EDUCATION

Lutte contre les antivaleurs à l’IFASIC-Jean-Richard Kambayi Bwatsha : « nous allons essayer d’aller petit à petit car ces mauvaises habitudes sont déjà incrustées sur la peau de nos étudiants ».

Réputé comme une école modèle de journalisme en République Démocratique du Congo tout comme en Afrique centrale, l’Institut facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC) fait face aujourd’hui à deux phénomènes courants notamment l’accoutrement déplorable des certains étudiants et la prolifération des bars aux environs de cette institution. Interviewé par l’équipe de reportage de Geopolis Hebdo, le nouveau recteur de l’établissement d’enseignement supérieur Jean-Richard Kambayi Bwatshia a fait part de ses projets durant son mandat afin de combattre ses antivaleurs qui ternissent l’image de cet alma mater. Ci-dessous,  l’intégralité de l’interview.

Damany Mujinga (DM)/ Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs pour qu’ils vous connaissent ?

Jean-Richard Kambayi Bwatsha (JRK)/ Je suis le professeur Kambayi Bwatshia et recteur de IFASIC. Je suis docteur spécialisé en histoire des mentalités. Mon université de base, c’est l’Université Pédagogique Nationale (UPN).

DM/ Monsieur le Recteur, cela fait près de 2mois que vous êtes à la tête de l’IFASIC. Que peut-on savoir de votre vision ? Que projetez-vous ?

JRK/ J’aimerai vous dire pour cette question que quelqu’un qui ne connaît pas  très bien l’IFASIC va être étonné à deux niveaux. Le premier, c’est que l’ IFASIC est petit à l’intérieur quand on regarde les infrastructures et le nombre des étudiants, mais au deuxième niveau, sur le plan extérieur du point de vue envergure, l’ IFASIC est une institution de grande envergure, très connue n’ayant presque pas d’équivalent en Afrique, ici et ailleurs à travers le monde. Ensuite, l’IFASIC ne peut pas rester au niveau de la petitesse du point de vue visibilité spatiale, matérielle et infrastructurelle, vu son envergure et son importance pour le pays et pour l’Afrique. C’est pour cela que l’IFASIC doit grandir parce qu’il ne doit pas rester seulement au niveau de l’information et la communication dans leur contexte traditionnel parce qu’aujourd’hui, on découvre de plus en plus qu’une société sans information et communication n’existe pas. C’est une société qui est appelée à mourir. Donc l’IFASIC est appelé à grandir, voilà ma vision. Il doit devenir réellement universitaire avec des facultés mais alors très spécialisées dans cette matière là. Dans notre façon de penser, l’IFASIC doit devenir l’Université Technologique des sciences de l’information et de la communication.

DM/ Estimez-vous que ce soit une tâche facile pour vous de conduire cet établissement qui totalisera bientôt un demi-siècle ?

JRK/ C’est très simple. Les amis qui m’ont précédé à partir de ceux qui ont conçu l’idée et qui l’ont mis en exergue, je pense facilement au professeur Malembe et à tous ceux qui m’ont précédé. Vous avez le feu Professeur Mbelolo, le Professeur Ekambo, le Professeur Kitima, le Professeur Mukeni. Moi, je suis arrivé et je tiens compte sur ce que ces amis prédécesseurs ont fait de très bon et je ferme les yeux sur ce qu’ils ont fait de mauvais, je pense qu’il n’y a pas. Ils ont pondu ce qu’ils avaient de bien. C’est à cause de cela d’ailleurs que l’IFASIC existe et je me pose là dessus pour peut-être pas améliorer mais achever à bien leur intention et peut-être augmenter un temps soit peu pour le progrès et le développement de l’IFASIC en plein 21e siècle.

DM/ L’IFASIC est réputé d’être une école modèle de journalisme où sont sortis des éminents professeurs et d’excellents journalistes mais aujourd’hui, plusieurs voix s’élèvent pour décrier l’accoutrement des certains étudiants de l’IFASIC. Vous en tant que recteur récemment nommé, que comptez-vous faire par rapport à cette situation pour que l’IFASIC redore son blason ?

JRK/ Vous avez parfaitement raison. Ce qui est mode se démode alors très vite. Dans les pays sous-développés, les jeunes garçons et filles prennent tout ce qui est abandonné, ce qui est entrain de salir les sociétés appelées aujourd’hui développées. Mais, je vais vous dire que ce qui est bon, se voit être bon et ce qui est mauvais se voit être mauvais. Si sur les écrans de télévision, on voit des vedettes habillées avec des mini jupes et des mini robes qui vont à 4 centimètres au dessus de leurs genoux. Il faut dire que c’est pour le cinéma mais nous ne pouvons pas accepter que nos filles s’habillent presque d’une manière non aisée. Voici plusieurs années que ces antivaleurs sont implantées. Comment les effacer ? Il faut aller petit à petit surtout en entrant en dialogue, en éduquant. Le malheur est pour nous de sentir que dans les universités on a abandonné le mot éducation pour faire place à l’enseignement. L’enseignement donne les enseignes tandis que éduquer prend toute la personne humaine. Petit à petit nous devons en plus les diriger sur le plan institutionnel et aussi sur le plan éducationnel. Donc comme solution, nous allons aller essayer d’aller petit à petit étant donné que ces mauvaises habitudes sont déjà incrustées sur la peau de nos étudiants. Mais, nous allons en plus de l’instruction scolaire, nous allons éduquer en parlant et en montrant ce qui est bon et comme ce sont des personnes humaines, ils vont entendre pour leur bien d’ailleurs. Ce phénomène se passe partout dans les universités au Congo, ce n’est pas le cas spécial de l’IFASIC. La lutte doit être partagée et particulièrement pour l’IFASIC parce que je suis là. J’attire déjà l’attention sur un code vestimentaire.

DM/ A côté de ce phénomène, nous assistons aussi à la prolifération des bars aux alentours de l’Etablissement qui est sous votre direction et voire dans la même concession que l’IFASIC (Fatima) où il y a des étudiants qui consomment de l’alcool pendant les heures des cours. Comment considérez-vous cela alors qu’il y a une loi qui l’interdit ?

JRK/ Ce sont les antivaleurs comme je le disais. Nous buttons à une grosse difficulté parce que quelque part, nous avons vu et nous savons ce que nous disons parce que nous avons été nous-mêmes à la tête des organes supérieurs de ce pays. Les propriétaires de ces « ligablo », appelons-les comme ça, qui s’installent sur notre petite avenue ici, ont l’autorisation des autorités du pays soit à l’université même, soit chez le chef du quartier, etc. Mais pourquoi sont-ils là ? Quelque part c’est la misère qui les poussent parce que la société congolaise est en crise. Mais avec le temps, ça va terminer car nous luttons contre les antivaleurs.

DM/ Est-ce possible d’arrêter cela car ce phénomène pourrait influer négativement sur le rendement des étudiants à la fin de l’année académique ?

JRK/ Absolument, il y a du bruit terrible. Comment voulez-vous aller empêcher les congolais qui ont des églises autour de l’IFASIC, qui chantent au moment où on donne cours. Les étudiants et les parents eux-mêmes sont convaincus que l’on peut réussir aux examens sans étudier. Ils le savent et quand vous empêchez cela, les parents se fâchent, les étudiants vous tapent, lancent des pierres, brûlent votre voiture. C’est clair et net, ce phénomène influe négativement sur le rendement des étudiants pas seulement à la fin de l’année mais tout au long de l’année académique.

 Propos recueillis par Damany Mujinga

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