Economie

TVA : Le gouvernement se prive d’une manne financière au nom du social

Le gouvernement congolais a suspendu la perception de la Taxe à Valeur ajoutée sur certains produits de première nécessité. Selon deux décrets signés par le premier ministre, pendant 12 mois, la Direction Générale des Impôts et la Direction générale des douanes et accises ne doivent pas collecter les recettes de cette taxe. Le gouvernement a décidé également de suspendre

la perception de la Taxe sur la valeur ajoutée à l’importation et à la vente de certains biens dans les domaines de la cimenterie (les intrants qui entrent dans la fabrication du ciment) et de l’immobilier. Le communiqué du premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde indique que le but de cette mesure est de « préserver le bien-être des consommateurs en cette période si difficile ». La mesure du gouvernement va permettre de rabattre de 16% le prix actuel des produits tels que les surgelés, les viandes, les céréales, l’huile, le lait, le sucre, le sel, les savons, etc.

Cette mesure bien que salutaire pour les consommateurs, pourrait être un sérieux coup pour les recettes fiscales en RDC, qui depuis deux ans, connaissent une embellie remarquable.

La mesure gouvernementale est saluée par plusieurs économistes. Le professeur Dady Saleh, expert en économie de développement, « les prix de denrées de première consommation devraient diminuer conséquemment et cela faciliterait la consommation de la population ». L’économiste note que « la RDC compte 80% des gens qui vivent en deçà du seuil de pauvreté et il y a la malnutrition aiguë. Donc la mesure du gouvernement peut être une solution pour permettre à la population d’acheter des biens à moindre prix. En revanche, il y a un problème : la TVA fait partie de la manne pour l’État congolais. Pour que nous puissions avoir un budget de 14 milliards de dollars, on doit normalement compter aussi sur la TVA. Cela va forcément diminuer, mais je pense que l’essentiel c’est que la population consomme à moindre coût et que le taux de malnutrition diminue ». Le professeur Dady Saleh relève a juste titre le fait que le gouvernement choisit de se priver d’une grosse manne financière au nom du social. Car selon la Direction générale des Impôts (DGI), la Taxe sur la Valeur ajoutée rapporte maintenant 160 milliards de francs congolais(80 millions de dollars américains) chaque mois.

Sa suspension sur une durée d’une année va forcément induire une baisse drastique de ces ressources financières.

Mais le gouvernement se permet une telle largesse compte tenu de la performance enregistrée dans la mobilisation des ressources financières publique. Depuis deux ans, les services de collecte des recettes publiques enregistre des performances au-delà des assignations. Selon la Direction générale des Impôts, en 2021 cette régie financière a dépassé le plafond des recettes qui lui ont été assignées à 130%.

Le président Félix Tshisekedi s’est réjoui de cette performance qui est dûe à un contrôle appuyé fait par l’inspection générale des finances et d’autres structures de contrôle financier et lutte contre la corruption. Le chef de l’État a déclaré au gouvernement, réuni en Conseil des Ministres que « les performances dans la collecte des recettes publiques constituent une opportunité pour le gouvernement de concrétiser les actions sociales et économiques de son programme ». « Cela devrait se traduire par un accroissement des dépenses sociales au profit des citoyens, avec un accent sur le financement des infrastructures de transport et celles de la production de l’énergie », a ajouté le ministre de la Communication et médias Patrick Muyaya, qui est aussi porte-parole du gouvernement.

Le gouvernement se doit de se hâter de mener des actions pour soulager les citoyens qui sont confrontés par la famine. En République démocratique du Congo (RDC), quelques « 27 millions de personnes sont confrontées à des conditions de crise ou d’insécurité alimentaire aiguë », selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Le Programme alimentaire mondial a alerté que « cette situation pourrait s’aggraver dans les mois à venir sans une assistance accrue ».

Patrick Ilunga

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top