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Face aux pillages des ressources naturelles dans la région des Grands lacs : Aimé Kakese Vinalu : ‘’ La domestication du Protocole dans la région doit être l’affaire de tous. ‘’

Nul ne peut ignorer que la région des Grands lacs est connue en Afrique et à travers le monde comme l’une des plus riches en ressources naturelles. Cependant, au lieu que ce don de Dieu fasse de la région un oasis de paix, de sécurité, de bonheur et de prospérité, il est à l’origine des conflits armés qui la déchirent et de la multiplication des forces négatives qui la déstabilisent. Tout cela pour faciliter les pillages de ses ressources naturelles. La solution envisagée, selon les experts, est ‘’ la domestication du Protocole de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands lacs ‘’. Comme on peut le constater, ce thème qui traduit à suffisance, à lui seul, la situation dans laquelle la région fait face depuis plus d’une décennie, est au centre d’une réunion régionale des secrétaires permanents/généraux des ministères en charge des mines qui se tient du 22 au 24 mars 2017 à Kinshasa. ‘’ En domestiquant cette Loi, tous les Etats de la région luttent ensemble, au même niveau, contre cette exploitation illégale des ressources naturelles ‘’, a déclaré Aimé Kakese Vinalu, Coordonnateur national du Mécanisme de suivi de la CIRGL au cours d’une interview accordée à la presse économique en marge de ladite réunion. Et d’ajouter : ‘’ Si nous avons dans la région des pays, non seulement qui ne produisent pas de minerais et mais aussi ne domestiquent pas la Loi, c’est favorable à la fraude, à la prolifération des rebellions et groupes armés dans la région ‘’. Ci-dessous, l’intégralité de l’interview accordée à la presse économique.

Bonjour monsieur le Coordonnateur national, pouvez-vous nous donner la raison d’être de ces assises ? Quel est au juste l’objectif poursuivi par les organisateurs ?

Cette réunion, organisée par le Secrétariat Exécutif de la Conférence Internationale pour la Région des Grands lacs Africains, CIRGL, a pour objet la domestication de l’un des dix protocoles contenus dans le Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la Région des Grands Lacs, signé le 15 décembre 2006, par les chefs d’Etats de la Région et ratifié par le parlement de la République Démocratique du Congo en 2008. Ce Pacte est devenu presqu’une Loi pour tous les pays membres. Ce protocole lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la Région des Grands Lacs Africains. Cet atelier a aussi pour objet de demander à tous les Etats membres, parce qu’ici nous avons les représentants de 12 pays membres (ndlr : Rwanda, Kenya, RDC, Congo-Brazzaville, RCA, Burundi, Angola, Soudan, Soudan du Sud, Zambie, Tanzanie et Uganda), de pouvoir domestiquer ce protocole.

Qu’attendez-vous par domestication ?

Quand on parle de domestication, il faut entendre par-là l’appropriation par tous les Etats membres dudit protocole pour l’intégrer dans leurs législations nationales respectives en vue de mieux lutter ensemble contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands lacs. A titre de rappel, depuis 2010, il y a une Loi qui est en application. Il s’agit de la Loi Dodd Franck qui qualifie certains minerais de la région des Grands lacs comme étant des minerais de sang, des conflits et de viol. Le Sénateur américain dont la Loi porte le nom a dénoncé les entreprises américaines, surtout celles qui sont cotées en bourse, pour dire qu’elles s’enrichissaient sur le sang, les conflits et le viol massif des femmes des Grands lacs. D’où la nécessité d’en établir la traçabilité. Le travail a été fait et les chefs d’Etats de la région ont matérialisé leurs engagements par la mise en œuvre du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région des Grands lacs (Déclaration de Dar-Es-Salam, 2006), de la Déclaration de Lusaka (2010) et celle de Nairobi (2014) qui a donné naissance aux 6 outils de lutte. Parmi celles-ci, il y a la certification qui en est l’outil principal. Elle consiste à tracer les minerais, du puits jusqu’à l’exportation.

Les résultats attendus de la réunion ?

Cet Atelier concerne d’abord les experts qui vont travailler aujourd’hui et demain afin d’en évaluer l’évolution dans chaque Etat, ce que chaque Etat a fait et dans un deuxième temps, mettre en place une feuille de route qui fixera un timing, c’est-à-dire, à partir de 2018 ou 2020, chaque doit avoir domestiqué ce protocole dans sa législation nationale. Cela permettra à l’ensemble des pays de lutter efficacement contre cette exploitation illégale des ressources naturelles dans la région. La République Démocratique du Congo n’a pas attendu cet Atelier pour commencer la domestication. Nous avons commencé ce travail depuis 2012, 2013 et 2014. A ce sujet, je tiens à vous rappeler que le Ministère des Mines de la RDC a fait un travail très important sur la domestication qu’il convient de saluer ici : la signature de l’arrêté ministériel sur la certification, dans le cadre de la diligence raisonnable, la vulgarisation du manuel de l’OCDE sur la certification dans toutes ses spécifications, sans oublier les efforts consentis pour le reste des outils. C’est pour cela que nos minerais sont vendus sans problème aujourd’hui. Mais cela n’a pas été le cas il y a quelques années. Ce système-là est accepté par le monde entier. A partir du moment où le certificat de la CIRGL est estampillé sur chaque colis de coltan, de cassitérite, de wolframite et de l’or, le minerais est déclaré propre à la consommation. Tant qu’il n’y a pas de certificat CIRGL, l’origine des minerais devient douteuse.

Quel est l’apport des pays voisins qui ne disposent pas de minerais dans la domestication du protocole de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands lacs ?

Leur apport est très important parce que quand vous n’avez rien, je n’accuse personne, vous risquez d’exporter des minerais qui ne vous appartiennent pas. Mais en domestiquant cette Loi, tous les Etats de la région luttent ensemble, au même niveau, contre cette exploitation illégale des ressources naturelles. Si nous avons dans la région des pays, non seulement qui ne produisent pas de minerais et mais aussi ne domestiquent pas la Loi, c’est favorable à la fraude, à la prolifération des rebellions et groupes armés dans la région.

Propos recueillis par Dieudonné Buanali

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