Economie

NTIC : La nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp n’affecte pas la grande majorité des utilisateurs

Une série des rumeurs a circulé pendant un temps dans l’univers digital dans le monde entier et surtout en République démocratique du Congo où les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont indispensables. Lesquelles rumeurs ont annoncé aux différents utilisateurs de l’application WhatsApp que, désormais la nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp,  violerait la vie privée de ses utilisateurs.

L’on a évoqué l’entrée en possession des messageries privées, et le contrôle sur les différentes données que l’on peut partager avec des tiers.

C’est dans cette optique, que la rédaction de Géopolis Hebdo a approché, Alain Kilapi, Expert en question digitale pour éclairer la lanterne de l’opinion sur le contenu de cette nouvelle confidentialité de WhatsApp.

Enock ISEY : Monsieur Alain Kilapi, vous êtes expert sur les questions digitales. Quelle lecture faites-vous de la nouvelle mise à jour de confidentialité de l’application WhatsApp qui, ce dernier temps, crée la confusion auprès de ses utilisateurs ?

Alain Kilapi : À Kinshasa et dans le Congo, des millions de personnes utilisent WhatsApp pour rester en contact avec leurs proches, leurs familles, vendre et acheter. Il est donc normal qu’elles soient sensibles à tout changement lié à cette application. Mais ce qui s’est passé est surtout lié à une mauvaise compréhension de la mise à jour de WhatsApp. La communication de Facebook aussi n’a pas été très adaptée. La plupart des gens ont découvert l’information qu’ils devaient accepter la nouvelle politique de confidentialité de Facebook. Les spéculations sont alors allées dans tous les sens.

Il aurait fallu éduquer les gens d’avance avant qu’ils ne reçoivent la notification directement dans l’application. Facebook la maison mère de WhatsApp a d’ailleurs compris la situation et on peut remarquer des efforts de communication. Depuis le 25 Janvier 2021, WhatsApp fournit directement aux utilisateurs des informations sur des mises à jour via l’onglet Statut pour éduquer les utilisateurs et ainsi combattre la désinformation active qui a accompagné la première annonce.

E.I : En quoi consiste t-elle réellement ?

A.K : Selon les mots même d’un communiqué de presse de WhatsApp « … La mise à jour de la politique, qui ne concerne essentiellement que les messages à une entreprise, n’a aucune incidence sur la confidentialité de vos messages avec vos amis ou votre famille. Pas de changement sur le plan de la confidentialité et de la sécurité de votre messagerie personnelle : les messages personnels sur WhatsApp et Facebook restent protégés par le chiffrement de bout en bout. En résumé, ni WhatsApp ni Facebook ne peuvent lire vos messages ou écouter vos appels avec vos amis, votre famille et vos collègues de travail. »

Il est donc clair que notre usage quotidien de WhatsApp n’est pas concerné par cette mise à jour de la politique de confidentialité. Nos messages privés sont cryptés de bout en bout comme il nous est notifié dans l’application. Il est clairement dit que notre historique d’appels n’est pas enregistré, les numéros ne sont pas partagés avec les autres applications de la famille Facebook. Les groupes WhatsApp aussi restent privés et les informations ne sont pas utilisées, même pas à des fins publicitaires.
Le drame, c’est que nous sélectionnons juste des aspects quand il y a une nouvelle règle comme ce changement de politique de confidentialité surtout lorsqu’il y a un effet de groupe avec des publications nombreuses qui donnent des informations contradictoires.

E.I: Plusieurs utilisateurs WhatsApp choisissent des applications similaires à WhatsApp, pour des raisons de sécurisation de leurs conversations. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?

A.K : La peur de perdre leur compte WhatsApp et de se retrouver coupé de leurs contacts a été la première raison en RDC de ces choix d’essayer d’autres applications. Ensuite il faut avouer que les usages ont beaucoup changé sur les applications de messagerie instantanée. Les gens utilisent WhatsApp pour partager des confidences, des avis très intimes ou des informations privées, la perspective de voir le contrôle leur échapper a entraîné un mouvement de panique.

WhatsApp est très plébiscité chez nous, et je crois que c’est ce succès qui a entraîné le niveau de réaction. Mais le phénomène comme je l’ai dit tantôt a été aggravé par les diffusions d’informations erronées sur ce en quoi consistait réellement cette mise à jour. Ce que nous constatons c’est qu’il n’y a pas eu de migrations mais plutôt une multiplication des usages. Si les gens avant n’utilisaient qu’une application, ils en utilisent plusieurs aujourd’hui et pourront apprécier par eux-mêmes, ce qui leur offre la meilleure expérience.

E.I: Il est dit que cette mise à jour de confidentialité ne concerne que les entreprises. Comment cela se fera? Est-ce que les entreprises n’auront plus de circuits privés ?

A.K : WhatsApp a expliqué que la nouvelle politique de confidentialité ne concerne que des changements relatifs à l’envoi de messages à une entreprise sur WhatsApp, ce qui est optionnel et n’affecte pas la très grande majorité des utilisateurs. De façon pratique, si vous continuez à écrire qu’à vos amis, rien ne change pour vous.

Toutefois, lorsque vous contactez une entreprise, que ce soit un vendeur de services, votre banque ou bien même un service public, WhatsApp lui fournira les informations sur vous dans le but de lui permettre de vous identifier et de vous servir de façon convenable.

E.I: Quelles méthodes mettre en place en tant qu’expert, pour regagner la confiance des utilisateurs ?

A.K : Je crois qu’en repoussant l’entrée en vigueur de la nouvelle politique de confidentialité jusqu’au 15 Mai, WhatsApp qui il faut le rappeler appartient à Facebook Inc, a pris la mesure de la confusion semée par les premières communications. La pédagogie doit continuer, ce que recherche les utilisateurs en général, et en RD Congo en particulier, c’est l’assurance que leurs conversations privées ne vont pas se retrouver sur la place publique.

Il y a également un effort à faire pour lutter contre la désinformation et les rumeurs dans la mesure du possible et avec l’aide de médias sérieux. Mais une fois le vent de panique passé, je reste convaincu que ce sont les utilisateurs qui vont gagner parce que les différentes applications vont faire preuve de plus de transparence dans leurs communications et dans les informations données au public sur l’utilisation faites des données personnelles.

E.I : Existe-t-il des moyens auxquels les différents utilisateurs peuvent recourir pour se rassurer de la confidentialité de leurs messages, audio et autres ?

A.K : La plupart des applications de messagerie instantanée, disent depuis un moment disposer d’un chiffrement de bout en bout. Ils existent pour chacune de ces applications, des façons de vérifier, qu’elles expliquent dans leurs communications.

Si vous prenez le cas de WhatsApp par exemple, elle vous permet de vérifier que les appels que vous passez et les messages que vous envoyez sont chiffrés de bout en bout. Il suffit de rechercher simplement l’indicateur de ce chiffrement directement au sein de la discussion, c’est-à-dire dans les messages, dans les infos du contact ou dans les infos de l’entreprise.

Propos recueillis par Enock ISEY

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