Santé

RDC : La rougeole tue à nouveau dans plusieurs provinces

La rougeole tue à nouveau en République démocratique du Congo. Cette maladie qui a été très meurtrière pendant plus de trois ans, tuant plus de 7000 enfants au Congo entre 2017, 2018, 2019 et 2020, a de nouveau été détectée dans les provinces de l’Equateur, du Nord-Ubangi, du Sud-Ubangi, du Maniema, Kasaï central, Bas-Uele et Sankuru. Selon le Docteur Aaron Aruna, Directeur de surveillance épidémiologique au ministère de la santé en RDC, « contrairement aux fois précédentes, cette fois-ci, ce n’est pas toutes les 26 provinces de la RDC qui sont touchées par l’épidémie ». Le docteur Aruna a précisé à Géopolis Hebdo que la rougeole qui a refait surface depuis 4 semaines, dans 7 provinces du Nord-ouest, du centre et de l’Est de la RDC est un peu plus clémente. Elle fait autour de 5 morts par semaine pour 1000 cas environ dans toutes ces provinces chaque semaine. Les victimes sont principalement les enfants de 5 ans ou moins.  » La situation n’est pas alarmante par rapport à l’année passée », a dit le chef de la surveillance épidémiologique. Mais en réalité, la situation de cette épidémie pourrait être un peu plus grave, parce qu’on sait que, en RDC, il y a certains cas de maladie qui ne sont pas déclarés du fait que les malades sont dans des zones où il n’y a pas forcément de service de santé adéquat pour identifier certaines épidémies.

Le docteur Aruna a néanmoins ajouté qu’il y a eu d’autres « cas suspects », dont on ne peut pas dire pour l’instant si c’est la rougeole.
Le bureau de l’organisation mondiale de la Santé en RDC, lui se montre un peu plus alarmant. L’OMS RDC affirme que la rougeole a déjà fait 90 morts en 2021, pour 7961 cas. La grande partie des cas sont enregistrés dans le Sud-Ubangi, (Nord-ouest de la RDC, 1000 km de Kinshasa).

Les causes de la persistance de la rougeole en RDC sont multiples. D’abord, le docteur Aruna a reconnu qu’il y a un « grand problème de logistique » auquel font face les services du ministère de la santé pour l’éradication totale de cette maladie. Par ailleurs, la question de la bonne sensibilisation se pose également. Le chef de la surveillance épidémiologique a fait savoir aussi que certains congolais sont très réticents aux vaccins. La persistance de la rougeole est dûe aussi au « relâchement de la vaccination de routine ».

Le gouvernement qui avait promis d’organiser « une campagne de rattrapage, n’a jamais réalisé ses promesses », a dit le docteur Aaron Aruna, avant d’ajouter : « on se débrouille avec le peu des moyens qu’il y a. L’idéal serait de mettre à la disposition de chaque zone de santé des stocks de vaccins, comme il y a 20 ans pour qu’à chaque fois qu’il y a épidémie, la riposte s’organise rapidement ».

L’OMS a aussi pour sa part, identifié les facteurs « internes et externes » à l’origine de la survenue de la flambée de l’épidémie. Il s’agit entre autres de « la difficulté d’atteindre toutes les zones de santé, une couverture insuffisante de la chaîne du froid (50 à 88% des besoins par zone de santé), un personnel de santé en nombre insuffisant ».

Pour le cas du Sud-Ubangi, province la plus touchée, l’OMS a pointé du doigt la multiplicité « des points d’entrée et des déplacements entre ces zones et les pays voisins (République du Congo et République Centrafricaine) ».
A présent, la riposte s’organise. Et selon le docteur Amédée Prosper Djiguimdé, chef du bureau OMS en RDC, la campagne de vaccination est en train d’être menée
afin de « renforcer l’immunité et de réduire ainsi la morbidité et la mortalité attribuables à la rougeole. »

Entre novembre 2020 et janvier 2021, dans au moins 546 localités réparties dans 8 provinces de la RDC, une campagne de vaccination avait été organisée contre la rougeole. Mais, il est curieux de voir la montée de la rougeole parmi les provinces qui pourtant ont bénéficié d’une campagne de vaccination. Le programme élargi de vaccination (PEV) a noté ‘‘63% des enfants qui ne sont pas vaccinés ou qui ont un statut vaccinal inconnu,’’ dans les provinces touchées.
L’OMS renseigne aussi que près de 2500 enfants des réfugiés centrafricains, présents en RDC ont bénéficié aussi de la vaccination.

Pour éviter d’avoir une épidémie comparable à celle qui a fait plus de 7000 morts en RDC, « le pays est en train de finaliser son analyse de risque d’épidémie de rougeole sur la base de l’outil MRAT (Measles Risk Assessment Tool) qui permettra d’affiner le plan de préparation et riposte aux épidémies », souligné le Dr Djiguimdé.

Pendant ce temps, sur le plan opérationnel, les équipes de Médecins Sans Frontières, déployées dans les provinces touchées pour soutenir les équipes locales disent « se sentir parfois trop seules » face à l’urgence de l’épidémie. En RDC, depuis la démission du premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, et de son gouvernement en février dernier, le pays attend toujours le nouveau gouvernement qui aura les moyens d’action adéquats. L’actuel gouvernement est démissionnaire et, est limité dans l’engagement de grandes actions de terrain.

Patrick Ilunga

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