Economie

RDC – Finances publiques : Le Gouvernement Sama bât un nouveau record, les réserves de change ont atteint le pic de 3,8 milliards USD

Les réserves de change congolaises, entendons par-là les avoirs détenus par la République Démocratique du Congo (RDC) via la Banque centrale du Congo (RDC) en monnaies étrangères ou en or en interne et en externe, ont atteint le pic record de 3,8 milliards de dollars américains, équivalent à près de 12 semaines d’importation. Pratiquement trois (3) mois. C’est la gouverneure de la Banque centrale du Congo (BCC) en personne, Marie-France Malangu Kabedi, qui l’a annoncé au Conseil des ministres du vendredi 13 mai 2022 présidé par le président de la République, Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Sous la présidence de Joseph Kabila Kabange, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo les avait laissé à plus ou moins 1,1 milliard USD. Elles ont été réduites à 500 millions USD sous le Gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba avant de remonter la pente pour dépasser le pic de 3.8 milliards, une prouesse à mettre à l’actif du Gouvernement Sama Lukonde Kyenge dont l’amélioration de la gouvernance dans la gestion des ressources naturelles, des entreprises du Portefeuille et des Finances publiques constitue le pilier 5 de son ambitieux programme gouvernemental présenté à l’Assemblée nationale en Avril 2021 pour solliciter à la fois son vote et l’investiture du Gouvernement des warriors.

Invitée à participer à cette réunion gouvernementale chaque fois que le besoin se fait sentir, elle (gouverneure de la BCC, ndlr) a enfin fait état de l’accumulation continue des réserves de change qui ont atteint 3,8 milliards de dollars américains. Lit-on dans le compte-rendu de ce Conseil des ministres signé par le ministre de la communication et médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe.

En effet, au début de la pandémie de Covid-19, plusieurs observateurs prévoyaient une catastrophe sanitaire et économique dans plusieurs pays africains. Mais le continent a déjoué ces pronostics et des pays comme la RDC ont même fait mieux que résister. En RDC, l’économie continue d’afficher une belle résilience face aux effets de la pandémie de Covid-19 et de l’invasion russe de l’Ukraine. Alors que le Fonds Monétaire Internationale (FMI) prévoyait en avril dernier une contraction annuelle de l’économie, la BCC s’attend finalement à une croissance de plus de 6% du PIB en 2022, grâce au dynamisme de l’activité extractive et de l’embellie des cours des matières premières d’où proviennent la quasi-totalité des réserves de change du pays, sans oublier bien sûr les appuis budgétaires et les Facilités élargi de crédit (FEC) du FMI.

Selon Patrick Muyaya, la gouverneure de la BCC a relevé que les dernières projections situent le taux de croissance économique à 6,1% en 2022 en RDC, relevant du dynamisme des industries extractives.

Malgré cette bonne performance économique, certains spécialistes de la science économique doutent de sa durabilité à long terme. Selon Chadi Bou Habib, économiste principal de la Banque mondiale pour la RDC,  » en dépit de ces résultats positifs en matière de stabilité macroéconomique et de croissance, la résilience à long terme du pays nécessite une meilleure mobilisation des recettes du secteur des ressources naturelles, une réduction de la dollarisation, une réduction de la concentration de l’économie et une diversification des acteurs dans le secteur minier  ».

L’insuffisance des recettes de l’État et l’érosion des réserves de devises, a-t-il ajouté, fragilisent souvent la stabilité de la RDC à moyen et long termes. La rente des ressources naturelles est pourtant très élevée. Elle a atteint 36% du PIB en 2012, plaçant ainsi la RDC au 16e rang parmi les 186 pays du classement de la Banque mondiale sur les indicateurs du développement dans le monde. Toutefois, la mobilisation des recettes issues des ressources naturelles n’a pas dépassé 14,4 % du PIB, plaçant le pays à la 104e position parmi les 117 pays du classement. La forte dollarisation de l’économie congolaise (91 % des crédits et 86 % des dépôts), réduit la marge de manœuvre de la politique monétaire, accroît la pression sur les réserves de devises, et prive le gouvernement de 1 à 2 % du PIB en revenus de seigneuriage.

Notre source a constaté aussi que les exportations de la RDC sont concentrées de manière excessive vers la Chine et que son économie est trop dépendante des matières premières. Ces facteurs risquent de fragiliser l’économie du pays. Par exemple, une réduction du PIB chinois d’un point de pourcentage réduirait le PIB congolais de 0,33 point, provoquant une baisse des réserves de devises de 107 millions de dollars.

Ces constats plaident en faveur d’une diversification de l’économie, rendue toutefois difficile du fait du  manque d’infrastructures et de capacités. L’émergence de petites et moyennes entreprises minières aux côté des multinationales peut être un atout pour la diversification du secteur des industries extractives. Et il faut donc encourager leur développement.

Dieudonné Buanali

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