Communication

POUR QUE LE NUMERIQUE SOIT UN LEVIER PUISSANT DE CROISSANCE : « Il est urgent que les lignes bougent »

L’une des plus grandes et pertinentes analyses de ces trois dernières années que l’on puisse mettre au crédit de l’administration du Président Felix Tshisekedi est sans contexte le fait que celui-ci a déclaré avec raison que la République Démocratique du Congo peut rattraper son retard dans le domaine du développement et surtout de la croissance économique en pariant sur le numérique comme levier de croissance. Cette vision présidentielle répétée plusieurs fois tout au long des mois et au fil des occasions est devenue un vrai programme du gouvernement Sama Lukonde qui a hérité  du Plan National du Numérique, dans la seconde moitié de l’année 2019. Il est ainsi venu le temps de passer aux choses sérieuses, c’est-à-dire à l’alignement des politiques publiques qui doivent donner corps à l’avènement de ce numérique dans le pays, et permettre aux congolais de contribuer de manière efficiente à l’émergence de leur pays comme pays à revenu intermédiaire. Il est venu le moment d’examiner concrètement les voies et moyens de matérialiser cette vision qu’il convient de comprendre comme le développement de l’économie numérique. Cette dernière se définissant comme le secteur qui use  des télécommunications, de l’audiovisuel, des logiciels et de l’internet comme support de ses activités. Ce terme de l’économie numérique tente de conceptualiser le secteur des activités économiques liées au numérique. On peut compléter cette description par les trois piliers de cette économie qui sont la technologie, l’organisation et la culture.

Pour arriver à tirer profit de cette immense opportunité le pays de Lumumba se doit de se rassurer qu’il a effectivement la possibilité de se renforcer au niveau technologique, qu’il est organisé de manière à gérer cette donne, et surtout qu’il a impulsé au sein de la population une vraie culture du numérique qui seule peut fixer solidement l’économie numérique.

A ce jour il est vrai de dire que les trois piliers ne fonctionnent pas encore en harmonie, car l’organisation du pays ne parvient pas à doter celui-ci des infrastructures suffisantes pour une connexion optimale des populations, le taux de pénétration de l’internet par exemple est de moins de 25 pour cent ; les différents opérateurs sont déployés seulement dans des zones économiquement viables pour eux, et une grande partie de la population est tenue à l’écart de ces innovations. Quand bien même l’accès est possible dans certains milieux, il est constaté l’insuffisance d’une culture du numérique, et cette situation est à la base des multiples manipulations, désinformations, et parfois de l’intoxication des populations qui ne savent pas utiliser à bon escient ces différents dispositifs techniques.

Pour mettre en place ces différents aspects, des acteurs et pas les moindres sont alignés; à commencer par la présidence de la république, le parlement, le gouvernement, par les ministères des Postes, télécommunication et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PNTIC), du numérique, de la communication et des médias, de l’économie, mais aussi du régulateur du secteur, l’Autorité de régulation de la poste et télécommunications du Congo (ARPTC).

Au regard des défis qui se montrent pour le moment comme des obstacles, il est impérieux que les lignes bougent grâce à des décisions courageuses, comme il l’a fallu dans le passé quand des personnes avisées ont décidé de l’interconnexion des différents réseaux de télécommunication. Cette décision salutaire a fait exploser les nombre d’abonnés et à augmenter de manière sensible le chiffre d’affaires du secteur. Selon des experts du domaine, il est impérieux que des décisions courageuses soient prises pour améliorer de manière radicale les grands axes suivant ; la réglementation, les infrastructures, le contrôle et le bénéfice des consommateurs.

En travaillant sur la réglementation, les instances législatives, vont fluidifier les opérations et permettre aux investisseurs éventuels de trouver des bases légales, à leur prospérité annoncée par un code des investissements des plus attrayants.

Au regard de ce grand chantier, la tâche herculéenne revient à l’instance de régulation qui doit assurer le déploiement et le développement des infrastructures à même de soutenir cette économie numérique, elle doit aussi impulser dans le pays la vulgarisation de la culture numérique, car chaque usager du secteur est fondamentalement un agent économique et un contribuable, à même de fournir les moyens nécessaires à la marche du pays. Point n’est besoin de revenir sur les retombées financières que peut engranger un numérique maîtrisé; mais l’enjeu reste l’augmentation du nombres d’utilisateurs et la mise à disposition de ceux-ci des infrastructures et des dessertes qui conviennent.

C’est dans cette perspective que l’on peut comprendre le dernier décret signé par le chef du gouvernement pour garantir à l’ARPTC des moyens financiers plus importants, pour faciliter l’atteinte de ses nombreux objets, indispensables pour la transformation numérique que doit impérativement réussir la RDC, en retard sur ce plan face à plusieurs pays d’Afrique. L’ARPTC doit se déployer dans les 26 provinces (seulement 5 aujourd’hui), doit significativement renforcer ses capacités, en équipements de divers contrôles sur les activités de communications électroniques, déployés par les opérateurs locaux, les sociétés ou initiatives privés, etc. : contrôle des trafics réalisés par les opérateurs, d’expériences vécues de la qualité des communications, de qualité des réseaux en termes de couverture, du spectre des fréquences, et bien d’autres; du renforcement des capacités en expertises diverses de ses ressources humaines, pour la veille technologique du secteur, son encadrement réglementaire, le respect des pratiques internationales dans les TICs,etc. Grace à une politique volontariste, l’économie numérique à implémenter favorisera la mise en place d’une relation directe avec les consommateurs et ce sans contrainte de temps de temps et de lieu. Elle facilitera la personnalisation des relations avec une clientèle devenue plus exigeante en termes de qualité des services et des produits qu’on lui présente. Aujourd’hui les différents opérateurs, surtout dans les télécommunications ont créé une forme d’accoutumance à l’inconfort, en développent dans la perception des consommateurs qu’une bonne communication est l’exception, et que dans la plupart des cas les réseaux sont défaillants. Voilà ce qu’il faut combattre comme culture, et ce travail doit être un effort collectif de toute la société, qui doit exiger d’obtenir des services de bonne qualité. Au niveau de la réglementation, le législateur est appelé à initier des lois qui s’approchent le plus prêt de la réalité économique du secteur, et surtout de conduire les réflexions dans un élan dynamique en adéquation avec l’évolution rapide des nouvelles technologies.

Robert Tanzey

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