Politique

Session des Évêques sur l’Environnement et les Ressources Naturelles : L’Église catholique intéressée aux enjeux géostratégiques liés à la protection de la  » maison commune  »

 » L’Église de la République Démocratique du Congo (RDC) face aux enjeux de l’environnement et des ressources naturelles pour la protection du Bassin du Congo et de la Maison commune  ». Ce thème est au centre d’un Atelier de haut-niveau qui se tient du 21 au 24 juin 2021, au Centre d’accueil Caritas, à Kinshasa-Gombe. Pourquoi les princes de l’Église catholique congolaise s’interessent-ils à la question de la gouvernance des ressources naturelles (Contexte et justification) ? C’est la question qui se pose avec acuité dans les états-majors politiques et au niveau des opérateurs miniers, pétroliers et forestiers en RDC. Pour la petite histoire, en 2007, dans leur message « A vin nouveau, outres neuves » les Évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) annoncèrent la création d’une Commission ad hoc pour les
Ressources Naturelles (CERN). Partant du paradoxe  » Abondance des Ressources naturelles face à la pauvreté de la population et aux conflits
récurrents liés à l’exploitation de ces ressources  », les Évêques motiveront la
création de la CERN en ces termes :  » Au lieu de contribuer au developpement
de notre pays (Ndlr : RDC) et profiter à notre peuple, les minerais, le pétrole et la forêt sont devenus des causes de notre malheur. Comment comprendre que nos Concitoyens se trouvent, sans contrepartie ni dédommagements, dépouillés de leurs terres, par le fait des superficies concédées ou vendues à tel ou tel exploitant minier ou forestier ?…  ».

Aujourd’hui, constate le tabloïd Géopolis, les raisons qui ont motivé la création de la CERN demeurent. En plus des minerais, du bois et du pétrole, il y a aussi l’eau et l’oxygène. L’engagement face au changement climatique, à la protection de la  » maison commune  » et du développement humain intégral devient de plus en plus contraignant.

Placée au coeur du 2ème poumon de la planète, le Bassin du Congo, dans un pays couvert par plus de 60% de la forêt de ce Bassin où d’importantes tourbières sont gardées humides grâce aux eaux du majestueux fleuve Congo, où les sols fertiles habités par une biodiversité des plus variables, couvent les hydrocarbures et les gisement miniers contenant non seulement, le cuivre, l’or, le coltan, la cassiterite, le diamant, les terres rares et I’uranium, mais aussi le cobalt et le lithium utiles pour la transition énergétique, l’Église
de la RDC n’a pas voulu rester contemplatrice des enjeux géostratégiques autour de la protection de la  » maison commune  » face à une économie globale vorace et peu soucieuse du développement humain intégral et de l’avenir de la planète.

A travers la CERN, la CENCO a contribué à l’amélioration des législations nationales (Code minier, loi sur les hydrocarbures) et a milité pour influencer certaines législations internationales (Loi Dodd Frank et la législation européenne pour l’accès responsable aux minerais). Elle a accompagné des communautés dans le dialogue avec les entreprises extractives, mais aussi dans les recours en vue de recouvrer les droits économiques et environnementaux violés. Elle ne s’est pas empêchée d’apporter son expertise dans des plateformes rêseaux visant la gestion transparente des revenus extractifs, la protection du Bassin de l’Amazonie et du Bassin du Congo, la protection des populations autochtones, etc.

L’engagement de l’Eglise, spécialement de la CENCO, dans le domaine de
l’environnement et des ressources naturelles tire son fondement dans la
Doctrine sociale de l’église et dans le Magistère, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans les accords internationaux, ainsi que dans la Constitution et les lois de la RDC.

 » Promouvoir un engagement effectif des Églises locales en vue de la sauvegarde du Bassin du Congo  » en est le seul objectif général  ». Quant aux objectifs spécifiques, ceux-ci sont au nombre de deux : 1) Renforcer les capacités des Evêques membres de la
CENCO sur les questions relatives à la gestion des ressources naturelles, à
l’environnement, au changement climatique et au plaidoyer ; et, 2) Permettre aux Évêques de la CENCO de définir les grandes lignes de leur pastorale diocésaine et d’ensemble sur les questions environnementales et des ressources naturelles.

Mais qu’en est-il des résultats ?

A l’issue de la session, les Évêques de la CENCO : Résultat 1: disposent des informations nécessaires sur les enjeux
environnementaux de la RDC, du Bassin du Congo et du Monde ; Résultat 2 : définissent les grandes lignes de leur pastorale diocésaine et collégiale pour la protection du Bassin du Congo et l’amélioration des conditions de vie de ses habitants, notamment la résilience des diocèses face aux impacts de la COVID-19 ; et enfin, Résultat 3 : un rapport de la session est produit et rendu public.

Quid des participants ?

 » Les participants à cet atelier sont les Évêques membres de la CENCO (50), les Secrétaires généraux de la CENCO et de l’ACEAC (04), les Secrétaires Exécutifs des commissions épiscopales (15), le Directeur des OPM, les membres de l’USUMA-ASUMA (04) et de l’UCC-IPCM (02), le Directeur du Bureau de Liaison avec le parlement de la CENCO, les Secrétaires des Assemblées Episcopales provinciales (06) et les points focaux des CDRN au niveau des provinces ecclésiastiques (06) et l’équipe d’appoint (06)  », a fait savoir Henri Muhiya Musabate, Secrétaire exécutif de la CERN et Membre du Secrétariat Exécutif du REBAC, dans les Termes de référence envoyés à tous les participants. Au total, une participation de 95 personnes.

Avec les mesures gouvernementales interdisant tout rassemblement de plus de 20 personnes sous peine d’amandes et arrestations, comment les choses vont-elles se passer ? S’est interrogé un des participants sous le sceau de l’anonymat.

Au-delà des participants à la session, des élèves, des étudiants et d’autres
personnes intéressées seront sensibilisés via les visites-guidées dans les stands des entreprises et ONG pour être informés sur les questions de l’environnement et de ressources naturelles.

Les Conférences sont animées par les représentants de l’Etat, les délégués de la Société civile, les délégués des entreprises publiques et privées, les scientifiques et les instances de l’Église au niveau local et international. Les interventions sont orientées dans le sens de faire un état de lieu des secteurs ciblés (Mines, Hydrocarbures, forêts et biodiversité, eau et énergie, terre, changement climatique), d’identifier les enjeux au niveau local, national, régional et international face au Cadre legal de la RDC et aux Instruments internationaux (Accords,
Résolutions, etc.), enfin de proposer les actions requises et des recommandations à l’Église.

Outre les conférences, les organisateurs ont prévu des expositions dans les stands érigés dans le parking et jardin intérieur du Centre Caritas-Gombe où les entreprises sont invitées à exposer leurs produits (Echantillons des matières premières et si possible des produits finis issus de ces matières, rapports, bulletin d’information, etc.) afin de compléter leurs exposés à travers les explications dans les stands.

Une conférence de presse sanctionera la fin de la session à l’issue de laquelle, un message des Évêques sur les questions de l’environnement et des ressources naturelles face
au changement climatique et à la protection du Bassin du Congo sera
publié dans I’optique d’interpeller et d’éveiller la conscience de toutes les couches sociales.

Dieudonné Buanali

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