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L’impossible médiation de la CENCO

C’est en principe ce mercredi que la Cenco va devoir conclure sur sa médiation auprès du rassemblement , une médiation il faut le reconnaitre qui était assise sur une montagne des malentendus au point qu’à l’arrivée, elle a juste permis de préciser aux uns et aux autres l’étendue de leur divergence politique et philosophique. La dernière déclaration du secrétaire général de l’UDPS Kabund disant que le Rassemblement a été créé pour chasser Kabila et non pour cohabiter avec lui doit avoir fait réfléchir les hommes en soutane qui ont vite fait de saisir qu’ils évoluaient sur des chemins parallèles et qu’il était pratiquement impossible à eux de ramener le Rassemblement dans le schéma de l’accord politique du 18 octobre 2016.Le mémo présenté à la Cenco devant comporter plusieurs préalables notamment celui d’exiger au chef de l’État de se prononcer personnellement allait buter dans le mur car la majorité leur renvoyait au discours de Joseph Kabila au Congrès, discours dans lequel il avait déclaré qu’il allait respecter la constitution.

D’impasses en impasses la Cenco a transporté pendant tout ce temps une forme des cahiers de charges impossible à rencontrer. Car la majorité estimant qu’il n’y avait d’accord possible que dans le cadre du dialogue et celui-ci avait ouvert une fenêtre d’opportunité sur la signature de ceux qui le voulaient.
Il y a eu quelques membres de ce regroupement à venir signer leur adhésion à l’accord et à fonder la plateforme d’entente mutuelle. Mais l’UDPS est un parti à part et ne peut se mouvoir qu’à son rythme. Tout en disant qu’il était prêt à négocier, le parti de Limete avait de ces négociations une vision claire et précise, c’est-à-dire exercer une pression sur le pouvoir et l’amener à négocier pour la gestion du pays après le 19 décembre 2016 en mettant en place un régime spécial.
Malheureusement entre ces deux groupes l’eau a coulé sous le pont, il y a eu Ibiza, Cap Martin, Paris, Jones bourg et d’autres lieux de rencontre. Il y a eu des pré accords qui ont chopé sur des détails. Et puis vint l’Ile de Gorée, Genval, et le Conclave. Ces faits ont durci les positions mutuelles et par effet d’inertie ont empêché les politiques de se parler en hommes d’État.

Il y a eu aussi les évènements malheureux du 19 et 20 septembre qui ont créé une crevasse entre le rassemblement et le pouvoir. Entre temps d’autres formations de l’opposition ont travaillé à la mise en place de cet accord et se sont donnés les moyens d’éviter au pays des affrontements au regard des divergences multiples.

Ils ont signé et attendent impatiemment l’application de celui-ci. Accord qui fut entériné par la SADC, la CIRGL, les Nations Unies et surtout l’Union Africaine qui en est le parrain.
Dans ces conditions d’une situation politique à double vitesse comment la CENCO pouvait espérer ramener le Rassemblement à des meilleurs sentiments ou la majorité à reconsidérer le chemin parcouru ?

C’est d’ailleurs l’avis d’un analyste par nous interrogé qui estime que la démarche de la Cenco fut de la cosmétique car les hommes en soutane sont rompus aux négociations et savent par quel bout accepter une mission même impossible.

Pour lui c’est fut une mission pour prouver aux uns et aux autres que l’on était de bonne foi, mais en réalité pas prêt à changer des positions qui sont pour tous satisfaisantes. Pour l’UDPS qui croit en son encrage, l’accord politique va permettre à l’opposition de faire place nette dans ses rangs et de capitaliser la sympathie du peuple au moment des échéances.
Elle parle d’ailleurs d’une nouvelle majorité en gestation et ne peut donc accepter une cohabitation qui l’obligerait à partager un bilan fut il prestigieux. L’UDPS veut arriver « vierge »au mariage et celui-ci est fondamentalement inscrit dans une posture radicale. La majorité qui a réussi à faire accepter l’accord par les instances internationales n’est pas prête à diriger avec un partenaire imprévisible. Pour une fois il ya une entente parfaite entre les deux camps de ne pas s’entendre comme c’est fut le cas du temps de la guerre froide où l’on parlait de la neutralisation mutuelle.
Il ne reste à la Cenco que de rendre le tablier de la médiation et de s’engager soit dans l’accord politique en le signant, soit de garder ses réserves mais en rentrant à sa place comme sous composante des confessions religieuses elles-mêmes membres de la société civile. Il faudrait beaucoup de courage et beaucoup de hauteur pour que cet épisode ne soit pas une nouvelle occasion de diabolisation.

Robert Tanzey

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