Editorial

Édito : Entre une opposition systématique et une majorité éclatée, la RDC tangue

Un sentiment d’inquiétude plane sur le pays au regard des faits politiques qui se succèdent et qui éloignent les acteurs des pistes de cohésion nationale. Depuis quelques mois les hommes politiques ont décidé d’exhumer les peurs anciennes que l’on croyait à jamais éteintes, pour les remettre au goût du jour. Les peurs qui se résument en une seule expression: « la peur du lendemain ». A vouloir se coincer par des attitudes radicales, l’usine nationale de la peur a obscurci la vision du futur et a permis le retour d’une atmosphère chronophage sur le processus du développement. Le socle de la confiance mutuelle est largement ébranlé par une suspicion érigée en mode de travail.
Qu’avons nous aujourd’hui sur la scène?

Nous avons vu se déployer une opposition radicale qui ne veut rien voir ni rien entendre, forte de la conviction qu’elle détient la meilleure analyse de la situation actuelle et qu’elle est le
peuple.
A ce titre, elle estime qu’en dehors de son schéma de construction d’une démocratie congolaise, rien de bon ne se fait. Pour agir, elle a décidé d’une contradiction systématique et un peu comme les pharisiens de la bible qui disaient que rien de bon ne peut sortir de Nazareth. Et au goût du jour elle déclare à tout vent que rien de bien ne peut être fait par un pouvoir « illégitime ». Comment avec de tels postulats est il possible de construire un dialogue d’État, nécessaire à la gestion de la chose publique ? Ne voulant ni critiquer de manière constructive ni apporter sa contribution au combat général, qui lui, porte sur la lutte contre la pauvreté, l l’opposition, elle, a choisi de faire l’nventaire des erreurs de la majorité et indirectement, elle travaille dans la sape de l’image et de l’autorité des institutions de la République qui a ses yeux, sont indignes de diriger les congolais.
Cette systématique posture de contrariété a fini par produire des impasses dont la dernière est justement l’entérinement de la nouvelle équipe de la CENI. Le spectacle d’une plénière violente, avec des micros arrachés et des bagarres entre politiques est l’expression d’une marche chaotique de la démocratie.

De l’autre côté, nous avons une majorité totalement éclatée, qui se construit autour de la force du nombre et qui a cessé d’entendre son opposition, la jugeant de mauvaise foi. Comment dans ces conditions produire un travail de qualité quand les efforts sont constamment orientés non vers la recherche des solutions innovantes, mais plutôt vers la conservation des postures politiques?

Evoluant par chantage permanent à l’endroit de leur propre structure, plusieurs membres de la majorité ont cessé de vibrer sur l’idéal de l’Union Sacrée, pour basculer vers la recherche des dividendes de leur adhésion à la famille politique. Alors chaque jour, ils complotent des notions à l’endroit du gouvernement, à l’endroit de leur propre bureau pour réclamer les intérêts promis à leur endroit par les tacticiens de la nouvelle majorité. Éclatée entre plusieurs tendances, elle ne s’est pas organisée autour d’une hiérarchie cohérente pour prendre en compte les défis qu’imposent les devoirs de responsabilité.

Aujourd’hui la majorité, à part se reconnaître dans le chef de l’État, ne reconnaît l’autorité de personne d’autre et elle a déjà entamé les conflits internes qui nourrissent la calebasse de l’opposition. Ne pouvant supporter les réclamations de l’opposition et de deux confessions religieuses jugées de mauvaise foi, elle a décidé de passer outre et d’installer les membres de la CENI. Les ponts sont coupés et désormais les débats sont de retour dans la rue. En moins d’un mois, plusieurs marches et meetings ont été organisés. Les hommes politiques se gargarisant devant des congolais mobilisés sur des sentiments parfois alimentés au robinet de l’intolérance, ont voulu par ce moyen, confirmer leur pouvoir de dissuasion à l’endroit des autres. Comment comprendre que la place Sainte-Thérèse dans la commune de Ndjili soit devenue la jauge de cette popularité ? Comment la majorité et l’opposition peuvent croire que dans une ville de plus des dix millions d’âmes, cet indicateur vaut quelque chose ?

Hélas, la classe politique semble avoir perdu le sens même de cette alternance qui fut une opportunité historique de faire un bond dans les conquêtes du futur. Les plus grands perdants de cette nouvelle saison de la diabolisation sont les populations qui vont encore être mobilisées sur des thèmes archaïques comme la tribu, la haine de l’autre, et parfois pour des pacotilles financières.

Il revient à ceux qui sont encore animés de bonne volonté, d’arrêter cette descente aux enfers et surtout de se dire que ce chemin nous l’avons déjà emprunté par le passé et le résultat est l’immense retard qui pèse sur le pays.
Le garant de la bonne marche de toutes les institutions est ainsi appelé à prendre le taureau par les cornes pour rappeler à tous le sens de l’essentiel en vue du retour à la République.

Adam Mwena Meji

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