Culture

Pages choisies : Le temps de la femme (2ème partie)

La clôture des activités relatives aux Droits de la Femme, menées tambour battant, ici et là, nous offre l’opportunité de publier quelques pages choisies de la pièce de théâtre intitulée « Le temps de la femme. » afin de consolider les acquis des valeurs défendues, tout au long du mois de mars 2021. Cette pièce de théâtre met en relief la victoire d’une Kongolaise aux élections présidentielles. Elle est ainsi la première œuvre artistique, reçue à Boma/Kongo central en juin 2011 – une de nos réalisations ayant bénéficié d’un blending : un subtile mélange du réel et de l’imaginaire – à attirer l’attention des Compatriotes sur cette éventualité (?) Cette utopie ? Ce rêve ? Cette provocation ? L’espoir suscité se réalisera-t-il un jour ?

ASSISTANTE : Mesdames, mesdemoiselles, nnhuujjumý6essieurs … Bonsoir. N9966ous sommes particulièrement heureuses, ce soir, de vous présenter le premier numéro d’une longue série d’émissions, radioté0nnoflévisées, intitulées « Le temps de la femme pour la défense des valeurs durables » et ou en abrégé « Le temps de la femme ». En effet, l’heure a sonné. Et elle est déjà venue pour que la parité intégrale, celle qui est consacrée pourtant par l’article numéro 14 de notre constitution, devienne effective dans notre Pays pour le bonheur de tous. Car, la femme est dotée d’une multitude d’excellentes qualités, qui si elles sont judicieusement utilisées, boosteraient la qualité de la vie.

Le premier numéro, de cette série d’émissions, a la chance de recevoir, ce soir, pour vous et en primeur, une grande dame… Au propre comme au figuré… J’ai cité Madame A…, Porte-parole de Madame la Présidente de la République, la première femme kongolaise à occuper cette haute fonction dans notre beau Pays au cœur de l’Afrique… A l’issue des élections valablement organisées.

Pour ceux qui nous prennent maintenant… Nous rappelons que Monsieur le Rapporteur de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI en abrégé, vient de publier les résultats de l’élection présidentielle du … 20…. C’est Madame Furaha, candidate unique de la plateforme « Défenses des valeurs durables » qui a été élue par une confortable majorité. Soit 65% des voix exprimées.

Vous êtes nombreux, ce soir, à vous poser plusieurs questions. Que s’est-il réellement passé pour qu’une candidate, qui n’a apparemment pas dépensé beaucoup d’argent, qu’elle n’avait d’ailleurs pas, pour la campagne électorale, puisse gagner, haut la main, les élections présidentielles contre toute attente, contre les avis de tous les spécialistes en la matière.

C’est pour vous permettre de comprendre et surtout de réaliser le moment historique qui est actuellement le nôtre, que ce jeu de questions-réponses est organisé…

Tout le plaisir est pour moi, de vous présenter les deux distingués confrères présents, sur le plateau… A ma gauche, Monsieur… Rédacteur en chef au groupe de presse « Mukuuta »… A ma droite, Monsieur… Sous-directeur à la «Radio Télévision Rurale Kenda Bula Bula»… Madame A… est Porte-parole de Madame la Présidente, celle que vous avez massivement élue…

(Vers ses invités.) Messieurs… vous avez la parole pour poser toutes les questions d’éclaircissement et ou de précision. Pour plus de convivialité, je vous propose le style de dialogue entre vous et nous deux… Qui ouvre la conversation ? Monsieur de « Mukuuta » !… Oui, vous avez la parole.

PREMIER JOURNALISTE : Merci, madame. Ma première préoccupation est la suivante. Cette large victoire était-elle inattendue pour vous aussi ?

PORTE PAROLE : En toute franchise, oui. Nous sommes autant surprises que vous des résultats de cette élection. Mais eu égard au retranchement dans lequel la plupart des hommes ont confiné les femmes, celles-ci ont pris le taureau par les cornes. Un mot d’ordre strict a été largement diffusé à travers le pays… De bouche à oreille, un message aussi clair, précis que concis. Ce résultat témoigne de notre foi et de notre détermination d’apporter enfin notre pierre à l’édification de notre héritage commun, en ce temps crucial de la fin d’une époque.

PREMIER JOURNALISTE : Est-ce un rêve ?

PORTE PAROLE : Non. Pas un rêve ordinaire. Mais un beau rêve, un rêve spécial, devenu réalité par la conviction de plus de trente-six millions de Kongolaises, longtemps courbées sous le poids de la coutume ; d’une certaine coutume, à sens unique propagée et entretenue par les hommes depuis des milliers d’années. Pour nous, c’est le plus beau jour de notre vie.

PREMIER JOURNALISTE : Je n’en doute pas.

DEUXIEME JOURNALISTE : Quand aviez-vous pris la décision de présenter une candidate unique aux élections présidentielles du … 20… ? Telle est la première question que tout le monde se pose ce soir !

PORTE PAROLE : En 2006, lors de l’élection présidentielle, les quatre candidates féminines réunies n’ont pas dépassé un pour cent de l’électorat. Ce fait a suscité, dans nos familles respectives, beaucoup de réactions négatives, beaucoup de moquerie surtout de nos maris-frères-cousins ; et de tous les hommes en général. Comment les femmes, qui constituaient 56% de l’électorat en 2006, n’ont-elles pas voté pour leurs consœurs ? Au point que celles-ci n’ont récolté qu’un pour cent ! Donc moins de 250.000 voix sur les 25 millions d’électeurs inscrits au premier tour ! Tirant des leçons de ce passé récent, nous avons décidé, cette fois-ci, de prendre notre destin entre nos mains…

DEUXIEME JOURNALISTE : Qu’avez-vous fait concrètement ? Comment peut-on réussir sans avoir conduit une campagne électorale suivant les règles de l’art ?

PORTE PAROLE : Bonne question. La réponse est simple, claire comme de l’eau à boire.

PREMIER JOURNALISTE : Ah bon !

PORTE PAROLE : Le résultat est-là devant vous, chers messieurs.

DEUXIEME JOURNALISTE : Revenons à nos moutons, voulez-vous, chère madame (ironie).

PORTE PAROLE : Volontiers ! Voyez-vous, nous avons organisé cette rencontre pour satisfaire à votre curiosité tout en soulignant, pour la première fois dans votre vie d’hommes et de Kongolais, que pendant des décennies, voire plus d’un millier d’années ; vous les hommes kongolais, vous ne vous êtes pas donné la peine de nous connaître, de mieux connaître ni votre épouse, ni votre sœur, ni votre cousine, ni votre fille, ni votre nièce, ni votre tante et encore moins votre chère maman. En un mot comme en mille «échec et mat». Sur toute la ligne.

PREMIER JOURNALISTE (même jeu) : Ah bon !

ASSISTANTE : Pour une fois, depuis le brutal assassinat de Kimpa Vita Dona Béatrice… Et depuis la disparition on ne peut plus mystérieuse de Mukalenga Mukaji, d’heureuse mémoire ; la Kongolaise a su, non seulement conserver le secret, mais aussi et surtout le propager parmi ses consœurs tout en maintenant le flambeau allumé dans le cœur de la majorité des femmes. Et ce pendant plusieurs semaines. Si bien qu’aucun homme… Qu’aucun parti politique… Qu’aucun sondage, même celui utilisant des logiciels performants, n’a réellement appréhendé ce qui se passait effectivement sur terrain. En d’autres mots, dans nos campagnes et dans nos villes…

(A suivre)

Mweena Ngenyi wa Kumvuila

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