Economie

TRIBUNE : Restructuration et relance de la MIBA

I. Objectif

Nous référant aux statistiques sur l’évolution de la MIBA à notre disposition, nous observons avec enthousiasme qu’à l’époque où les Belges étaient à la MIBA, cette entreprise était prospère, bien gérée et compétitive. Après le départ des Belges, la MIBA Congolaise n’est malheureusement devenue que l’ombre d’elle-même, abandonnée à son triste sort alors que c’est grâce à cette grande entreprise qui faisait la fierté nationale que l’Etat Congolais a pu faire face à la guerre du Kivu à l’Est du pays grâce à la trésorerie de la MIBA.

Ainsi, militer et sensibiliser les opinions tant nationales qu’internationales mais surtout, interpeller les autorités Congolaises à soutenir l’indispensable relance de la MIBA par retour des Belges au sein de l’actionnariat MIBA, comme cela avait toujours existé, est notre principale lutte en vue de relever la MIBA jadis connue sous le nom de FORMINIERE.

II. Type de partenariat souhaité

Le modèle indiqué pour rebâtir la MIBA est de repartir sur le schéma de la collaboration qui avait déjà existé entre l’Etat Zaïrois et la SIBEKA « Société des Investissements Belges au Kasaï «, ancienne filiale de la Société générale de Belgique.

III. Présentation

Initialement appelée « FORMINIERE «, Société internationale forestière et minière du Congo Belge, cette grande entreprise avait été créée par le Roi Léopold II en 1906. La plus grande activité de cette entreprise fût l’exploitation des diamants au Congo Belge où elle a réussi la performance de devenir leader mondial du diamant industriel avec 60% des parts de marché dans le monde. Par ailleurs, il faudrait rappeler que cette grande entreprise est passée de propriété privée du Roi Léopold II au statut d’entreprise de l’État Belge suite à la dette du Roi des Belges envers l’Etat. C’est cela qui avait causé la cession des actifs de la FORMINIERE à la Belgique puisque 25% des recettes fiscales de la Belgique étaient mis à la disposition du Roi en vue du développement de ses entreprises au Congo !

Ces faits nous poussent à affirmer avec la plus grande conviction que c’est l’argent du contribuable Belge qui a effectivement aidé à réaliser la construction de ce grand édifice solide aux caractères d’une multinationale dont le Congo et la Belgique étaient extrêmement fiers. Les missions d’explorations des terres et des rivières au Kasaï ayant été concluantes pour la FORMINIERE, c’est alors que débuta l’exploitation minière de l’espace Kasaïen en 1908 qui avait produit beaucoup de diamants par le mécanisme de l’extraction des pierres précieuses battant tous les records avec les mines de Bakwanga et de Tshikapa.

A titre indicatif, voici quelques chiffres pouvant illustrer notre thèse concernant la production des diamants :

Tableau 1 : Production des diamants à la MIBA de 1945 à 2008

ORDRE ANNEE PRODUCTION EN CARATS

1

1945 10.000.000

2

1958 14.000.000

3

1961 18.000.000

4

1965 12.500.000

5

1973 12.000.000

6

1978 10.600.000

7

1981. 5.752.000

8

1987 8.171.455

9

1997 7.000.000

10

2000 5.000.000

11

2005 5.666.750

12

2008   985.350

N.B. : En 2008, C’est la crise financière mondiale !

Pour rappel, c’est en 1961 que 100% des actifs de la FORMIERE sont cédés à la SIBEKA qui devient le nouveau propriétaire de la MIBA, « Société Minière de Bakwanga «, nouveau nom de la FORMINIERE par l’effet de l’indépendance du Congo-Belge le 30 juin 1960. La MIBA devient à son tour le fleuron de l’économie nationale comme sa sœur la GECAMINES, ancienne Union Minière du Haut-Katanga dont les actifs au Congo avaient été nationalisés en 1967 par le Président Mobutu.

En 1973, ce sera la MIBA qui fera à son tour les frais de la politique de nationalisation des entreprises au Zaïre. Le Président Mobutu parvient avec beaucoup de difficultés à nationaliser la MIBA mais cela ne durera que 5 ans au regard de la grande résistance des travailleurs Belges de la MIBA et surtout, du désaccord clair exprimé par l’État Belge.

En 1978 arrivera un accord salutaire à la survie de la MIBA qui consacrera une répartition de l’actionnariat MIBA entre l’Etat Zaïrois et la partie Belge représentée par SIBEKA, à hauteur de 80% pour le Zaïre et 20% pour la Belgique qui conservera aussi la gestion courante de la société. C’est donc le retour de la normalité entre les deux actionnaires ainsi que l’harmonisation des relations Belgo-zaïroises.

Ainsi, cet arrangement particulier issu de l’accord de 1978 permet donc à la MIBA de bien fonctionner et de produire davantage pour le bonheur de ses actionnaires.

Mais, 1997 fût le tournant de cette bonne collaboration avec l’avènement de l’AFDL du Président Laurent-Désiré Kabila dont le régime déstructurera totalement le fonctionnement de la MIBA poussant ainsi à la sortie la partie Belge actionnaire minoritaire de la MIBA.

C’est alors l’inévitable déclin de la MIBA qui se pointe pendant que l’entreprise était prospère et possédait encore d’énormes réserves minières des diamants mais aussi de fer, de manganèse, de nickel, de chrome, de ciment et d’ailleurs, certaines sources de géologie évoquaient la possibilité de l’existence des réserves de cuivre et de cobalt en grande quantité au Kasaï.

La MIBA n’est donc pas morte de manque des minerais mais plutôt d’une volonté politique caractérisée par la mauvaise gestion, le népotisme, le clientélisme et la corruption ayant favorisé le pillage des diamants.

En effet, la MIBA a également subie très sévèrement la crise financière mondiale de 2008 et elle s›est retrouvée en grande difficultés qui a provoqué l›effondrement de sa production et de ses finances, sans oublier la paupérisation de son personnel.

Cette situation est la résultante des nombreuses causes parmi lesquelles : 1) La vétusté de l›outil de production ; 2) Le manque de fonds de roulement ; 3)  Le vol institutionnalisé des diamants dans les unités de traitement et à la centrale de triage ; 4) L’accroissement des charges fixes relatives au personnel sous utilisé ; 5) L’absence prolongée d’un leadership approprié à tous les niveaux de l’entreprise ; 6) L’écrémage et l’épuisement des gisements riches à faible épaisseur de découverture ; 7) La recrudescence de l’insécurité au polygone minier, « mine exclusivement MIBA « ; et enfin, 8) Le nationalisme aveugle du régime AFDL.

A la lumière de ce qui précède, la MIBA est actuellement confrontée à des graves problèmes techniques, logistiques, managériales et sociaux qui risquent de bloquer définitivement le fonctionnement des petites unités de production encore opérationnelles et donc, de consacrer l’arrêt absolu de l’entreprise malgré les efforts encourageants consentis par le nouveau pouvoir du Président Tshisekedi dont la volonté manifeste est le redressement et la réhabilitation des grandes entreprises Congolaises.

Cette situation difficile proche d’une banqueroute qu’a douloureusement héritée ce nouveau régime Tshisekedi de la part de l’ancien, est caractérisé pour la MIBA par des états financiers en négatifs et par un niveau d’endettement très élevé tels que repris dans le tableau de synthèse ci-dessous du 31 décembre 2018.

– Dettes à court terme : 247.387.900 USD dont 165.625.688,22 USD.

Tableau 2 : Etats financiers et niveau d’endettement très élevé (Tableau se synthèse du 31 décembre 2018 en dollars)

–  Créance sur l’État : 58.546.279,90 USD.

Source : DGDP, ‘’ Direction générale de la dette publique ‘’.

IV. Remarques

a) Si nous comptons la dette de 5.000.000 USD contractée auprès de la GECAMINES en 2019, la dette totale deviendrait de 270.000.000 USD au 31 décembre 2019.

Mais, compte tenu de certaines données qui nous ont été communiquées, il faudrait compléter à la dette sociale, le montant des décomptes finaux de plus ou moins 2000 travailleurs MIBA toutes les catégories confondues mis à la retraite depuis 10 ans sans avoir été payés jusqu’à ce jour !!!

La MIBA n’a jamais calculé, ni communiqué aux concernés leurs comptes exacts comprenant : les arriérés de salaires, les indemnités de préavis prévus par l’article 98 de la convention collective et autres avantages conformément à la législation de la RD Congo en matière de travail !

b) Compte tenu des observations relevées ci-dessus, le montant de la dette sociale a été volontairement sous-évaluée au départ à 165.625.686,22 USD par le comité de gestion de la MIBA pour des raisons que nous ignorons ! Cette dette sociale pourra être revue à la hausse pour atteindre 260.000.000 USD ou plus !

c) En conclusion, lorsque nous considérons que la dette sociale de la MIBA pourrait être évaluée à000.000 USD ou plus et les dettes envers les fournisseurs pourraient également se chiffrer dans les mêmes proportions. Alors, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que la dette globale de la MIBA pourrait atteindre 450.000.000 USD à 500.000.000 USD.

V. Motivation

La MIBA étant quasiment en situation de banqueroute, elle ne pourrait pour sa relance que rechercher et recourir aux capitaux extérieurs ou aux investissements étrangers, car l’Etat Congolais ne sera pas tout seul en mesure de relever ce mastodonte !

Voilà pourquoi se posent plusieurs questions légitimes, à savoir : Comment comprendre la faillite de la MIBA ? Qui en est le responsable ? Que faudrait-il faire pour relancer la MIBA ? Faudrait-il ouvrir le capital MIBA ? L’Etat devrait-il céder combien de % de l’actionnariat MIBA ? Avec quel partenaire relancer la MIBA ?

Monsieur Dany Mukendi Wa Dinanga, « Enfant MIBA 100% « et initiateur de « ENSEMBLE SAUVONS LA MIBA «, préconise de relever la MIBA par un changement de paradigme managériale et plaide énergiquement auprès du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, de favoriser le retour des Belges à la MIBA en leur ouvrant le capital MIBA à hauteur de 30% pour qu’ensemble nous travaillons main dans la main à la refondation de cette entreprise qui a incarné pendant très longtemps les meilleures relations de la coopération Belgo-Congolaise.

V.I. Pistes de solution

En deux principaux points, voici le mécanisme à appliquer pour relever et relancer la MIBA :

  1. A) Trois préalables pour permettre les bonnes conditions de la relance et de la production des diamants à la MIBA :

A.1) Sécuriser le polygone minier de la MIBA pour garantir le profit à l’investisseur tout en lui apportant une sécurité Juridique ainsi que judiciaire.

A.2) Délocaliser la dette MIBA vers la DGDP pour désintéresser les créanciers en vue d’éviter des saisies sur la production par voie de justice.

A.3) Continuer la certification des réserves minières afin de la revaloriser le capital MIBA.

  1. B) Ouvrir le capital MIBA contre 300.000.000 USD en cédant 30% des parts mais en laissant l’État Congolais comme actionnaire à 50% :

B.1) 200.000.000 USD pour relance effective de l’entreprise (énergie, logistique, outils de production, approvisionnements, recrutement d’une nouvelle main-d’œuvre).

B.2) 100.000.000 USD pour payer 50% négociés de la dette sociale, l’autre partie de la dette devant faire l’objet d’un plan de paiement échelonné à la DGDP ou ailleurs à l’INSS pour les retraites.

B.3) Procéder à un audit général sur la situation de la MIBA.

VII. Principaux actifs de la MIBA :

  • 13 gisements kimberlitiques au polygone évalués en plusieurs milliards de dollars US.
  • 5 massifs et des rivières riches en diamants.
  • 2 centrales hydroélectriques.
  • 140 titres miniers.
  • 4500 maisons dont 300 grandes villas.
  • 3 grands hôpitaux.
  • 7 grandes écoles.
  • 1.800 hectares de terres arables.
  • 2 grandes stations de pompages d’eaux.
  • 2 grands immeubles à Kinshasa / Gombe.

VIII. Conclusion

La relance de la MIBA est possible au regard de l’énorme potentiel minier de cette entreprise. Il suffit d’y mettre de la volonté politique et des moyens financiers ainsi que techniques nécessaires à sa réhabilitation. Cependant, il faudrait surtout rassurer les Investisseurs face aux risques qui pourraient les décourager à tenter de nouveau à reconstruire ce bel ouvrage.

Ainsi, nous sommes convaincus que grâce au leadership du Président Félix Tshisekedi et avec l’aide de nos partenaires Belges, la MIBA aura encore des beaux jours de prospérité et de développement devant elle.

ENSEMBLE, SAUVONS LA MIBA

DANY MUKENDI WA DINANGA

 

 

 

 

 

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