Economie

Contraintes dues à la Covod-19 : TRANSCO, urgence d’un appui pour éviter la paralysie, le Gouvernement Sama interpellé

C’est elle qui a sauvé récemment la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC) de la paralysie générale du système de transports en commun, du chantage à répétition et de la  » grève sans préavis  » déclenchée il y a une semaine par les transporteurs privés dont la majorité pratiquent à la fois, en toute impunité, le fameux phénomène  » demi-terrain  » et la hausse des prix. C’est elle encore qui affiche des tarifs à moindre coûts, 500 Francs congolais – CDF (0,25 cents la course), accessibles à toutes les bourses et parfois pour des longues distances. C’est toujours la seule société de transports en commun digne de ce nom de la ville-province de Kinshasa offrant le confort, l’assurance et la sécurité à tous ses passagers. C’est la seule société de transport en commun à mettre en circulation des bus pimpants neufs, au total 440, sans compter l’ancien charroi, et qui donnent de l’assurance de voyager autrement comme le dit si bien son slogan bien imprimé sur ses tickets. Elle, c’est la société des Transports au Congo (TRANSCO). Depuis sa création, le 30 juin 2013, cette jeune société gére plusieurs lignes de bus à Kinshasa après la dissolution de la Société de transport urbain du Congo (STUC) et de City-Train.

Quid de son charroi automobile ?

Lors du lancement de TRANSCO, le Gouvernement de la République avait doté l’entreprise de 500 bus dont : 1) 300 bus de marque égyptienne Tractafric Motors et ; 2) 200 bus de marque Mercedes-Benz. En 2019, TRANSCO commande de nouveaux bus pour les relations en provinces. Il s’agit de 50 bus Zhongtong. Récemment,
440 bus SCNT Volvo ont été acquis et mis en circulation dans la capitale où l’entreprise doit exploiter 28 lignes urbaines pour une population estimée à près de 12 millions d’habitants.

Force est de constater que plus de 80% du premier lot des bus acquis à son lancement est tombé en panne. La société connait d’énormes difficultés de fonctionnement pour acheter des pièces de rechange (pneus, vitres, chaises, phares, essuie-glaces, rétroviseurs, boulons, chambres à air, moteurs, etc), payer les carburants, huiles moteur, les salaires, primes et arriérés des salaires de plus de 6 mois, sans oublier ses prestataires. A qui la faute ? La faute aux prix pratiqués pour chaque itinéraire qui est quatre fois inférieur au prix réel du marché, aux mesures barrières, et au couvre-feu.

Le tarif de 500 CDF, un frein à la rentabilité !

Selon les spécialistes, une course chez TRANSCO devrait coûter en moyenne 2000 CDF, soir 1 USD par ligne. C’est l’équivalent du prix pratiqué actuellement par la concurrence sur terrain. Mais actuellement, elle est de 500 CDF. Un prix social voulu par les différents Gouvernements et qui n’obéit pas à la loi de l’offre et de la demande. Devant cette triste situation, il est très difficile de redresser la société malgré les bonnes intentions, les bons plans et l’expertise qu’on a.

La Covid-19 pointée aussi du doigt accusateur

Dans son arrêté pris lundi 21 juin 2021, le Gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, a renforcé les mesures de lutte contre la propagation de la troisième vague de la COVID-19 qui sévit déjà à Kinshasa, avec des variants indien et sud-africain. Il interdit notamment la vente sur la voie publique, le rassemblement ou manifestations de plus de vingt (20) personnes aussi bien sur les lieux publics que privés clos. L’organisation des deuils et veillées mortuaires dans les salles, funérariums ou en famille est aussi interdite. Et le nombre d’accompagnateurs des dépouilles mortelles vers le cimetière ne doit pas dépasser cinquante personnes.

Dans les transports publics, seuls 50% de la capacité d’accueil sont tolérés. Quant aux mototaxis, ils ne sont autorisés qu’à transporter un seul passager.

Les entreprises publiques et privées, l’administration publique sont appelées à fonctionner avec 50% de leur capacité d’accueil. Et les restaurants seront ouverts jusqu’à 21h00, avec une capacité d’accueil ne dépassant pas 50%. Les églises doivent aussi réduire le nombre des participants aux cultes et messes à 50%, tout en respectant les mesures barrières. Des mesures qui ont porté un coup dur au secteur des transports en commun.

Pour un bus de 47 sièges par exemple, selon l’esprit de cet arrêté, il ne faut transporter que la moitié des passagers. Les bus n’embarquent que le nombre des passagers à la limite des places assises, y compris
les non-payants et le personnel de TRANSCO à différents créneaux horaires. Un manque à gagner considérable évalué à des millions de Francs congolais pour l’ensemble du charroi mis en circulation.  » Les recettes sont passées de 71 millions CDF à 37 millions par semaine  », a déclaré dans l’anonymat une source proche de la société.

Le couvre-feu, l’autre ennemi de TRANSCO

Pendant la période de Covid-19, les activités économiques, y compris le mouvement des personnes, ne sont autorisés qu’entre 06h00 du matin à 22h00. Une décision qui raccourcit le temps de travail chez TRANSCO. Avant la Covid, l’horaire de travail au niveau de la société était de 04h00 à 23h00. Le temps raccourci, un autre ennemi de la société créée sous le règne de Matata Ponyo, Premier ministre honoraire de la RDC devenu Sénateur.

Le Gouvernement Sama appelé à sauver la jeune société

En effet, le Gouvernement central a pris un train des mesures barrières dans le cadre de la 3ème vague afin de stopper la propagation de la pandémie de Covid-19 sur toute l’étendue du territoire national. Force est de constater que si ces mesures portent aujourd’hui des fruits escomptés, certaines mesures édictées par les autorités compétentes sont suicidaires pour l’économie nationale et surtout, pour les entreprises de transports en commun, ayant comme objet social, le transport des personnes et non des marchandises. Cesdites mesures sont venues se greffer sur les conditions déjà difficiles qui tirent le diable par les cheveux.

Actuellement, le coût de transport en commun chez TRANSCO correspond au quart du coût réel à pratiquer sur le traffic. L’entreprise travaille à perte. Avant la Covid, la jeune société faisait le plein en aller comme au retour sur certaines lignes. Aujourd’hui, les recettes sont en baisse permenante et insuffisantes avec des bus qui circulent à 30 % de leur capacité d’accueil.

Il faut tenir les pièces de rechange et assurer l’approvisionnement régulier en carburants et huiles pour moteur. Il faut aussi assurer la paye régulière des salaires. Malgré ces difficultés, il faut saluer ici les efforts fournis par l’actuel Comité de gestion pour maintenir la situation sous contrôle. Il convient de saluer aussi les efforts entrepris par le Gouvernement de la République pour l’acquisition de nouveaux bus. Tous ces efforts ne doivent pas se terminer en eau de boudin !

En plus de la révision de son tarif à la hausse, le soutien financier tant attendu du Gouvernement peut aussi passer par des subventions d’équilibre pour compenser le tarif social appliqué. Ce fonds servira à l’achat de carburants, le soutien à l’achat des pièces de rechange, à la paye des arriérés de salaires et primes. Cette liste n’est pas exhaustive. Sinon, les jours de vie de la société des Transports au Congo sont à compter au bout des doigts. Qu’on se le dise !

Dieudonné Buanali

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