Politique

Retrait de la candidature au Conseil de sécurité : La RDC soulage le Gabon

A partir de 2022, un pays de l’Afrique Centrale devra occuper le poste de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU). L’élection à ce poste est donc prévue le vendredi 11 juin prochain à l’Assemblée Générale des nations Unies à New York, siège de l’ONU et capitale économique des États-Unis. Selon l’Union Africaine (UA), seul le Gabon est candidat à ce poste. La République Démocratique du Congo qui avait relancé sa candidature en sommeil depuis le 2 octobre 2019 a décidé de se retirer de la course face au Gabon et préférait briguer le même poste pour la période 2026-2027. L’annonce a été faite le lundi dernier par le Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Étrangères, Christophe Lutundula Apala .

Grâce à cette annonce qui intervient quelques jours après un bras de fer entre les deux pays à propos de leurs candidatures, le pays d’Ali Bongo peut souffler. Et c’est donc rassurant que les autorités gabonaises prendront part à cette élection du 11 Juin. Le retrait de la RDC est un ouf de soulagement pour le Gabon car cette décision a été bien accueillie à Libreville. Les gabonais voyaient dans la candidature de Kinshasa un obstacle et craignaient même de perdre le scrutin face un à pays influent, et dont le Président est également président en exercice de l’UA.

D’ailleurs, le président Tshisekedi n’avait pas hésité de relancer une candidature de la RDC en veilleuse depuis 2019. Et c’est malgré que le gouvernement gabonais avait rappelé que l’UA avait validé et soutenait la candidature du Gabon comme la seule de la sous-région de l’Afrique Centrale après le retrait de celle de Tchad. Cette candidature a été validée lors du dernier Conseil exécutif de l’UA qui s’est tenu du 3 au 4 Février 2021 et présidé par le président Tshisekedi.

Selon certaines sources concordantes, le Chef de l’Etat congolais avait lancé une mission de lobbying tout en mettant en branle son arsenal diplomatique jusqu’à New York. Cette mission a bien failli réussir pour cet Etat de 2.345.410 Km2 et de plus 100 millions d’habitants. Pour rappel, le Ghana a été désigné par l’Afrique de l’Ouest pour le représenter au Conseil de sécurité de l’ONU de 2022 à 2023.

Pourquoi L’Afrique est-elle moins représentée au Conseil de sécurité ?

Les pays africains contestent le nombre de sièges qui leur sont attribués sur la base de leur poids démographique. À cet effet, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio, a affirmé que  » l’Afrique compte 1,3 milliard d’habitants avec ses 54 pays membres du Conseil de sécurité. Cela n’a aucun sens que l’Afrique soit représentée par des postes de sièges non permanents . » En outre, le groupe revendique une meilleure représentation dans l’organe en raison des défis liés au maintien de la paix sur le territoire africain. En effet, la majorité des résolutions du Conseil de sécurité concernent les pays africains, principal théâtre des opérations de maintien de la paix. Selon Pierre Abomo, doctorant à l’Institut d’étude du développement économique et social, les multiples opérations de paix sur le territoire africain  » suffiraient pour revendiquer et justifier une présence africaine à titre permanent au sein du Conseil de sécurité « .

Toutefois, plusieurs pays s’opposent à offrir une plus grande représentation. Les raisons historiques qui ont mené à la composition actuelle du Conseil de sécurité sont mises de l’avant par les pays qui occupent un siège permanent et qui contestent une plus grande représentation africaine. Le Conseil de sécurité des Nations unies a été créé dans l’optique que les pays qui y siègent puissent garantir la paix et la sécurité dans le monde. En ce sens, pour les cinq membres permanents, aucun pays d’Afrique ne représente une puissance mature, capable d’assurer la stabilité et le maintien de la paix. Les nombreux conflits armés et les défis humains auxquels sont confrontés les pays africains empêcheraient ceux-ci d’accéder à un siège.

Afin de soutenir leur position, les opposants à une plus grande représentation africaine déplorent également la faible contribution financière des pays africains au sein du système onusien. Les opérations de maintien de la paix occupent une majeure partie du budget de l’organisation internationale. Bien que celles-ci soient orchestrées par le Conseil de sécurité, elles sont financées par l’ensemble des pays membres des Nations unies. La contribution n’est pas faite en fonction de la population, de sorte que certains pays tels que les États-Unis contribuent à plus de 25 % du budget total de l’organisation, alors que la plupart des pays d’Afrique ne contribuent qu’à 0,01 %.

Si la représentation africaine est déséquilibrée, ce continent n’est pas le seul à être sous représenté au sein de l’Organisation des Nations unies. Par exemple, le groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes détient seulement deux sièges non permanents au Conseil de sécurité. Après douze ans de négociations, les réformes visant à rendre l’organe plus représentatif et démocratique semblent être inatteignables.

Djodjo Mulamba

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top