écouté. Après ce test, pour lequel le candidat prendra en charge les frais d’homologation de ses titres en Philadelphie aux Etats-Unis d’Amérique au prix de USD 250, le candidat congolais qui aura obtenu au moins 6 /10 sur l’ensemble des matières va passer 2 ans comme médecin-stagiaire avant d’entamer sa carrière. Qu’à cela ne tienne, une fois cette épreuve réussie, une carrière généralement fructueuse s’ouvre pour le candidat qui peut faire son plan de vie avec des perspectives salariales qui atteignent et dépassent R 600.000 par mois.
Footballeur, de jonglage en jonglage
Si autrefois les congolais avaient aussi meilleures cotes dans le football au pays de Mandela, l’équipe nationale, les léopards, ne s’intéressent plus au championnat sud-africain pour sélectionner ses candidats, tout simplement parce qu’il n’y a plus grand ‘monde parmi les footballeurs congolais compétitifs qui sont sociétaires des clubs sud-africains. Après l’épopée de Tsholola Tico et autres qui avaient fait la pluie et le beau temps dans Ajax Cape Town et d’autres clubs sud-africains, ce championnat s’est fermé progressivement aux footballeurs congolais du fait d’une forme de protectionnisme qui ne facilite plus l’accès au statut de réfugié détenu par les postulants. Il faut mener les démarches à partir du Congo et ne venir en Afrique du Sud pour le contrôle médical et la signature que lorsque tous les papiers sont validés. Ce qui est souvent le parcours du combattant. Et pourtant, par les temps qui courent, la catégorie footballeur bénéficie de nouveau des facilités pour l’obtention des documents.

Les selfs métiers
Face aux exigences du marché de l’emploi sud-africain, les congolais ont développé des métiers liés à la demande communautaire. C’est ainsi qu’il s’est crée des agences de transfert pour contourner les transferts bancaires qui demandent des papiers en règle, des salons de coiffure pour les coupes particulières aux congolais et surtout aux congolaises, des alimentations pour la nourriture importée du pays. Ceux de congolais qui ont eu l’avantage de maitriser la langue de shakespeare font le précepteur ou le traducteur moyennant payement.
Sans résorber la forte demande au sein de la communauté ,ces emplois ont permis de canaliser des ambitions de plus en plus grandissante d’intégrer dans un milieu socialement et culturellement différent où la recherche de l’emploi peut déboucher sur la perte de l’identité.
Serge SHAUMBA

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