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Proposition de Uhuru Kenyatta pour ramener la paix à l’Est : Une coalition des forces de plus en RDC ?

Le président Uhuru Kenyatta a demandé mercredi l’activation urgente d’une force d’intervention de l’Afrique de l’Est pour aider à réprimer la violence dans l’est de la République démocratique du Congo.
Selon un communiqué publié par le State House à Nairobi, le président Kenyatta est préoccupé par la recrudescence de la violence dans le Nord-Kivu et souhaite que la région soit déclarée zone sans armes.

« Je demande l’activation de la Force régionale d’Afrique de l’Est sous les auspices de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) », a déclaré le président Kenyan.
La force régionale est l’alternative qui avait été choisie, en avril 2022, lors du conclave des chefs d’État de la sous région d’Afrique de l’Est contre ceux des groupes armés qui n’auraient pas saisi la main tendue du gouvernement congolais pour faire la paix.

Le président Kenyan a annoncé d’ores et déjà une réunion des commandants régionaux des forces de défense, coopérant au processus de Nairobi, prévue le dimanche 19 juin 2022, au Kenya. Cette réunion est censée finaliser les préparatifs pour entreprendre le déploiement de la force régionale.

Des zones spécifiques de l’Ituri, du Nord-Kivu, telles que Bunagana, Bugusa, la plupart des régions du Petit Nord, Masisi, Lubero, l’axe principal de Beni-Kasindi, et les provinces du Sud-Kivu ont connu une résurgence de la violence lorsque le groupe rebelle M23 a affronté les forces gouvernementales, les FARDC. C’est dans ces régions que le président Kenyatta souhaite que soit déclarée une zone sans armes, « où tout individu ou groupe portant des armes en dehors des forces officielles et légalement déployées et mandatées dans le pays sera désarmé ».
La force régionale d’Afrique de l’Est sera déployée immédiatement dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu « pour stabiliser la zone et faire respecter la paix en soutien aux forces de sécurité de la RDC et en étroite coordination avec la Monusco [forces de maintien de la paix des Nations unies] », a-t-il déclaré.
« La force régionale travaillera avec les autorités locales et provinciales pour soutenir un processus de désarmement ordonné et permanent dans le cadre du Programme de désarmement, démobilisation, libération communautaire et stabilisation (P-DDRCS) afin de créer des conditions favorables à la stabilité et à la paix dans l’Est de la RDC », note le président Uhuru Kenyatta.

En République démocratique du Congo, cette proposition est accueillie avec circonspection. Martin Fayulu, président du parti Ecidé (Engagement Citoyen pour le Développement) s’oppose à l’idée de confier la sécurité nationale aux autres forces que les FARDC.  » On ne peut pas sous-traiter la sécurité interne du pays aux autres forces. Nous devons équiper correctement nos forces armées, et avec le soutien de la population, nous pourrons pacifier l’Est du pays, a déclaré Fayulu à Géopolis Hebdo.

« L’initiative est louable, d’autant plus tous les pays voisins aspirent à la paix et aux échanges commerciaux. La menace islamiste concerne tous les pays de la région. Cependant, le mieux serait d’abord de procéder par une évaluation des forces en présence sur le sol congolais notamment la Monusco. Car, il faut craindre que les intérêts divergents de différentes forces fragilisent la Bonne initiative », a indiqué à Géopolis Nicaise Kibel Bel, expert des questions sécuritaires et militaires.
Plusieurs autres analystes interrogés, disent leur réserve quant à la proposition de Kenyatta.
« Il faut s’assurer à travers des mesures coercitives qu’aucun pays de la force régionale ne puisse soutenir un groupe armé et entrevoir la possibilité pour chaque pays de négocier avec sa rébellion opérationnelle sur le sol congolais », prévient Kibel Bel.

Patrick Ilunga

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