Politique

RDC : A quand le dégazage du lac Kivu ?

Le dégazage du lac Kivu est devenu une priorité pour la République Démocratique du Congo car le gaz se concentre à environ 10 mètres de la surface. Pour prévenir ce danger, le Président de la République, Félix Tshisekedi, avait demandé après l’éruption du volcan Nyiragongo de tout mettre en œuvre pour entrer en contact avec l’opérateur devant entamer les travaux de dégazage. Mais d’après Didier Budimbu, Ministre des Hydrocarbures, ce processus de dégazage a connu un petit retard. Pour cause, le blocage de l’argent nécessaire auprès de la Banque Centrale. Ce projet de dégazage devrait coûter 5,5 millions USD.

Pourtant, le volcan Nyiragongo s’agite de nouveau. D’ailleurs, l’observatoire volcanique de Goma signale une forte activité sismique (des secousses appelées trémors) et une hausse de la température. De nouveau il crache de la fumée et des cendres. Mais on sait que quelque chose de bien moins contrôlable qu’une coulée de lave se cache sous les eaux du lac Kivu et menace la vie de deux millions de personnes.

Risque de dégazage brutal

Une éruption du volcan pourrait provoquer l’explosion de ces gaz. Le lac Kivu est le lac d’Afrique le plus dangereux. Il est qualifié de méromictique, c’est-à-dire que ses eaux de surface et de profondeur se mélangent rarement. Au fond du lac se concentrent alors d’importantes quantités de gaz toxiques (sulfure d’hydrogène, gaz carbonique et méthane). En cas de tremblement de terre ou d’éruption volcanique, il y a un risque important de dégazage, brutal et volumineux. Or, le lac Kivu s’étend au pied du Nyiragongo, le volcan le plus actif d’Afrique, entré en éruption pour la dernière fois en mai 2021. Si la lave du volcan entrait en contact avec les gaz, cela pourrait provoquer une catastrophe majeure.

Le drame du lac de Nyos

Tout le monde a en mémoire le drame du lac de Nyos, au nord du Cameroun, survenu en 1986. Une éruption non visible avait fait remonter à la surface du lac entre 100 et 300 000 tonnes de dioxyde de carbone. Le nuage de gaz s’est d’abord élevé à près de 100 km/h avant de retomber sur les villages voisins, asphyxiant personnes et animaux jusqu’à 25 kilomètres du lac. 1 700 habitants avaient trouvé la mort.
Depuis cette catastrophe, des siphons ont été installés en 2001 à Nyos afin de dégazer le lac placé depuis sous haute surveillance. En 2016, les responsables de l’opération considéraient que 90% du gaz avait disparu. C’est la même chose qui est prévue sur le lac Kivu.
Une station pilote a été installée en janvier 2020 dans le golfe de Kabuno, bien avant l’éruption du Nyiragongo. « Mais depuis l’installation des matériels, placés sous la surveillance des personnes, rien n’est fait », indique Actualité.cd. Des experts de l’observatoire volcanique de Goma déplorent « cette sorte de laxisme dans l’exécution de ce projet ».

Djodjo Mulamba

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