Politique

Horizon 2023 : ET SI DELLY SESSANGA AVAIT RAISON ?

Aucune nation ne peut pour son développement se priver des idées novatrices. Celles-ci sont produites par des personnes qui se donnent le temps de l’analyse et de l’approfondissement des questions essentielles. Ce schéma est universel et il est consubstantiel à la vie des communautés humaines. L’avenir se construit aujourd’hui, avec des idées fortes, conçues par ceux qui ont à cœur le développement de leur nation. Voilà que la fièvre est montée au sein de l’opinion publique concernant le cycle électoral prochain, cycle prévu en 2023 et sur lequel des prises de position aussi controversées que disputées se sont invitées au jugement de l’opinion. Les élections sont des moments importants dans la vie des démocraties et si elles sont mal négociées, surtout dans des pays à faible administration, à l’instar de la RDC, elles risquent d’être l’occasion des déflagrations aux conséquences graves. C’est pour cette raison que la presse se doit de rester attentive à la circulation des idées à forte dose de consensualité.

S’agissant du sujet des élections, il est judicieux, après avoir fait l’inventaire des positions contradictoires exprimées par différents acteurs, de mettre en lumière les propositions émises en période non suspecte par des acteurs dont la compétence en la matière est établie dans la strate politique du pays. Ils se sont exprimés dans un ordre sans doute chaotique mais, assez clairement pour que l’on sente les positions contradictoires. Les élections en 2023 seront-elles organisées ou non? Si après des échanges épistolaires via réseaux sociaux l’ensemble des protagonistes ont déclaré qu’il est impérieux de respecter le délai convenu, il reste néanmoins une évidence: ce qu’avant d’organiser ces élections, il y a des préalables nécessaires contenues dans le vocable réformes. Au-delà de toutes ces positions qui sont en apparence motivées par des postures de conservation ou d’accès au pouvoir, il existe des partis politiques qui s’étaient exprimés déjà en 2019 sur cette question au cours de leur activité ordinaire.

C’est le cas de l’Envol de Delly Sessanga qui, déjà au mois de juillet 2019 avait donné le ton au cours des sessions de son bureau politique en déclarant que les élections exigeaient une préparation minutieuse à laquelle il fallait joindre une intelligence d’anticipation en vue de panser les blessures nées des cycles passés pour trouver la voie du rassemblement national.  Poursuivant leur quête pour des élections apaisées et dans le délai constitutionnel, le leader d’Envol s’était associé à d’autres acteurs pour créer le G13. Cette dynamique a fait le tour de la classe politique et des institutions afin de plaider pour la mise en place des réformes qui garantissent la route vers les élections.

Aujourd hui qu’il y a un début de polémique autour de la question électorale, il est sage de revenir vers ceux qui avaient réfléchi profondément pour interroger leur vision de la question et poser les jalons d’un débat de qualité, car le consensus s’obtient par le débat. Que nous dit le G13 par la voie de son porte parle Delly Sessanga au travers des déclarations respectives au cours des derniers mois ? Il a été constaté qu’une unanimité s’était dégagée sur le chemin critique, sur une matrice des réformes et des actions à mener qui pouvaient garantir la tenue de bonnes élections.

Pour Delly Sessanga, envisager 2023 sans les réformes, c’est reproduire le chaos du passé. Mais envisager les réformes dans une programmation sérieuse de 2023, c’est aussi donner la voie à l’autre chaos qui s’appelle glissement. Pour éviter les deux poursuit-il, il a fallu mettre tout le monde d’accord au terme d’un consensus. Et Sessanga pense que c’est ce consensus qui a été récupéré par l’Union Sacrée. Le chef du parti Envol estime que ce consensus ne devrait pas être imposé, mais devra être au cœur de l’action de cette l’Union sacrée comme moteur de toute action. Parce que l’unité, le rassemblement et la concorde du pays se feront au travers de ces réformes. C’est dans ce sens dit-il, qu’elles vont générer la confiance et l’adhésion de la population, mais aussi la crédibilité pour cette union sacrée qui contrairement à beaucoup, n’est pas une vision. l’Union sacrée mise en place par le président Félix Tshisekedi est une volonté exprimée de dépasser les contradictions pour redonner une voie au pays. « Ça, c’est un élément important », insiste Delly Sessanga. Le G13  estime que c’est autour de ce triptyque de l’unité, du rassemblement et de la concorde qu’on peut avoir un fil conducteur de ce qui doit être fait.

Force est de reconnaitre que Delly Sessanga avait eu une avance en parlant déjà des réformes depuis juillet 2019. Et cet appel à mettre en priorité les réformes était lancé au moment même où se mettait en place le gouvernement de coalition FCC–Cach. Le G13 était presque le seul groupe à parler de ces questions et pour obtenir une attention politique conséquente, une pétition fut même lancée. Trop occupée ou trop distraite par autre chose, la classe politique n’a fait que peu de cas de l’appel des dévanciers du G13.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des acteurs s’est rendu à l’évidence. La question des réformes est devenue une constante et s’impose aujourd’hui comme étant le discours de tous. Loin de vouloir tout chambouler, il faut à tout trouver une alchimie adéquate capable de baliser le chemin d’un Congo stable.
Il faut juste se rappeler à juste titre qu’il existe des éléments constitutifs des réformes, notamment la pétition sur la révision de la constitution qui a été déposée par Envol au niveau du bureau de l’assemblée nationale, la loi Lutundula, la loi électorale. Grâce à ces instruments, un jeu d’équilibriste est nécessaire et même salutaire.

A la veille de la mise en place du nouveau gouvernement, l’équipe de l’exécutif sera forcément investi d’une mission pour un ordre nouveau. Mais quel pourrait être ce rôle ? Pour Delly Sessanga, « à partir du moment où le président de la république, dans la prise de parole solennelle devant la Nation et les deux chambres du parlement réuni en congrès, a affirmé la volonté effectivement de panser les plaies du passé par une adhésion aux thèses de réformes qu’il avait avancées à l’époque avec son groupe et que lui-même s’engage à aller sur cette voie-là, il ne peut que voir dans la mise en place du gouvernement un levier qui vient accompagner cette action d’autant que ces idées, jadis exprimées, avaient été clairement et ouvertement combattues par  ceux qui semblaient tenir le gouvernement et la majorité ».

Allant plus loin, Sessanga estime que le changement de majorité intervenu à l’Assemblée nationale n’a de justification réelle et effective que s’il est la voie pour concrétiser ces réformes-là. Delly Sessanga insiste sur le fait que ces réformes ne seront pas que politiques, mais devront aussi épouser d’autres pans de la vie nationale. Mais le patron d’Envol précise que s’il martèle sur les questions politiques
c’est parce qu’elle est un élément essentiel pour obtenir la paix et la concorde. Ainsi, pour que le pays arrive en 2023 avec des chances totales d’un processus maitrisé, Sessanga Hipungu definit un chemin critique en cinq étapes avec une vision claire des réformes nécessaires.

La première étape dit-il, c’est la mise en place de la Ceni qui doit être nettoyée avec suffisamment de temps pour qu’elle puisse répondre au défi du moment. Pour cette étape, il voit la loi et la mise en place de la Ceni. La deuxième étape, ce sera de lancer le débat sur la révision de la constitution autour de la pétition qui est déjà déposée au bureau de l’assemblée. « Il faut gagner du temps et éviter de se perdre dans un labyrinthe des commissions d’experts », alerte Delly Sessanga, qui ajoute que « comme il y a une pétition qui a été déposée, même si les options qui y sont contenues peuvent ne pas représenter le consensus dans le pays, mais la pétition peut concourir à l’étude et à l’élaboration de cette perspective de révision constitutionnelle pour laquelle tout le monde semble s’accorder. Et c’est le moment ajoute-t-il, qu’on se mette d’accord parce qu’il faut un consensus tout de même sur ces éléments importants du pays.

La troisième étape « c’est la loi électorale dont on peut effectivement lancer le chantier à la session de mars. Il faut vider la question de la Ceni », renchérit-il. « En revanche, pour la loi électorale et la constitution, il faut lancer le débat et le chantier pour le finaliser au mois de septembre qui vient », glisse Sessanga. La quatrième étape affirme-t-il, c’est la sécurité et la stabilité du pays. « Parce que c’est devenu une banalité, quand on assassine quelqu’un. L’assassinat de l’ambassadeur de l’Italie, en raison de son rang et de sa qualité, semblait émouvoir tout le monde. Mais c’est le quotidien des congolais. Pourtant, il est impossible de pouvoir aller aux élections avec le même niveau d’insécurité et d’instabilité. Donc, le besoin de paix et de stabilité est devenu un élément essentiel et même un préalable avant d’aller à des grandes échéances » note Delly Sessanga. La cinquième étape conclut-il, c’est le redressement financier et économique.

En réalité, ce sont des idées cohérentes qui méritent l’attention des politiques. Ces idées appellent des actions concrètes, sans atermoiements. Pour Delly Sessanga, le financement du processus électoral risque d’être un véritable problème. Cet ancien sociétaire du MLC voit l’impérieuse nécessité d’opérer des choix techniques qui soient en harmonie avec les contraintes financières. Dans cette optique il propose que le compte des élections soit alimenté chaque année. En même temps aussi, il reconnaît qu’il y a des choix techniques sur des questions telles que celles du recensement qui ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt, mais qui doit être dans une programmation logique. Sessanga insiste sur le fait que l’identification ou le recensement national, cet outil nécessaire au développement du pays, ne soit utilisé comme un prétexte pour empêcher les élections.

Selon le leader d’Envol, les cinq éléments proposés peuvent permettre de bâtir de manière robuste une feuille de route et donner un chemin critique qui peut conduire le pays aux élections apaisées.

Adam Mwena Meji et Djojo Mulamba

 

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