Santé

Trypanosomiase : Plaidoyer pour un combat plus engagé contre un mal sournois

C’est une maladie dont la gravité avait poussé les autorités à créer un programme spécial pour sa lutte, il y a quelques années: le programme national de lutte contre la Trypanosomiase humaine Africaine (PNLTHA). Avec des années d’efforts, la maladie a reculé, et la négligence s’est installée. Dans cette négligence, le mal a gagné plusieurs zones de santé. Même la capitale Kinshasa n’est pas épargnée. 5 des 35 zones de santé de la mégalopole sont des foyers de la Trypanosomiase, beaucoup connue sous le nom de maladie du sommeil. Les zones périphériques de Kinshasa sont le terreau favorable à la pathologie.

Pour comprendre la réalité autour de cette maladie, le programme National de lutte contre la trypanosomiase Humaine Africaine (PNLTHA), la coordination nationale de renforcement du système communautaire en RDC (CNRSC), (une structure d’accompagnement de gestion sanitaire), ainsi qu’une délégation des journalistes spécialisés dans les questions de santé ont fait le déplacement de Maluku, notamment dans le centre de dépistage, traitement et de contrôle (CDTC) de la THA (Trypanosomiase humaine Africaine) de Maluku où se soigne cette maladie. Ce centre, le tout premier établissement de traitement de la THA en RDC accueille encore des patients atteints par cette pathologie.

Les journalistes, l’équipe du PNLTHA et la CNRSC ont palpé du doigt cette pathologie à travers le témoignage des malades guéris, des parents d’un tout jeune patient qui se bat encore contre la Trypanosomiase et des échanges avec les médecins traitants qui officient au

centre de dépistage, traitement et de contrôle de Maluku. Sur place dans l’établissement de traitement, les professionnels des médias ont appris qu’en réalité, la maladie évolue encore plus facilement dans le grand Bandundu et dans le grand Équateur. Et le centre de dépistage de Maluku (CDTC) a la particularité d’être à l’intersection de deux foyers de la maladie, à savoir l’axe fluvial et le chemin du Grand Bandundu.

Il y a quelques années d’ailleurs, le CDTC de Maluku avait installé un poste de contrôle au port de cette commune rurale pour recueillir et tester des cas suspects en provenance du Grand Bandundu par voie fluviale. Le contrôle au port n’est plus de rigueur et le centre de Maluku se trouve devant un fait qui interpelle : deux des derniers cas traités ou en cours de traitement viennent du grand Bandundu, dans la province de Maï Ndombe.

Une dame d’une cinquantaine, du nom de Anna Modiri, venue de Kibambili, dans le territoire de Mushi, dans le Maï Ndombe, à plus de 250 kilomètres de Kinshasa et un jeune enfant de 3 ans (Chancard Manzanza), atteint de la Trypanosomiase, qui vient de Mbalibana, dans le territoire de Kwamouth, à plus de 280 kilomètres de Kinshasa.

Le jeune enfant interné à l’hôpital depuis 4 jours, devra y suivre un traitement spécial de dix jours, à la fexinidazole, une molécule efficace pour soigner la Trypanosomiase. La dame, elle, s’est remise. Au total, 5 patients ont été soignés de la Trypanosomiase au centre de Maluku depuis le début de cette année. Et selon le PNLTHA, 203 personnes ont été diagnostiqués positives à la THA en RDC depuis le début de l’année sur 450.000 personnes examinées.

Si maman Anna Modiri est totalement guérie de cette pathologie, le jeune enfant de 3 ans lui doit combattre encore contre cette maladie. Le jeune enfant a son père et sa mère à son chevet. La maladie a immobilisé deux forces productrices de cette famille, qui se démène pour trouver de quoi mettre sous la dent. Comment vont faire ces parents devant un traitement qui nécessite un appui nutritionnel conséquent ? Leur désarroi se lit dans leur regard haggard et perdu. Ils peuvent néanmoins compter sur la prise en charge médicale de la THA qui est gratuite, grâce à l’appui financier et technique de certains partenaires de la RDC.

Selon le témoignage de la patiente récemment remise de cette maladie (Anna Modiri), elle a éprouvé des douleurs des articulations, une forte nervosité, de maux de tête. Des symptômes semblables à ceux de la malaria. De même que la famille du jeune patient, elle a en vain soigné le paludisme, jusqu’à ce que un examen poussé, révèle la présence de Trypanosome dans son sang. Les parents du Chancard Manzanza ont également pensé faire face à un interminable paludisme avant que les examens au CDTC de Maluku révèle la maladie du sommeil.

Selon le Dr Danilo Miakala, coordonnateur provincial du Programme National de lutte contre la Trypanosomiase humaine Africaine, cette maladie prend parfois beaucoup de temps pour être détectée parce que ses symptômes se confondent à ceux d’autres pathologies, comme le paludisme et la fièvre typhoïde.

Au stade précoce, il n’y a pas de signes distinctifs pour la maladie du sommeil.

Dans sa forme sévère, cette maladie peut se manifester par des troubles neurologiques. Voilà pourquoi certains malades atteints de la THA finissent au CNPP ou dans la rue assimilés aux fous.

Patrick Ilunga

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