Santé

Vaccination contre la Covid 19 : Le flop !

Un mois après le début effectif de la campagne de vaccination contre la Covid 19, où en est-on avec cette opération de lutte contre la pandémie ? Selon les dernières informations, pas plus de 8000 personnes sont allées se faire vacciner. Pour un pays de 80 millions de personnes, cela ressemble à rien. A titre de comparaison, le Kenya a déjà fait administrer près d’un million de dose.

Selon les professionnels de santé, chargés de cette opération, le gros des personnes vaccinées sont des expatriés, dont les Indiens, les pakistanais et même les chinois. La plupart des congolais traînent le pas et avancent à reculons, convaincus qu’ils n’ont pas assez besoin d’un vaccin pour lequel, tout et n’importe quoi ont été dits. La RD Congo qui a reçu en mars dernier 1,7 millions des doses de vaccins, a été sommée de rendre à l’Unicef 1,3 millions de doses pour que ceux-ci soient redistribués à d’autres pays africains, « mieux organisés » dans les opérations de vaccination contre la Covid 19.

Mais pourquoi la RDC, qui pourtant a tout une structure qui s’occupe des différents programmes de vaccination, a connu une campagne de vaccination contre la pandémie, qui a été plus qu’un flop? La faute d’abord à la méfiance légendaire des Congolais pour le vaccin contre la Covid 19.
On se rappelle qu’au moment où l’équipe de riposte contre la Covid parlait de la première vague de coronavirus au Congo, le Docteur Jean-Jacques Muyembe qui s’était mis en tête de parler d’une éventuelle campagne de vaccination, avait attiré sur lui la foudre d’un peuple aussi méfiant que peu informé. Si la méfiance des Congolais a été déterminante, les bruits des possibles effets secondaires attribués au vaccin Astra Zeneca ont fait le reste pour l’échec de la vaccination.
Il est vrai que ces bruits ne sont pas forcément infondés. En Europe et dans d’autres pays où il y a un système de santé plus performant, le vaccin Astra Zeneca a même été interdit pour cause de thrombose et même des cas de décès enregistrés parmi certaines personnes qui ont reçu la dose ou la double dose du vaccin Anglo-Suedois.
A l’ère des réseaux sociaux, des informations de tout genre ont fait circulé la thèse de l’extermination d’une partie de l’humanité qui se cacherait derrière la vaccination contre une maladie considérée comme mystérieuse, si ce n’est exotique.
Il est certes vrai que l’histoire renseigne aussi qu’en Afrique, il a existé des expérimentations des vaccins qui ont tourné au carnage. Dans les années 1920, jusque dans les années 1950, la vaccination pour lutter contre la trypanosomiase (la maladie du sommeil) a décimé des familles en Afrique. Mais, on peut se poser cette question : est-on dans le même contexte ? La médecine d’aujourd’hui n’est-elle pas mieux armée que celle des années 1920? On est en plein dans les questionnements, sans forcément avoir des réponses rassurantes. Dans le doute s’abstenir, dit un dicton.

Le doute est d’autant plus fort que les autorités, censées montrer l’exemple pour la vaccination, comme cela s’est passé dans plusieurs pays, ne se sont pas empressées pour se faire administrer la dose d’Astra Zeneca. Leur comportement a été une communication tacite et efficace contre le fameux vaccin. Au jour du lancement de la campagne, le 19 avril, seul le docteur Eteni Longondo, alors ministre sortant de la santé s’est porté volontier candidat au vaccin.

Aujourd’hui, après le grand flop de la première campagne, le docteur Jean-Jacques Mbungani, ministre de la santé, promet de faire encore plus de sensibilisation. On reste perplexe quant à ladite sensibilisation. Entre-temps, une autre question taraude les esprits en RDC: quid de la dangerosité du coronavirus lui-même ? La pandémie est cruellement meurtrière dans plusieurs pays, même en Afrique (Au Kenya par exemple, la pandémie a déjà fait plus de 3000 morts et la perspective de la troisième vague soulève des inquiétudes). En RDC, on ne sait pas trop bien si cette maladie n’est pas aussi fatale. Tout de même, l’OMS sonne l’alarme quant à une troisième vague qui serait fatale pour tout le monde. le variant Indien, très virulent, aurait été détecté aussi en RDC. Cette éventualité va-t-elle persuader les congolais à s’immuniser avec le vaccin ? Pas sûr.

Patrick Ilunga

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