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Droits de la femme et égalité des chances-Lydie Ndakashami : « Le secret pour arriver au poste décisionnel, c’est tout simplement la méritocratie dans l’excellence, le respect des textes légaux et de la hiérarchie ».

Le monde entier a célébré le mardi 8 mars 2022 la journée internationale des droits de la femme. Une journée qui en République Démocratique du Congo, a été placée sous le thème « autonomisation des femmes et filles dans le contexte de lutte contre le changement climatique et des risques catastrophes ». À cette occasion, la rédaction de Geopolis est allée à la rencontre du personnel féminin de l’entreprise Les Lignes Maritimes Congolaises (LMC) où elle s’est entretenue avec Lydie Ndakashami Oneese, Directeur des Ressources Humaines (DRH) de cette entreprise. Au cours de cet entretien, elle a révélé que le secret pour arriver au poste décisionnel, c’est tout simplement le respect des textes légaux, réglementaires et conventionnels, la méritocratie dans l’excellence et le respect de la hiérarchie. Aux femmes congolaises, La DRH des LMC conseille les études et la formation continue et leurs recommandent de s’informer et de donner le meilleur d’elles-mêmes pour aspirer aux postes de commandement ou de qualité. Ci-dessous l’intégralité de l’Interview.

Geopolis Hebdo (GH)/ Vous pouvez vous présenter brièvement à nos téléspectateurs pour qu’ils vous connaissent mieux ?

Lydie Ndakashami Oneese (LNO)/ Je me présente Madame Lydie Ndakashami. Je suis mariée et mère des 7 enfants dont 2 filles et 5 garçons et je suis Directeur des Ressources Humaines aux Lignes Maritimes Congolaises(LMC). J’ai fait mes études primaire à l’école André Kimbuta dans la commune de Kasavubu, et de là je suis allée à l’Athénée de la Gombe jusqu’en 4ième littéraire. Après, je suis allée terminer mes humanités au Lycée Motema Mpiko. Après les  humanités, je suis allée à l’université de Lubumbashi où j’ai obtenu une licence en relations internationales. En dehors de ça, j’ai suivi beaucoup des formations et séminaires en ressources humaines et genres etc…

GH/ Le monde entier a célébré avec faste la journée internationale des droits de la femme. Que représente pour vous cette journée ?

LNO/ Oui. Le 08 mars, c’est une grande journée pour toutes les femmes et c’est un jour de fête parce que pendant cette date nous commémorons toutes les victoires que les femmes ont remportées  depuis que nous avons commencé à réclamer les droits des femmes, l’égalité des chances dans les entreprises comme pour nous les femmes des entreprises par exemple. Et c’est aussi une journée des revendications, j’aime bien dire des revendications et non de combat. Parce qu’on dit toujours la main qui donne, est toujours au-dessus. Donc, nous ne pouvons pas faire un combat contre les hommes qui doivent nous donner ce dont on a besoin, mais nous revendiquons et nous réclamons nos droits parce que ceux qui étaient au départ ou à la base du monde c’est sont les hommes et les femmes sont venues pour accompagner les hommes et il y a des droits que nous devons avoir au même titre que les hommes. Et ce jour nous rappelle comme je l’ai dit avant, je me résume, « c’est la  commémoration de tout ce que nous nous avons gagné, et la commémoration aussi de nos revendications en tant que femmes pour avoir les mêmes droits que les hommes ».

GH/ Vous parlez d’égalité des chances. Est-ce que vos revendications en tant que femmes sont prises en en compte ou respectées au sein des LMC ?

LNO/ Effectivement, l’égalité des chances est prise en compte. Je ne vous ai peut-être pas dit,  je suis aux LMC depuis 17 février 1988. J’avais commencé mon travail à la formation. De la formation, je suis allée au Service Social comme agent et j’ai fait beaucoup de temps. Après, je suis passée chef de service adjoint puis chef de service. J’étais  devenue sous-directeur administratif pour devenir aujourd’hui Directeur des Ressources Humaines. Aux LMC, il y a eu des revendications et nous avons eu des répondants que nous appelons généralement des Directeurs Généraux genrés. Par exemple, il y a eu un moment dans notre entreprise où le mari de la femme mariée n’avait pas droits aux soins médicaux, les enfants de la femme mariée n’avaient pas droits aux frais scolaires qu’on donnait aux agents. De cette réalité qu’on a vécue, il est arrivé un moment où les femmes des LMC ont élevé la voie, et aujourd’hui nous avons les mêmes droits et avantages  que les hommes. Avant c’était quand deux agents se marient on donnait l’avantage à l’homme, les cadeaux  du mariage on donnait à l’homme  on ne donnait pas à l’agent féminin, mais aujourd’hui tous les deux ont les mêmes avantages et droits. Il y a aussi beaucoup d’avantages aujourd’hui qu’on reconnaît aux agents féminins. Aux LMC, quand la femme a le mérite ou la compétence, elle est promue. D’ailleurs, notre DG, l’honorable Cédrick Tshizainga Kapumba, a fait un message aux femmes pour le 08 mars 2022. Dans ce message, il a réitéré son engagement pour dire qu’il est pour la méritocratie. Et depuis qu’il est à la tête de cette société, les femmes sont très élevées, il y a des femmes directrices et sous-directeurs, voir les femmes chefs des services. Pour dire plus aujourd’hui, les LMC comptent 44% des agents féminins, et c’est un exploit.

GH/ Est-ce que le recrutement et la promotion du personnel au sein  de votre entreprise prennent en compte l’égalité des sexes ?

LNO/ Oui. Effectivement, j’aime quand vous parlez de recrutement. Parce que le grand problème c’est au niveau de recrutement, on peut vouloir avoir 30% des femmes de l’entreprise, on peut vouloir avoir 50% des femmes de l’entreprise ou encore vouloir voir les femmes dans les postes de commandement, mais qu’est ce qui se passe au niveau de recrutement ? Généralement, les femmes sont recrutées pour le poste des techniciens de surface, infirmière ou secrétaire, et cela pose des problèmes quand il faut placer les femmes dans le poste de commandement parce que ce sont des fonctions qui demandent encore une reconversion ou que la femme se forme encore pour changer des fonctions. Mais aux LMC, le recrutement prend effectivement  en compte cette égalité des sexes, car à partir  de celui-ci notre entreprise a tenue compte des études faites par la femme, de sa valeur morale, les femmes qui par rapport aux textes, se sont valorisées. Ce qui fait qu’avec cet engagement ou ce recrutement, nous avons pris des femmes professionnelles. C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes à 44% de la représentativité de du personnel féminin et nous avons beaucoup de femmes dans le poste de commandement parce que c’est à partir du recrutement qu’on a tenu compte de tout ça. Donc s’il faut mettre l’accent sur le poste de commandement parce que souvent le problème se pose à ce niveau. Nous avons connu ça quand nous n’avions que la majorité des femmes infirmières et secrétaires, et c’était difficile d’avoir beaucoup de femmes dans les postes de commandement, mais aujourd’hui de par le recrutement la chose a été corrigée les femmes se retrouvent dans n’importe quel poste.

GH/ Comment arrivez-vous à collaborer avec les agents féminins, parce que très souvent les femmes sont difficiles à vivre avec ?

LNO/ En tant que responsable des ressources humaines,  nous disons toujours souvent que les responsables des R.H sont  médecins, diplomates, psychologues, juristes aussi. Avec les femmes, nous jouons beaucoup plus sur la psychologie. Voilà pourquoi pour mieux faire les choses au niveau des LMC, nous sommes organisé dans une association des agents féminins qui fait partie intégrante des autres réseaux des femmes ou regroupements, tel qu’à l’ANEP nous sommes au niveau du comité genre de cette association. Nous sommes dans le Réseau des Femmes des Entreprises du Congo (REFEC). C’est donc par ce canal que nous utilisons le tuyau pour parler aux femmes en proche ou en intimité afin de les montrer leurs droits  et devoirs en tant qu’agent, épouse et en tant que mère, cela nous aide vraiment. Vous avez raison de poser cette question, parce que de fois quand vous avez des problèmes avec une femme elle refuse même  de venir participer à la réunion de l’association, mais  on est arrivé au point de leur expliquer qu’en tant qu’agent, s’il faut que je donne ma signature de gauche ou de droite pour sanctionner je le fait parce que c’est mon travail en tant que gestionnaire des agents c’est dans mon Job description mais souvent nous les parlons et les aidons avec les conseils dans notre association des agents féminins des LMC.

GH/ quel est votre regard sur la femme congolaise au gré de l’évolution actuelle de notre société et avec tout ce qui se passe sur le phénomène Ujana et les Dealeuses sur les réseaux sociaux ?

LNO/ Nous avons suivi ce qui s’est passé dernièrement dans les réseaux sociaux. Moi, je dirai qu’il y a une certaine prise en charge de la femme congolaise soit une certaine prise en charge de la femme à tous les niveaux. Parce quand nous partons de nos quartiers et quand  nous arrivons au bureau, soit à l’université il y a les femmes qui se prennent en charge à travers les associations, organisations et il y a même les femmes tel que nous sommes dans les entreprises qui cherchent à se former, à s’informer et à donner le meilleur d’elles-mêmes pour l’évolution de cette société. C’est ainsi que vous voyez même dans le milieu politique on parle des femmes qui se lèvent pour être là où se prennent les grandes décisions. Mais ce que nous avons suivi  avec les jeunes filles d’aujourd’hui ça déshonore la femme, mais je dirais que c’est une exception, parce que là où nous vivons, dans les quartiers ou au travail et tout ce qui se passe dans le monde, il y a quand même une prise en charge de la femme. Nous avons le devoir d’éduquer ces jeunes filles à travers les associations, à travers les  réseaux sociaux si nous pouvons mettre les choses qui édifient, et quand nous regardons des vidéos malsaines des femmes, je pense que  nous devons supprimer pour faire passer la bonne image de la femme, c’est aussi une façon de revaloriser la femme congolaise.

GH/ S’il faut revenir un peu sur votre parcours dans cette entreprise, vous avez dit ça fait 38 ans que vous êtes aux LMC. Quel est le secret pour arriver là où vous êtes aujourd’hui ?

LNO/ Rire! Le secret pour rester longtemps dans une entreprise c’est d’abord le respect des textes légaux, réglementaires et conventionnels. C’est d’abord ça. En plus de cela, on va ajouter encore la méritocratie, j’insiste souvent sur ça, et je dis à toutes les jeunes dames qui viennent ici il faut la méritocratie. Vous ne pouvez pas faire comme tout le monde, mais vous devez faire plus que tout le monde, vous devez sortir de l’ordinaire. C’est ça l’excellence pour que vous puissiez bien rester longtemps dans l’entreprise et attirer l’attention des décideurs pour que vous puissiez marquer. Et enfin pour les jeunes dames, j’insiste, sur le respect de la hiérarchie, et quand je parle de la hiérarchie ici, c’est surtout ascendant. Vous êtes jeunes et vous venez d’arriver, respectez celui qui est devant vous  même s’il n’a pas beaucoup étudié. Il au moins l’expérience et il vous aidera à faire mieux. Je crois et je retiens ces trois secrets : méritocratie dans l’excellence bien sûr, respect des textes légaux règlementaires et conventionnels et enfin le respect de la hiérarchie.

GH/ Un message à cette jeune fille, à cette femme de la RDC en général et celle des LMC en particulier qui aura l’occasion de vous lire à travers ce tabloïd ?

LNO/A toutes les jeunes filles, je dirai que nous étions aussi jeune fille comme vous. Tout ce que nous vous demandons pour que vous soyez des femmes de valeur et de qualité dans ce monde. Donnez-vous aux études, formez-vous et informez-vous pour que vous puissiez devenir des grandes dames dans ce pays. À toutes les femmes, nous disons que nous sommes là. Nous les femmes des entreprises, nous sommes là pour l’égalité des chances c’est-à-dire, s’il y a deux femmes et deux hommes, même s’il y a 10 hommes et qu’il y a une femme qui mérite, donnez ce poste à la femme. Donc nous les femmes nous sommes là pour la « méritocratie »  et j’avais dit que nous devons donner le meilleur de nous-même et l’excellence pour que nous puissions retenir l’attention de nos dirigeants pour qu’on puisse nous placer dans les postes qu’il faut. A mes consœurs des LMC, elles savent que nous disons toujours, « l’homme qu’il faut à la place qu’il vaut », et tant que vous allez donner le meilleur de vous-même,  tant que vous allez bien travailler et donner des bons résultats dans votre travail sachez-le que la Direction Générale sera là pour vous soutenir afin que vous puissiez occuper les postes de qualité. Ayez le model des femmes qui travaillent et ceux qui luttent pour les causes des femmes.

Propos recueillis par Blandine Bampala Katanga

 

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