Un résultat souhaité mais redouté. La victoire écrasante du Tout Puissant Mazembe sur l’équipe algérienne nous plonge de plein pied dans le monde de l’analyse, avec comme obligation de convenir à l’intelligence des faits des éléments explicatifs de cette performance presque permanente mais néanmoins incompatible à la culture générale des contreperformances congolaises. C’est quand même la même année que l’équipe olympique de la République Démocratique du Congo est revenue du Brésil sans aucune médaille, alors que l’équipe de Lubumbashi semble voler des victoires en victoires au point qu’il faille contenir des explosions de joie partout dans le pays.
Il faut, pour le plaisir de l’esprit et la paix de l’âme, trouver les raisons qui expliquent le succès devenu légendaire de cette équipe de football.
Selon plusieurs experts et observateurs de la société congolaise, il faut prendre en compte plusieurs facteurs qui, combinés, font la force actuelle du Tout Puissant Mazembe. La première des grandes innovations de cette équipe à l’avènement de son chairman Moïse Katumbi Chapwe, qui n’est plus à présenter, fut l’internationalisation de la compétence au niveau des joueurs, voire au niveau des encadreurs. Ayant compris que l’Afrique était une unité d’actions, TP Mazembe s’est projeté sur le continent à la recherche des talents et Dieu merci, il y en a partout et l’équipe a réussi un vrai panafricanisme sportif en prenant ce qu’il y a des meilleurs talents dans ce continent, victime des fois des préjugés défavorables de la part d’autres continents.
Des jeunes venus de la Zambie, du Ghana, de la Côte d’Ivoire, de la Tanzanie, du Mali, et d’autres pays se sont ajoutés à la kyrielle des talents congolais pour créer ce success-story au cœur de la savane katangaise.
Pour réaliser des telles performances, il a fallu se projeter au niveau des pères de l’indépendance qui voyaient une Afrique unie et indépendante. C’est comme si, pour aider son pays à aller de l’avant, il faut d’abord aider l’Afrique. En créant une sélection africaine, le Tout Puissant Mazembe a multiplié les raisons de soutien dans plusieurs pays. Ces internationaux sont les éléments de fécondité de cette équipe prestigieuse. En se libérant du carcan local, le TPM s’est mis à l’abri des pesanteurs qui ont tiré d’autres structures vers le bas car elles ne pouvaient que se projeter dans les tribus et ethnies pour agir quand bien même leur identité se retrouvait au niveau national.
L’internationalisation de la compétence a favorisé la professionnalisation de l’activité. Chaque intervenant au sein de l’équipe a fait de son activité son métier, l’affinant au fil des temps et le rendant plus important et apte à accueillir des innovations.
Tous des professionnels et à partir de ce moment, leur niveau d’engagement est orienté vers le résultat, c’est-à-dire les termes de référence quand on prend quelqu’un dans l’équipe, c’est pour qu’il amène une valeur ajoutée. C’est loin de cette maxime de Pierre de Coubertin, par ailleurs qui était en vogue au Zaïre du Maréchal Mobutu et qui s’est largement répandue, à savoir l’essentiel est de participer. C’est tout le contraire de Mazembe qui s’est autoproclamé champion de l’effort et du résultat.
Toutes ces raisons peuvent expliquer la montée en hauteur et en puissance de cette formation qui a eu le bonheur de compter sur un leadership éclairé et une somme d’intervenants de grande facture. Ce modèle économique qui est appliqué dans cette équipe de football peut servir de base pour une réflexion plus profonde à appliquer à toute la société.
Les bons exemples doivent toujours être cités quel que soit le secteur d’activité. Le cas de Mazembe dépasse largement le cadre congolais et c’est avec cette équipe que l’on comprend l’adage qui dit que : « sans le développement du Congo, l’Afrique ne saurait non plus se développer ». Le Tout Puissant Mazembe a mérité ce jour de son nom glorieux.
Adam Mwena Meji
