Economie

Commerce Extérieur : Jean-Lucien Bussa plaide pour un changement de paradigme

Le ministre du Commerce Extérieur a fait une allocution à la Conférence Minière de Kolwezi qui s’est tenue du 12 au 14 septembre derniers. Dans son exposé, Jean-Lucien Bussa a brossé un aperçu de l’apport du secteur minier dans le Commerce Extérieur. Le ministre s’est penché aussi sur le dynamisme du secteur minier dans le commercial congolais en même temps qu’il a proposé des pistes de solutions en vue de diversifier l’économie du pays qui reste encore fortement dépendante des recettes du secteur des mines.

La province de Lualaba a été, pendant du 12 au 14 septembre derniers, le centre du Congo des mines. Cette jeune province a abrité dans son chef-lieu, la troisième Conférence Minière de la République Démocratique du Congo. La grand-messe des miniers qui a été mise sur pied à l’initiative du chef de l’Etat Joseph Kabila, a une fois de plus focalisé l’attention du monde économique. La Conférence Minière, à laquelle ont pris part le Président de la République ainsi que l’essentiel du gouvernement central de la RDC, s’est voulu un moment de grande réflexion et d’évaluation du système économique congolais, lequel reste dépendant du secteur minier, en ce qui concerne les exportations.

Le forum de Kolwezi qui s’est déroulé en panels à travers des exposés et débats interactifs, a eu le mérite de se pencher sur des questions précises en ce qui concerne entre autres l’apport du secteur minier dans la vie économique du pays. Les ressources minières de la RDC sont destinées à l’exportation, c’est-à-dire au Commerce Extérieur. Voilà qui a expliqué la présence, à la Conférence, du ministre du Commerce Extérieur. Intervenant au panel 2 pour aborder la question de « l’amélioration de la balance commerciale de la RDC face aux enjeux du développement durable », Jean-Lucien Bussa a fait un exposé articulé autour de trois points. Dans son allocution, le ministre a d’abord présenté un bref aperçu de l’apport du secteur minier dans le Commerce Extérieur. Ensuite, le numéro 1 du Commerce Extérieur s’est appesanti sur le dynamisme du secteur minier dans le commerce des marchandises, avant de terminer sur les perspectives pour un Commerce Extérieur favorable au développement durable.

Ayant une connaissance fine des questions économiques et du Commerce Extérieur, Jean-Lucien Bussa Tongba souligne à juste titre que l’économie de la RDC est tributaire au secteur minier qui, à lui seul, représente plus de 90% des recettes d’exportation du pays. Ce qui fait du secteur des mines le plus grand pourvoyeur en devises de l’économie congolaise. Ainsi que l’a rappelé le ministre, par l’offre de l’industrie extractive, au travers de sa production minière, la RDC est l’un des acteurs importants dans le concert des nations. Le pays aligne, en effet, un certain nombre de minerais dont lui seul détient une bonne partie de la réserve mondiale. Ce don du ciel constitue une opportunité pour le Gouvernement afin qu’il puisse attirer des investissements directs étrangers, et à créer une filière qui soit réellement au service du développement socio-économique du pays par la création d’emplois.

Toutefois, a ajouté Bussa, le fait pour le Congo de disposer d’autant des ressources minières génère aussi des défis qu’il faut à tout prix relever. Car, si le sous-sol congolais est potentiellement riche, les populations du pays, elles sont encore pauvres. A l’instar du Chef de l’Etat pour qui, plus que jamais, il faut que les richesses du sous-sol congolais profitent aux congolais, le ministre du Commerce Extérieur a souligné que les richesses générées par les exportations du secteur minier « doivent être profitables à l’économie nationale, à la population et particulièrement aux communautés locales d’où ces matières trouvent leurs origines. »
Pour ce qui est du dynamisme du secteur minier, le numéro 1 du Commerce Extérieur note que la structure du commerce des marchandises de la RDC, qui reste caractérisée par la forte concentration des échanges dans quelques produits de base à faible valeur ajoutée et le faible taux de participation au commerce interafricain et international, rend vulnérable l’économie congolaise aux chocs exogènes. Caractérisé par son côté extraverti, l’économie congolaise offre une gamme réduite, constituée essentiellement des produits miniers à l’état brut. Quant à ses importations, elles sont constituées essentiellement des produits manufacturés, pharmaceutiques et alimentaires. Chiffres à l’appui, le ministre du Commerce Extérieur démontre que cette situation ne cesse de s’accentuer au fil du temps. Alors qu’en 2008 les exportations de l’industrie extractives étaient de 77,4% et les importations, au cours de la même année, étaient de 61,9% des produits manufacturiers et à 22,1% des produits agricoles, en 2014, les exportations de la RDC étaient de 90,2% de produits de l’industrie extractive, les importations étaient de 70,2% des biens manufacturés et 21,4% des produits agricoles.
Citant un rapport de 2017 de la Banque Mondiale, Jean-Lucien Bussa soutient que la RDC ne contribue aux exportations mondiales qu’à concurrence de 0,07%. « Ces données statistiques nous renvoient au visage le paradoxe interpellateur qui met face-à-face l’accroissement du volume de production du cuivre et du cobalt et la participation de la RDC au commerce international. Cette situation doit absolument changer », tonne le ministre qui ajoute aussi que pour être compétitif et afin de bénéficier des chaines des valeurs mondiales, le Congo se doit de diversifier ses exportations par la transformation de ses produits à fort potentiel d’exportation.

Aussi, pour améliorer sa balance commerciale, c’est-à-dire la différence entre la valeur des exportations et les importations, « la RDC doit intégrer les secteurs de son économie. L’agriculture doit être au service de l’industrie et vice-versa », propose le ministre. En économiste averti, Jean-Lucien indique qu’il est prouvé que « les meilleures stratégies d’exportations peuvent être à la base de la transformation structurelle de l’économie. Le Gouvernement se sait confronter à plusieurs défis, notamment en matière de diversification de l’économie nationale. C’est ainsi que loin de baisser pavillon, l’exécutif, à en croire le ministre, est en train d’initier plusieurs réformes afin d’éliminer certains obstacles à l’exercice des activités de production. Le Gouvernement prévoit de doter le pays d’une Agence nationale de promotion des exportations, laquelle sera chargée de concevoir des stratégies d’exportations adéquates. L’exécutif prévoit aussi d’orienter désormais les retombées des ressources minières vers d’autres secteurs. Le Gouvernement compte également favoriser l’installation des usines de transformation locale des métaux.

Un vaste chantier dont Jean-Lucien Bussa a estimé qu’à présent, la RDC a le devoir de saisir l’opportunité de la dotation en ressources naturelles pour faire de l’industrie minière la rampe de lancement du développement industriel et la source de diversification de son économie. « Nous avons le devoir de ramener le Congo de l’économie de rente vers une économie émergente », a conclu le ministre du Commerce Extérieur.

Patrick Ilunga

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